À l'instar de 11 entreprises, Blade, la jeune entreprise derrière le PC virtuel ultra-puissant Shadow, était sortie il y a quelques semaines du Next40, ce programme d'accompagnement personnalisé auprès des startups françaises les plus prometteuses. On pouvait se douter que la situation économique de la startup fondée en 2016 n'était pas florissante. C'est désormais officiel : l'entreprise de 163 salariés, dont 138 en France, est en redressement judiciaire depuis le 2 mars. Elle cherche un repreneur et l'une des figures de l'entrepreneuriat français du numérique a fait acte de candidature : Octave Klaba. Le fondateur de l'hébergeur OVH a en effet témoigné de son intention de déposer une offre de reprise avant la date butoir du 18 mars "dans l’objectif de développer une alternative européenne à Office365 / G-Suite", peut-on lire dans un tweet. 

Cette offre serait déposée à travers son fonds Jezby Ventures qui lui a déjà permis d'entrer au capital d'Earthcube, pépite française de l'intelligence artificielle utilisée par les services de renseignement.

Octave Klaba semble prêt à combler les besoins de financement de la startup - estimés de 30 à 35 millions d’euros , en étant seul aux commandes. Depuis sa création en 2016, Blade a levé 138 millions de dollars en plusieurs fois auprès de Serena, Charter Communications, Pierre Kosciusko-Morizet, Marc Simoncini, Erik Maris, Philippe Lazare, Nick Suppipat ou Michael Benabou.

Une année 2020 en eaux troubles

Derrière cette opération, l’entrepreneur roubaisien ne cache pas son ambition de proposer des alternatives européennes indépendantes à de nombreux services américains dans le cloud, et Shadow viendrait étoffer cette ambition. 

Cette annonce a de quoi rassurer les salariés de Blade, qui a dit vouloir étudier sérieusement la candidature de Jezby. Les derniers mois de la startup, qui n’arrive pas à atteindre la rentabilité, ont été agités. À la fin de l'année dernière, elle comptait 97 000 clients, avec un chiffre d'affaires de 17 millions d'euros, en baisse par rapport à 2019 (20 millions d'euros) selon Nextinpact. En plus d’une accumulation de retards dans la livraison de plusieurs de leurs offres, la jeune pousse est passée à côté d’une levée de fonds fin 2020 après avoir, en avril, assisté au départ de son cofondateur et DG historique, Emmanuel Freund, qui désapprouvait la stratégie tarifaire de la société. Il a depuis lancé PowerZ, une startup positionnée sur le marché de l'éducation, au sein de laquelle on retrouve... Octave Klaba comme investisseur.

Affaire à suivre donc, puisque les candidatures restent encore ouvertes pendant deux semaines à de potentiels autres repreneurs. Ensuite, le tribunal de commerce devra trancher après avoir étudié les différents projets de reprise de Blade.