Actus par Maddyness, avec le Bivouac
26 juin 2018
26 juin 2018
Temps de lecture : 6 minutes
6 min
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Et si la Silicon Valley française s’établissait à Clermont-Ferrand ?

Le 21 juin dernier se tenait le DémoCamp du Bivouac, à Clermont-Ferrand. L’occasion pour Maddyness de faire un état des lieux de l’écosystème startup local, deux ans après sa labellisation French Tech sur la thématique du numérique au service des mobilités.
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C’est une ambition que peu oseraient se donner. C’est pourtant celle que Laurent Wauquiez annonçait en octobre dernier pour la région Auvergne-Rhône-Alpes, dont il est le Président : y établir une Silicon Valley européenne, dans laquelle Clermont Auvergne Métropole tient un rôle majeur. Un désir que salue Jérôme Auslender, Vice-Président du Bivouac, Adjoint au Maire de Clermont-Ferrand à l'Enseignement Supérieur et à la Recherche, aux Relations internationales, et au Développement numérique, qui déclare être ravi de voir que " l’intérêt du territoire prime ", quelles que soient les visions politiques des acteurs en place : " L’économie numérique génère 1/4 des emplois créés et 1/4 de la croissance. C’est un secteur incontournable et c’est la raison pour laquelle tout le territoire s’est mobilité pour essayer de créer un écosystème qui soit le plus favorable possible pour les startups ", explique-t-il.

L’alliance public/privé, grande force du territoire

Acteurs privés et publics de la région travaillent en effet main dans la main, depuis plusieurs années déjà, afin de favoriser l’attractivité du territoire Clermontois en France. et à l’international. Une alliance qui porte ses fruits, en témoignent les nombreuses initiatives déployées à l’échelle de la Métropole.

 

Parmi elles, le Bivouac, un accélérateur de startups lancé en 2016 à l’initiative de la Région Auvergne et de la Communauté d'agglomération clermontoise, et de 9 grands groupes industriels de la région dans lesquels on retrouve Michelin, La Montagne, Limagrain, ou encore Orange. Son crédo : offrir aux jeunes pousses un lieu d’hébergement aux côtés d’entreprises qui partagent potentiellement les mêmes problématiques, ainsi qu’un accompagnement complet, tant dans la création d’un réseau, d’une visibilité forte, que dans la mise en place de plans de développement à l’international, de dossiers de financement, ou encore de structurations sur le plan commercial qui permettent de promouvoir une offre scalable sur le plan national et international.

Le Bivouac s’appuie en particulier sur un apport en industrie de la part des partenaires privés de l’accélérateur, désormais au nombre de 15 Ces derniers, qui ont accepté de verser chacun 10 000 euros " symboliques " par an à la structure, se sont ainsi vu donner pour mission d’apporter un réel soutien industriel aux jeunes pousses accompagnées par le Bivouac, en apportant des expertises et accès marché, des connaissances juridiques et en accompagnant leur développement commercial.

De leur côté, Clermont Auvergne Métropole et la région Auvergne-Rhône-Alpes ont versé 500 000 euros chacun par an, pendant trois ans, et offrent aux startups un accès à un réseau très vaste, mais aussi un relai d’informations et un accès à des terrains de test grandeur nature, sur le territoire public.

La mobilité, cheval de bataille de la Métropole

Mais ce sur quoi capitalise vraiment Clermont Auvergne Métropole pour rayonner dans l’hexagone, c’est sa spécialité : la mobilité. En février 2016, ils étaient ainsi une cinquantaine d’acteurs, des grands groupes comme Michelin et Limagrain, du monde de la recherche, de l’enseignement et de l’innovation, des entreprises et des acteurs institutionnels, à soutenir la candidature de la Métropole au label French Tech sur cet axe : " On voulait vraiment en faire un élément identitaire du territoire ", explique Jérôme Auslender.

