Inventés il y a près de dix ans, les robots collaboratifs, appelés "cobots", ne sont réellement connus du grand public que depuis peu. Ils sont pourtant de plus en plus nombreux, et ce, dans tous les milieux professionnels. Loin du fantasme Skynet ou de la peur du chômage de masse, les cobots soulagent l’humain des tâches abrutissantes afin de le replacer au cœur du processus créatif. Explications d'Adrien Poinssot, sales development manager France chez Universal Robots A/S.

Les 26 et 27 octobre dernier, au cent-quatre, se déroulait le Hello Tomorrow Summit. Dédié à l’innovation, cet événement a réuni des dizaines de chefs d’entreprises et de startups dont les créations façonnent, ou façonneront, notre futur proche. Parmi ceux-ci, Esben Østergaard CTO d’Universal Robots, entreprise danoise fondée en 2005 et spécialisée dans la conception et la commercialisation des robots collaboratifs. Co-créateur de la cobotique, Esben Østergaard était venu parler des apports avérés et potentiels de cette dernière à l’humanité, ainsi que ses possibles applications.

Les cobots (contraction de "collaborative" et "robot") se distinguent des robots classiques à la fois par leur apparence, leur rôle mais aussi et surtout, sur la philosophie ayant accompagnée leur création.  Ils sont en effet opposés en tout point aux robots "créateurs de chômage" dont les travailleurs s’inquiètent régulièrement. Là où le robot est fixe, le cobot est mobile. Là où le robot travaille "seul", le cobot interagit avec l’humain. Le robot est dans un espace clos, le cobot, en espace ouvert. Le robot ne s’affecte qu’à une tâche, le cobot s’adapte. Alors que le retour sur investissement du robot se fait sur du long terme, le cobot, lui, se rentabilise en quelques mois. Loin d’être conçu pour remplacer l’homme, le cobot travaille avec lui.

Robot 4

"Nous voulions créer des robots qui coopèrent avec les humains, a expliqué Esben Østergaard. L’homme n’est pas fait pour des tâches répétitives et abrutissantes, qui sont mauvaises pour son corps et son esprit. L’affecter à ce genre d’activité est un véritable gâchis. En laissant le cobot se charger de ces travaux ou l’assister dans leur exécution, il redonne à l’homme la possibilité d’exploiter sa meilleure arme : l’imagination." En effet, capables de répéter une action avec une exactitude parfaitement régulière, le cobot est, pour certaines actions, l’ouvrier idéal. Et le fruit d’une longue gestation.

La quatrième révolution industrielle

Si beaucoup pensent que les robots sont une invention récente, il n’en est rien. Depuis des siècles, de l’Empire Byzantin à la Chine Antique, en passant par l’Italie de la renaissance jusqu’à la conquête spatiale, l’homme a toujours essayé (avec plus ou moins de succès) de créer des automates. Les cobots n’en sont que l’aboutissement, et, selon Esben Østergaard, la quatrième révolution industrielle. Mais contrairement à ces dernières, qui ont supprimées énormément d’emplois, la cobotique espère justement en créer. Alors que la technologie progresse, la programmation devient de plus en plus limpide. Au point que de nombreuses formations ayant pour but de former à la programmation des cobots ont vu le jour. De quoi permettre à celui dont l’emploi pourrait être menacé, de piloter la machine effectuant son travail.

Et les champs d’application sont énormes : industrie, chirurgie, thérapie, réhabilitation, construction, restauration, cuisine, pilotage (d’avion notamment), font déjà appel aux cobots pour effectuer des actions de précision, ou exécuter une tâche répétitive. Ils apparaissent également dans de nombreux films d’anticipation, comme Alien ou Valerian, preuve que leur présence à nos côtés dans le futur est, dans l’imaginaire populaire, déjà établi.

Encadrer sans restreindre

Beaucoup ont peur, naturellement, des dérives que peut entraîner une nouvelle technologie. Bien que conscients du terrain quelque peu miné sur lequel ils s’aventurent, les spécialistes de la cobotique ont tôt fait d’adopter un comportement pragmatique envers les normes réglementant leur secteur, telles que l’ISO TS 15066 ou l’ISO 10208-1. Si ces dernières sont importantes vis-à-vis de la sécurité des utilisateurs et de la crédibilité auprès du public, beaucoup d’entre elles ne sont parfois pas pertinentes, voir restrictives. Il est urgent de mettre en place des normes adaptées aux cobots, afin d’encadrer leur développement sans le ralentir.

Car l’homme a toujours utilisé la technologie pour arriver à ses fins, améliorer son existence, ou simplement pour s’exprimer artistiquement. Il ne faut pas repousser la technologie, par excès de prudence, mais l’embrasser, sans hésitation. L’avenir se fera avec les cobots, et l’occasion est trop belle pour ne pas être saisie.