Le réseau social géolocalisé made in France Zenly a été croqué par le géant américain qui utilisera sa technologie pour sa dernière fonctionnalité, Snap Map. Les deux services continueront toutefois à fonctionner de manière indépendante.

Assisterait-on déjà à l'exit de l'année, avant même la fin du premier semestre 2017 ? Selon des informations révélées par TechCrunch et dont Maddyness a eu confirmation, le géant américain Snapchat a racheté le réseau social basé sur la géolocalisation Zenly fin mai, pour un montant estimé entre 250 et 350 millions de dollars (223 à 313 millions d'euros). L'opération s'est faite majoritairement en cash mais pour partie en échange d'actions.

A relire : Zenly, l’application de géolocalisation à laquelle les ados sont accros

C'est un échange de bons procédés entre les deux jeunes pousses : chacune continuera à faire fonctionner son service de manière indépendante mais Snap utilisera la technologie de Zenly pour optimiser sa nouvelle fonctionnalité, Snap Map.

Une success story à la française

C'est un gros coup pour la startup française, à peine six ans après sa création. Une vraie success story à la française. Qui avait pourtant mal commencé. L'application Alert.Us qui permettait aux parents de géolocaliser leurs enfants avait rapidement été abandonnée, boudée par les ados qui jugeait sévèrement cette application aux faux airs de Big Brother. Mais les fondateurs, Alexis Bonillo et Antoine Martin, tenaient là la preuve de concept de leur technologie. Il ne restait qu'à lui trouver une enveloppe plus attrayante.

C'est ce qu'ils ont fait en lançant Zenly, qui permet de géolocaliser ses amis et d'échanger avec eux. A la frontière entre réseau social et mapping, elle fait mouche auprès des plus jeunes qui y trouvent un moyen ludique de se retrouver mais aussi des jeunes adultes qui l'utilisent par exemple pour se retrouver dans des festivals. Car c'est là tout l'intérêt de cette énième technologie de mapping pourtant pas comme les autres : elle est non seulement ultra précise mais aussi peu gourmande en énergie, une gageure à l'heure où les batteries de portable se déchargent aussi vite que la communauté d'utilisateurs de Zenly a grandi.

Le gratin des investisseurs

Car, en moins d'un an, ce sont bientôt 1 puis 2 millions de personnes qui utilisent la petite application devenue grande, pour aujourd'hui atteindre les 4 millions de téléchargements. De quoi aiguiser les appétits des investisseurs et pas des moindres : Xavier Niel s'était laissé tenter en 2014 et avait investi 3 millions d'euros. Puis, fin 2015 les fonds IDInvest et Kima Ventures, lancé par Xavier Niel, n'hésitent pas à mettre 8 millions d'euros sur la table, secondés par plusieurs business angels.

A partir de là, tout s'enchaîne. En 2016, c'est Jerry Murdock lui-même qui invite les deux fondateurs de l'application à un week-end très privé où se bousculent célébrités et investisseurs. Le fondateur d'Insight Venture Partners introduit Alexis Bonillo et Antoine Martin auprès de Lance Armstrong mais aussi Peter Fenton de Benchmark Capital. Ce qui devait être un week-end de découverte (du gratin) de l'écosystème américain se transforme en machine à cash : en moins de 29 jours, ils bouclent un tour de table de 20 millions d'euros.

Le début de la gloire aux Etats-Unis, où la base utilisateurs ne cesse de grandir, notamment sous l'impulsion des campus où l'application se partage au fur et à mesure des soirées et des événements. Ados, étudiants, jeunes adultes, c'est toute une génération d'Américains qui accroche au concept. De quoi susciter l'intérêt d'un certain Evan Spiegel, dont l'application Snapchat fait fureur auprès des mêmes communautés. Au point que l'entrepreneur prend le temps de venir plusieurs fois dans les locaux de Zenly à Paris... pour préparer ce qui s'annonce comme le rachat de l'année.