Comment libérer les architectes de leurs contraintes habituelles de fabrication grâce à l’impression 3D ? C’est la problématique à laquelle veut répondre XtreeE, fraichement débarqué sur le marché. Rencontre avec Philippe Roux, ingénieur, étudiant en architecte et cofondateur de la startup.


L’impression 3D se démocratise aujourd’hui dans de nombreux secteurs. L’architecture n’y échappe pas, et plusieurs startups se lancent déjà dans la course aux nouveaux projets dans le domaine. C’est le cas de XtreeE. Née au sein du département Digital Knowledge de l’ENSA Paris-Malaquais (École Nationale Supérieure d’Architecture), la jeune pousse a pour vocation de se démarquer de la concurrence en produisant des formes géométriques complexes pour la construction, le tout à grand échelle et à moindre coût.

« On a commencé à travailler sur la fabrication additive, autrement appelée impression 3D, au cours d’un projet étudiant. Lorsqu’on a vu le potentiel du projet, on a décidé de se lancer pleinement dans l’aventure », explique Philippe Roux.

XtreeE fait alors sa première apparition publique lors du salon 3D Print à Lyon. Le projet est un succès, et la jeune pousse est approchée par de nombreux industriels. Une étape qui n’a fait que confirmer les attentes de ses 13 membres fondateurs, parmi lesquels des architectes, des ingénieurs, et des étudiants dans les deux domaines.

Xtreee

Grâce à sa connaissance des contraintes propres aux procédés de mise en œuvre avancés qu’elle maîtrise, XtreeE s’adresse aux divers acteurs des filières architecture, génie civil et industries de la (pré)fabrication pour qui l’impression 3D grande échelle représente désormais des ressources de création et un marché incontournables.

Pour le jeune architecte, « le problème vient principalement du fossé qui existe entre la recherche du moindre coût de 99% des architectes aujourd’hui, qui sont donc enfermés dans des formes simples, droites, et le pourcentage restant, les « starchitectes », qui peuvent se permettre de concevoir des formes plus libres, complexes, parce que sans limitation financière. Notre expertise permet de concevoir des formes non-standard, fabricables sans surcoût à quantité de matière égale ».

Photo mur - copie

Découpée en trois pôles (Consulting, Manufacturing, et Technologies), XtreeE est aujourd’hui installée dans l’agence EZCT Architecture and Design Research à Paris, qui appartient à deux de ses co-fondateurs. Elle envisage d’ici quelques mois de déménager dans de nouveaux locaux, plus grands. « On voudrait un endroit à nous », précise Philippe Roux.

Si une levée de fonds n’est pas d’actualité, XtreeE projette, à court terme, de développer sa partie Consulting. « On connait en amont toutes les difficultés de la fabrication 3D parce qu’on les produit nous même. On peut optimiser des structures car on sait comment les fabriquer. On ne veut pas être un bureau d’étude classique, on se veut à l’interface entre un bureau d’études et les donneurs d’ordre », souligne le cofondateur de la jeune pousse.

En ce qui concerne la partie Manufacturing, XtreeE veut pour le moment se limiter à la création de formes complexes à forte valeur ajoutée : murs, mobilier, etc.

Robot XtreeE - copie

« Aujourd’hui on a un bras robotique industriel. Cependant, il est limité en terme d’enveloppe, il a une « zone capable » dans laquelle on doit s’inscrire. On développe donc en parallèle un robot à câble, qui va être capable de faire plus et de s’affranchir des contraintes d’espace », conclut-il. Un projet qui permettra à XtreeE, à long terme, de construire des éléments plus imposants dans toutes sortes de matériaux.

Si l’impression 3D à haute échelle n’en est qu’à ses balbutiements en France, quelques startups étrangères sont déjà bien avancées sur le sujet. C’est par exemple le cas du chinois WinSun, qui est parvenu à bâtir dix habitations en 24 heures, à l’aide de quatre imprimantes géantes de 6,6 mètres de haut. L’italien WASP, de son côté, déclare vouloir fabriquer en un temps record de petites maisons en 3D grâce à son imprimante Big Delta. Haute de 12 mètres, elle est la plus grande imprimante 3D existante à ce jour.

Article écrit par Iris Maignan