Avec une solide croissance des ventes d'imprimantes 3D (2,2 milliards $ en 2012, 10,8 Mds $ attendus en 2021), le marché se porte bien. Plus globalement, le secteur de l'impression 3D pourrait capturer au moins 2% du marché total de l'industrie manufacturière en 2013, soit un marché 3D de 200 Mds $. Quels sont les domaines d'application les plus porteurs et les sociétés gagnantes du secteur ? Y a-t-il encore des opportunités de business et des innovations à apporter ? L'analyse d'XAnge sur le sujet, le fonds d'investissement filiale de La Banque Postale, donne des éléments de réponse.[hr]

Cyril Bertrand, directeur associé, et Rodolphe Menegaux, directeur des participations chez XAnge ont réalisé cette étude, avec le soutien d’Eric Carreel, co-fondateur de Sculpteo, de Withings et d'Invoxia avec la mission d'en "décrypter les enjeux économiques réels".

Pari réussi pour l'équipe d'XAnge dont le rapport synthétise très clairement les informations à connaître pour mieux comprendre le marché 3D.

Quelques chiffres et informations à retenir

  • Naissance de l'impression 3D en 1984 avec l'invention de la stéréolithographie (méthode encore très utilisée aujourd'hui)
  • Prix d'une imprimante 3D < 1 000 $
  • Marché des imprimantes 3D : 2,2 Mds $ en 2012 (29% de croissance par rapport à 2011)
  • 38% des imprimantes dans le monde sont vendues aux USA (9% au Japon, 9% en Allemagne)
  • Les deux leaders mondiaux, Stratasys et 3D Systems, sont américains et représentent 45% du marché mondial
  • Les secteurs d'application familiers de la 3D : la médecine, l'industrie dentaire, l'automobile, l'industrie du pneu, l'aéronautique
  • Les secteurs plus récents: l'industrie du jouet, l'agroalimentaire, l'armement, la mode & le prêt-à-porter, la joaillerie

"3D is just a gimmick"

A pourtant déclaré Terry Gou, PDG de Foxconn, géant chinois de la fabrication de produits électroniques. Étonnamment, c'est dans le domaine industriel que cette technologie se développe réellement. D'après une étude de McKinsey, l'impact de l'impression 3D sur la manufacture mondiale est d'au moins 200 Mds $. Par exemple, Nike et Adidas font des économies considérables en utilisant ces procédés pour fabriquer rapidement des prototypes et des moules de chaussures.

L'impression 3D a été un des buzz words de 2013 parce qu'on a vu naître des imprimantes enfin accessibles au grand public en terme de prix et de volume. La réalité étant qu'aujourd'hui, trop peu de gens ont l'utilité d'avoir une imprimante 3D chez eux et les compétences techniques pour s'en servir.

"Il y a une révolution silencieuse parce qu'elle ne touche pas le grand public", Eric Carreel, PDG fondateur de Sculpteo

La révolution est bel et bien industrielle (pour le moment)

Le PDG de Sculpteo a d'entrée démystifié l'impression 3D en expliquant que jamais, une imprimante 3D ne pourrait fabriquer un iPhone.

"Vous avez eu raison de rêver, mais rêvez plutôt sur la partie industrielle"

L'avantage industriel est dans le raccourcissement considérable des cycles de production et de tests. Bien que les coûts de prototypage soient très élevés, même avec ces machines, ce coût devient très vite négligeable lorsqu'il est opposé au temps et aux nombres d'ingénieurs qu'il aurait fallu mobiliser sans ces nouveaux procédés techniques.

Cela ne signifie pas que nous avons tort de rêver d'une application grand public de cette technologie. Viendra peut-être un jour où l'on pourra, avec son smartphone, scanner sa poignée de porte et remplacer l'ancienne en quelques minutes. Beaucoup de progrès sont faits en la matière et si l'expérience proposée par certaines applications de scan 3D est encore fastidieuse, il y a peu de doute sur les capacités d'amélioration du produit.

Par analogie avec un outil aujourd'hui indispensable et largement démocratisé, on est encore dans les années 80 avec les premiers ordinateurs personnels dont une large population, à l'époque, n'en voyait pas l'utilité et n'avaient pas les compétences pour s'en servir.

Avec le rythme accélérée de l'innovation, qu'est-ce qui nous empêche de rêver à une démocratisation de l'usage et de la propriété des imprimantes 3D à horizon 5 ans ?