Comment percevez-vous le marché du textile actuellement?

Historiquement, la France, plus particulièrement le Nord, était le bastion du textile. Après une période florissante, l’industrie a vécu des coups durs et les centres de production ont été délocalisés pour minimiser les coûts. Depuis quelques années, on observe un retour d’activité en France. Cette reprise est due à la présence d’un réel savoir-faire dans le secteur textile et à une volonté politique et économique de ré-industrialiser les zones creuses.

Les enseignes ne cherchent plus forcément de gros volumes de production et privilégient le Made in France et le Made in Europe qui deviennent de véritables gages de qualité. Au niveau de la vente, l’émergence du e-commerce a créé de nouvelles opportunités que les acteurs du secteur textile ont su saisir. Les choses évoluent en magasin notamment avec la mise en place d’offres multicanal.

Dix ans après son apparition, le e-commerce représente approximativement 10% des ventes de prêt-à-porter en France (source : Fevad). Il est promis à prendre plus de parts de marché dans les années à venir. Cependant, avec la multiplication des sites e-commerce, il semble que nous arrivions à une maturité du marché. Au premier trimestre 2013, la croissance des ventes de prêt-à-porter - jusqu'ici bon élève du e-commerce français- a baissé de 7% par rapport au premier trimestre 2012. (ndlr: Source Fevad)

De nouvelles problématiques ont donc émergé pour les enseignes textiles présentes sur le web. Avoir le plus de trafic possible sur son site et faire du volume ne suffit plus pour être en croissance. Plus que jamais, l’enjeu est la maîtrise de ses coûts.

Un marché ouvert aux nouveaux entrants?

Depuis des années, le public a un autre rapport au textile. Les vêtements ne servent plus seulement à s’habiller mais sont devenus de véritables vecteurs d’identité sociale. Une tendance au Do It Yourself est en train de naître et des blogs mode fleurissent chaque jour sur la Toile, permettant à chacun d’exprimer sa personnalité.

Un nouvel entrant sur le marché avec une offre produit de plus en plus segmentée et sa propre identité de marque trouvera son public.

Le web fait l’objet d’une effervescence particulière. Beaucoup de nouveaux acteurs émergent pour répondre aux problématiques d’amélioration du parcours client et de personnalisation de l’offre produit sur Internet. C’est un marché qui est très ouvert à l’innovation pour aider toujours plus les clients finaux lors de leur shopping en ligne.

Quelles perspectives pour des startups sur ce secteur?

Elles sont vastes et encourageantes. Il y a beaucoup d’acteurs sur le marché de la vente d’habillement en ligne. Dans le contexte de recul du marché, ils se posent des questions pour mieux vendre leurs articles. Des solutions sont nécessaires à la fois pour eux, mais aussi pour les acheteurs.

En conseillant la bonne taille de vêtements sur les sites e-commerce, Fitizzy répond à cette double problématique. Il rassure les internautes avant l’achat et permet aux e-commerçants de réduire les retours de marchandises.

Comment de petites structures peuvent travailler avec les mastodontes du secteur textile?

La mise en relation passe souvent par des réseaux de Business Angels, des CCI ou des entrepreneurs qui décèlent l’intérêt des parties à travailler ensemble. Les grands groupes sont conscients que l’innovation est déterminante pour coller aux attentes de leur marché. Internet est un canal de vente où tout bouge très vite. En tant que startup, nous pouvons les aider à s’adapter à ces évolutions. Collaborer avec des petites structures leur permet d’éviter la prise de risque qu’impliquerait le développement du projet en interne.

Pour une startup, c’est important de commencer à travailler avec les "grands", notamment pour être connu et adopté par les autres acteurs du marché. Mais ils ont très peu de temps, il faut donc faire le maximum de travail pour que les décideurs n’aient ensuite qu’à valider le produit et à le mettre en place, sans avoir la certitude que cela aboutira à la signature du contrat. Mieux vaut avoir un portefeuille client diversifié avec beaucoup de "petits" clients pour ne pas être dépendant du grand compte. Bien sûr, tout cela dépend du produit ou service de chaque startup.

Les "mastodontes" ont des problématiques précises et attendent de nous des propositions et des résultats efficaces, dans l’optique de maîtriser leurs coûts. Chez Fitizzy, nous échangeons régulièrement avec des grands groupes. La confrontation des compétences et le fait d’être challenger sur notre projet nous permet de peaufiner notre outil pour mieux répondre aux besoins des acteurs du marché.

Quelle est pour vous la future tendance du textile? 

La tendance est et sera au multicanal pour proposer une expérience plus riche aux clients notamment via l’entrée du web dans le point de vente. Avec la montée du m-commerce, la question se pose déjà aujourd’hui de savoir comment utiliser les terminaux mobiles pour proposer des expériences d’achat différentes.

Il y aura aussi une évolution des produits avec l’innovation dans la fibre textile qui a déjà commencé avec l’apparition des nanotechnologies et des textiles intelligents. La personnalisation des vêtements et le sur-mesure tendront à se démocratiser sur Internet où faire son shopping deviendra de plus en plus facile.

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