La société de données dédiée aux applications mobiles App Annie publie sa rétrospective de l'année 2017. Ses chiffres témoignent d'un véritable raz-de-marée qui n'épargne aucun secteur ni aucun pays. 

Pour la 8e année consécutive, App Annie publie son panorama mondial des applications mobiles. La société de données et de logiciels de données qui construit ses estimations à partir du big data s'est interessé aux grandes tendances macro de l’app economy, et compilé les chiffres qui témoignent de la maturité du marché mondial des apps. 

Et la France ne fait pas exception : avec une moyenne de 90 applications installées sur les téléphones (dont moins de la moitié sont utilisées), l'Hexagone se place dans la moyenne haute des pays du panorama d'App Annie. Le ratio d'utilisation y est équivalent aux autres, mais les Français ont installé en moyenne plus d'apps que leurs homologues (seuls la Chine, le Japon et l'Allemagne font mieux). Les utilisateurs français sont cependant les moins accros à leurs applications, avec moins de deux heures par utilisateur et par jour, pour une moyenne mondiale à 3 heures et un pic à plus de 4 en Chine. 

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Parmi les applications qui caracolent en tête des classements mondiaux, que ce soit en téléchargements, utilisateurs actifs ou dépenses de consommation, aucune application française. Même en France, les applis tricolores n'ont pas tellement la côte : seul Le Bon Coin se place en queue du top 10 des applications en termes d'utilisateurs actifs. En revanche, les entreprises françaises assurent des performances honorables dans le divertissement. Ainsi dans le secteur du gaming, où, avec Ubisoft et Voodoo en tête, puis Vivendi en 5e position, elles tirent l'Hexagone vers le haut. 

Le divertissement et le voyage bousculés par l'app economy

Dans les médias, les chaînes de télévision traditionnelles sont sérieusement concurrencées par les spécialistes en ligne, avec la domination sans surprise et quasiment sans partage des américains YouTube et Netflix. Juste derrière eux, on retrouve les services domestiques de vidéo : MyCanal, TV d'Orange, SFR TV. Si elle n'égale pas celle de la Chine (+900%) portée par les spectateurs qui envoient directement de l'argent aux streamers, la croissance du chiffre d’affaires app store pour les apps de divertissement en France reste conséquente (+349%). 

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Autre secteur, autre bouleversement : celui du voyage. En France, les applis de ce secteur ont connu une explosion (+70%) de leur nombre de sessions par rapport à 2015. Agences de voyage en ligne et méta-recherche (TripAdvisor, Kayak, Voyage SNCF), de distribution directe (les compagnies aériennes) ou marketplaces peer-to-peer (AirBnb, Uber...)... toutes ont su tirer avantage de l'opportunité qu'offrent les applications de reconstruire des relations directes avec les clients, en établissant un contact tout au long de leur voyage.

"La croissance rapide de l’utilisation d’apps de voyage est un signe précurseur de changements plus vastes dans le secteur"

Bertrand Salord, directeur Marketing EMEA chez App Annie

Avec un chiffre d’affaires mondial de près de 45 milliards de dollars en 2017, le marché du covoiturage reste, de son côté, hautement lucratif... mais aussi extrêmement compétitif. À l’échelle mondiale, le marché reste fragmenté et sous le coup d’une féroce bataille de tarifs pour acquérir et conserver les chauffeurs comme les clients. En France, ce sont Uber et BlablaCar qui dominent - BlablaCar qui se place également dans le top 2 en Espagne et en Allemagne, malgré ses récents déboires économiques et managériales.

Si, sur les marchés émergents, le boom des apps fintechs est flagrant (jusqu'à +200% en Indonésie et au Brésil), en France il se limite à 50% en deux ans. Mais les choses ne devraient pas tarder à changer avec l'entrée en application le 13 janvier dernier de la directive européenne DSP2 : celle-ci ouvre les portes aux fintechs et oblige les banques à partager les données des clients avec les autres outils. "En France ça démarre fort, et plus globalement il y a un réel intérêt pour les fintechs européennes avec notamment l’essor des neobanques. On est pas si loin de la Chine où tout peut se faire avec son téléphone" analyse Bertrand Salord, directeur Marketing EMEA chez App Annie, avant de conclure "L’app economy est un secteur en pleine croissance, porté par un écosystème mature qui concurrence sérieusement les acteurs traditionnels. Et cet essor ne risque pas de se tarir de si tôt, eu égards aux chiffres de ventes de mobiles et de développement d’applications".