Pari réussi : en juillet 2016, Emmanuel Macron annonce à Laval la labellisation du territoire Clermont Auvergne sur la thématique du numérique au service des mobilités, rattaché au réseau CleanTech-Mobility. De quoi donner une visibilité certaine à Clermont-Ferrand sur la carte mondiale de l’innovation numérique, mais aussi renforcer son attractivité auprès des startups étrangères à la région.

" Ça a participé à une dynamique, à la fois de valorisation des richesses du territoire mais aussi d’attractivité pour les startups qui cherchaient un écosystème qui correspondait à leur identité et à leurs aspirations de développement ", se réjouit Jérôme Auslender. " La labellisation a eu un effet démultiplicateur pour notre dynamisme. Le réseau thématique mobilité nous permet de travailler avec d’autres localités, d’autres villes qui sont sur les mêmes thématiques que nous, mais aussi de faire rayonner nos propres startups à l’international. C’est ça aussi, l’intérêt du label ", précise Jérôme Auslender.

Une stratégie qui porte ses fruits

Et ça marche. Les startups auvergnates MyBus et Yes It Is, qui ont fait le voyage au dernier CES de Las Vegas, sont revenues récompensées d’un Innovation Award chacune, après avoir suscité l’intérêt du jury dans la catégorie Smart City pour la première et Smart Energy pour la seconde.

À l’inverse, grâce au Bivouac, des jeunes pousses étrangères à la région commencent de leur côté à s’installer à Clermont-Ferrand. C’est le cas de Laou, une startup parisienne qui développe une plateforme de recrutement dédiée aux talents franciliens qui veulent s'installer en région, qui est venue poser ses valises à Clermont-Ferrand : " On cherchait une structure pour accompagner notre développement, et on était assez en phase avec la dynamique qu’il y avait ici autour de la mobilité. Ce qui est cool ici, c’est que l’écosystème est assez costaud à l’échelle de la ville mais en même temps assez petit pour que l’on puisse rencontrer rapidement investisseurs et clients. Ça crée une facilité et une fluidité dans les circuits économiques, couplé à une qualité de vie non négligeable ", explique Aurore Thibaud, cofondatrice de Laou.

Même son de cloche pour DocnDoc, fondée à Paris et qui fait désormais l’aller-retour entre la capitale et la Métropole plusieurs fois par mois pour être accompagnée par l’équipe du Bivouac : " L’accueil a été très chaleureux, et on sent une véritable bienveillance de la part de l’écosystème local. On se sent écouté et suivi car l’écosystème est assez soudé ", explique sa fondatrice, Pascale Karila-Cohen.

Et après ?

Autant de petits et grand pas en avant effectués par la Métropole ces dernières années, qui la poussent aujourd’hui à voir encore plus grand. Un comité stratégique dédié à la French Tech Clermont Auvergne vient de voir le jour, co-présidé par’Olivier Bianchi, président de Clermont Auvergne Métropole, et Olivier Bernasson, co-fondateur du site pecheur.com, et compte parmi ses membres Sébastien Pissavy, co-fondateur du site jeuxvideo.com à Aurillac, des représentants de Michelin et Limagrain, et des investisseurs. Une gouvernance illustrant, une fois de plus, la diversité recherchée au sein de l’écosystème local.

Celle-ci sera notamment en charge d’accompagner le développement du futur bâtiment Totem des startups locales, pour lequel l’investissement s’élève à 16 millions d’euros. Celui-ci qui devrait voir le jour rue du Clos-Four en 2019 sera au cœur d’un quartier entier dédié à l’innovation et au numérique : " Le quartier d’innovation vise à avoir un lieu identitaire dans lequel vont se retrouver les différents incubateurs, des espaces de coworking, des entreprises… L’idée, c’est d’y construire un nouveau coeur économique métropolitain ", conclut Jérôme Auslender. Un premier pas, peut-être, vers ce qui pourrait être la Silicon Valley à la Française ?

Maddyness, partenaire média du Bivouac.