Tous les secteurs s’ouvrent à des écosystèmes extérieurs. Tous y compris celui de l’aéronautique, pourtant à première vue hors de portée des « disrupteurs ». Un intérêt grandissant pour les startups y compris chez Airbus. C’est que nous explique Bruno Gutierres, directeur du programme Airbus BizLab.


S’il y a bien une industrie qui symbolise parfaitement ce qu’est une disruption c’est bien l’aéronautique. Avant même que l’on ne parle d’internet ou d’objets connectés, ce secteur nous a fait une démonstration il y a tout juste 76 ans.

Jusqu’alors les compagnies transatlantiques se livraient une bataille commerciale impulsée par des investissements en R&D. Ceux-ci ont permis aux compétiteurs de construire au fil des décennies des bateaux plus rapides, plus grands, plus accessibles. Une lutte d’aveugles qui, en se contentant de faire évoluer leur produit, n’ont pas vu arriver le 28 juin 1939, l’hydravion Boeing 314 qui lance alors le premier vol transatlantique avec passagers (Washington vers Marseille). En quelques années, le trafic aérien a explosé… Aujourd’hui la majorité des longs trajets se font par avion et non plus par bateau.

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Ce qu’il faut retenir de cet exemple, c’est que la bonne idée est partout, peut-être même chez un acteur que vous ne suspectez même pas. Quelques décennies plus tard, l’arrivée du numérique a tout simplement accéléré le rythme de l’innovation, en facilitant l’entrepreneuriat et la recherche d’idées.

Ce constat, il a été fait également chez Airbus, fleuron français et concurrent du fameux Boeing. En lançant le Bizlab, le groupe français compte développer une activité complémentaire à son centre R&D. De quoi éviter de répéter l’histoire et de repérer le premier, la potentielle disruption du 21ème siècle du marché de l’aéronautique.

Airbus s'ouvre sur la nanotech, les réseaux, la data et plus largement le numérique

L’intention d’Airbus consiste donc à s’ouvrir à d’autres écosystèmes. La firme ne limitera donc pas le champ de ses collaborations à des startups travaillant dans le domaine de l’aéronautique. Elle l’ouvrira à des domaines touchant au Numérique, au traitement des données, aux réseaux de communications ainsi qu'aux nanotechnologies…

« Travailler avec des petites structures s’inscrit dans notre stratégie d’innovation. L’enjeu est d’accélérer la mise en oeuvre et la mise sur le marché de concepts innovants sur nos plateformes, renforçant ainsi le caractère innovant de nos produits tout en répondant aux besoins de nos clients » Bruno Gutierres, directeur du programme Airbus BizLabs

En matière de communication, cette stratégie permet aussi à Airbus de renforcer son positionnement d’entreprise innovante, déjà inscrite dans son ADN d’Airbus.

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Mais il s’agit bien d’un enjeu durable et précieux pour Airbus, dont la direction générale porte le projet. En effet, ces initiatives ont le soutien total de Fabrice Brégier (président et CEO d'Airbus) dans le cadre plus global de la stratégie d’Innovation d’Airbus. En acceptant d’être les mentors de certains projets, les décideurs d’Airbus s’impliquent donc directement dans ce processus d’innovation et démontrent par l’exemple, l’importance donnée à ces initiatives.

En un mot, « l’équilibre » est le facteur du succès à venir de cette démarche. Chez Airbus on est convaincu qu’il faut que chaque partenaire bénéficie de la collaboration tout en l’enrichissant.

« Nous sommes dans une logique de co-développement et non pas dans un rapport de force Grand Compte contre Startups » estime Bruno Gutierres, directeur du programme Airbus BizLabs

L’exemple le plus récent pour illustrer cette démarche nous rapproche de la startup Sigfox. Effectivement, différentes études ont montré l’intérêt des compagnies aériennes pour la surveillance et le contrôle des accès externes de l’avion (trappes et portes) lorsque l’avion est au sol. Basé sur la technologie Sigfox (établie également à Toulouse), un système de communication radio « ultra narrow band » permettant une architecture de système sans fil, pourrait demain remplacer les opérations manuelles de scellement de ces ouvertures .

Les startups en complément des talents internes

Les startups ne sont, bien entendu, pas les seules structures capables d’innover. Airbus est riche de ses 55 000 collaborateurs, de leur diversité, de leurs compétences et de leur créativité, qui sont autant de sources d’innovation. La stratégie de collaboration avec les startups est considérée comme un complément de son innovation interne et non pas comme une alternative. Elle lui permet d’élargir son champ d’investigations tout en bénéficiant de l’agilité de ses petites unités.

Pour une startup, travailler avec un grand compte c’est avoir accès à un pool d’experts, bénéficier d’un accès au marché, privilégié et rapide, comprendre plus vite les besoins et les contraintes de ses futurs clients, (pour celles qui sont sur des marchés B to B.). Pour le grand compte, la startup est un allié inévitable pour éviter de se faire disrupter comme les compagnies transatlantiques en leur temps.