Fin mai, à l'occasion du festival "La Mêlée Numérique", une conférence ayant pour thème "Les makers, c'est aussi des startups" avait rassemblé plusieurs intervenants dont Aymeric Barthes, co-fondateur de Naio Technologies, Carole Zisa-Garat, fondatrice de Telegrafik et Simon Vacher, co-fondateur de Wimha. Leur point commun? Ils sont tous les 3, de près ou de loin, impliqués dans le mouvement des makers.


Qu'est-ce qu'un maker? Il s'agit tout simplement d'un artisan des temps modernes, un bricoleur mais pas que du dimanche, un roi de la bidouille curieux de faire vivre son idée, de la réaliser et de la partager auprès d'une communauté passionnée. Le site Makers France va même en delà en allant jusqu'à avancer que "chaque inventeur est désormais aussi un entrepreneur potentiel". "Il a la possibilité de fabriquer facilement, à bas coût et de vendre dans le monde entier grâce au Net [ce qui] ouvre la porte à de nombreuses activités pouvant générer de réels chiffres d'affaire, pour de nombreuses personnes inventives en France".

Un mouvement qui se traduit par des codes, des lieux (Fabshop, FabLab, Hackerspace), des outils (comme par exemple Arduino) et même des événements, comme la MakerFaire Paris, qui s'est déroulée à Paris le 21 et 22 juin 2014. L’évolution du mouvement Maker aurait connu une croissance globale importante avec un nombre d’adhésion, qui est passé de 390 en 2012 à 3334 en 2013.

Inventivité + Prototypage = création d'entreprise ?

Faire soit même et être épaulée par une communauté d'ingénieuses personnes permet d'arriver rapidement à une phase de prototypage. Gaëtan Severac, le second associé de Naio Technologies, estime qu'avoir un maker en tant que co-fondateur "est une très bonne idée pour faire du prototypage rapide. Il faut faire, le plus vite possible, une première version du produit, et la mettre rapidement en situation, chez un client. C'est essentiel et très instructif". Une approche Lean de l'entrepreneuriat moderne, qui confirme le besoin d'itérer rapidement pour répondre aux besoins des clients finaux.

A lire: La genèse de Naio Technologies - Mai 2010 – Fête de l’asperge à Pontonx sur l’Adour

"Mais ça ne fait pas tout il faut aussi prévoir de vendre le produit et de l'industrialiser par la suite", ajoute Gaëtan. Et cette phase là n'est pas toujours comprise dans les compétences du maker. Lui pense, agit, construit et définit les contraintes technologiques, mais a besoin de s'épauler sur un partenaire ayant une vision plus "mercantile" du projet, avant de le transformer en véritable entreprise. A la question "est-ce qu'un maker peut être un parfait co-fondateur", Aymeric Barthes avait répondu en conférence qu'un maker avait sa place dans une entreprise, car le côté ingéniosité permettait d'optimiser rapidement les version antérieures d'un produit et de toujours innover. Toutefois, il était nécessaire de "canaliser" cette énergie créatrice pour pouvoir se concentrer sur l'aspect commercial, élément essentiel pour ne pas mettre en danger la survie de l'entreprise.

2 autres cas d'école, Carole Zisa-Garat, fondatrice de Telegrafik s'est intéressée au mouvement des makers le jour où elle a souhaité concrétiser son idée. En se rapprochant des associations locales, elle a pu s'inspirer et adopter leur mode de fonctionnement pour lancer Otono Me, un système d'alerte discret pour personnes âgées. Une idée qu'elle n'aurait sans doute pas pu réaliser, sans l'appui de la communauté des makers locales, notamment animée par Benjamin Bohle-Roitelet, fondateur du tech studio, Ekito.

Enfin, Simon Vacher, co-fondateur de Wimha et maker dans l'âme, a intégré la saison 3 de l'accélérateur Camping Toulouse, pour donner une nouvelle impulsion à son totem, véritable objet connecté et livre d'or du voyageur. Travailler ou s'associer avec des makers nécessitent une agilité permanente tant la communauté peut être force de proposition et chambouler un produit "fini" avec de nouvelles idées de prototypes. Mais il semblerait que ce soit justement la force de ces artisans modernes: inventer, construire, améliorer, tester, prototyper...Un profil de co-fondateur parfait, nécessitant uniquement une vision industrielle et mercantile?