26 mars 2020
26 mars 2020
Temps de lecture : 5 minutes
5 min
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La tech au centre de l'entraide et de la solidarité citoyenne

La tech a subi un véritable revers au cours des dernières années. Mais aujourd’hui, face à une situation aussi inquiétante qu’isolante, a-t-elle un nouveau rôle à jouer?
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Face à des situations difficiles, on se serre les coudes. Aujourd'hui, Français et Françaises ont beau être confinés (pour la plupart), ils sont nombreux et nombreuses à vouloir participer à l’effort fourni par le corps médical et tous les professionnels qui tentent de faire tourner le pays malgré tout. Confinés mais solidaires, la technologie devient alors un vecteur d’entraide, d'assistance et de sociabilité. 

Les collectivités, en première ligne

Faire les courses pour un voisin ou une voisine, promener un chien, proposer des cours de soutien scolaire, coudre des masques...les initiatives foisonnent pour aider les soignants  et les professionnels en première ligne mais aussi les personnes fragilisées qui doivent, plus que jamais, rester confinées. Pour aider les Français·es à organiser cette solidarité, la civictech Cap Collectif, qui créé des plateformes de consultation citoyenne, a décidé de mettre à disposition des collectivités locales un réseau social d’entraide gratuit.  L’idée est venue de la ville d’Orléans qui a tenté “de bricoler une solution pour continuer à informer ses habitants et organiser l’entraide entre eux”  , explique Cyril Lage, le fondateur de la civitech, mais l’outil n’avait pas été créé pour ce besoin spécifique. “Nos équipes ont décidé de développer une nouvelle solution en un week-end pour pouvoir permettre à tous les citoyens de prendre part à la gestion de la crise en collaboration avec les élus”  , poursuit l’entrepreneur. Nouvelles informations, proposition d’entraide et initiatives déjà mises en place pourront ainsi être partagées librement entre citoyens et citoyennes. De cette manière, toute les informations utiles sont à disposition sur un seul canal.

À Nantes, Amélie Saillet, une habitante, a décidé de créer deux pages Facebook d’entraide dès le début du confinement, Nantes Entraide et Solidarité Commerçants nantais. “Certains habitants proposent de donner des paniers de nourriture, d’autres proposent des vêtements, des jeux de société ou de préparer des repas pour le personnel du CHU. Cette mobilisation des professionnels et des particuliers fait vraiment plaisir à voir. Cette situation n’est pas facile à vivre, mais nous tentons de lui donner du sens en encourageant le partage et le lien social !”  , explique t-elle. Au niveau national, le gouvernement a déployé le site de la Réserve Civique (#Jeveuxaider) pour permettre aux volontaires et aux structures de se mobiliser en répondant aux besoins réels des acteurs sur le terrain. Quant à Pôle Emploi, il soutient l'initiative "Des bras pour ton assiette" propulsée par WiziFarm et qui met en lien agriculteurs et agricultrices en manque de main d'oeuvre et personnes disponibles pour donner un coup de main.

Les réseaux sociaux, vecteurs de liens

Le plus dur dans le confinement est la solitude qu’il impose. Finis les apéros en terrasse, les soirées entre amis, les anniversaires, les visites de musées, les séances de cinéma. Les réseaux comme Slack, Facebook, HouseParty deviennent alors des outils on ne peut plus prisés, et loin de n'être que de simples lieux de conversation, ils se transforment en espaces d'expression, de co-création et de soutien. La page "Les 10 minutes du peuple" permet par exemple de réunir ses voisins, pendant 10 minutes, autour de 3 chansons élues par la communauté. L'objectif ? Danser, échanger avec celles et ceux qui nous entourent et apporter un soutien virtuel aux soignants et soignantes. Le groupe a dépassé le demi-million de membres en quelques jours à peine.

La startup Vendredi propose, elle, via l’opération “Tous confinés, tous engagés”, des missions à réaliser de chez soi, comme des cours de soutien ou la mise à disposition de ses compétences pour des associations. De son côté Smiile, une plateforme d’entraide entre voisins, a ouvert gratuitement sa plateforme aux collectivités pour qu'elles puissent avoir leur propre canal de communication. Quand la tech devient un bras armé de l’entraide à distance. 

Le crowdfunding au centre de la solidarité

En temps normal, les plateformes comme KissKissBankBank, Ulule ou Leetchi permettent de récolter de l’argent au profit d’entreprises mais aussi d’associations ou de projets solidaires, culturels ou sociaux. Depuis le début de la crise, elles sont également le relai des initiatives citoyennes. La Communauté Écotable a lancé l’opération Restaurons les soignant.es pour alimenter le corps médical. En quelques jours à peine, 3091 préventes de repas ont été réalisées sur les 500 espérées. L’association Banlieues santé, installée à Bondy, tente de mobiliser les Français·es pour apporter des colis alimentaires aux plus vulnérables dans les quartiers sensibles.  Les deux plateformes KissKissbankBank et Ulule ont également décidé de lancer leur propre opération de mobilisation, les Paniers Solidaires. Pour 30 euros, chacun peut aider à nourrir un soignant ou une personne fragilisée tout en restant chez soi. 

L’opération “100 pizzas”, initiée par nos voisins italiens, a pris racine en France. Un restaurateur dieppois dont le restaurant a fermé, a décidé d’offrir 100 pizzas tous les soirs au personnel hospitalier du CHU de Rouen. Pour financer l'opération, il a lancé une campagne sur Leetchi. Mais les exemples sont légion et nombreux sont les restaurants à s'être lancés dans des dispositifs similaires.

Créativité et Système D

Les crises sont toujours un vecteur de créativité et d’imagination et celle-ci ne fait pas exception. En Italie, l’entreprise Isinnova a détourné des masques de plongée de la marque Décathlon pour en faire des respirateurs. La société développait déjà des valves d’urgence pour respirateur grâce à l’impression 3D. Elle a simplement adapté son modèle pour qu’il convienne aux masques de l’enseigne de sport. La solution permet de pallier le manque de matériel que connaissent les hôpitaux italiens.

Et la France n’a rien à envier à l’ingéniosité italienne. Un essonnien a mis au point une visière de protection à destination du personnel médical. Il imprime en 3D, dans son pavillon, des serres-têtes réglables sur lesquels il fixe des feuilles rigides transparentes souvent utilisées pour relier des documents. Des modèles de masques type FFP2 à imprimer en 3D circulent sur internet et les vidéos de hack d'outils divers transformés en ventilateurs montrent que le génie n'a pas de limite, même matérielle.