Dans la tech aussi, la valeur n’atteint pas le nombre des années. Charles Cohen en est l’exemple parfait. À dix ans, alors que ses copains jouaient aux legos, ce petit génie de l’informatique s’initiait à la programmation. Sept ans plus tard, le bac en poche, il se lance directement sur le marché du travail en tant que directeur technique dans plusieurs startups. Parallèlement, touché par le suicide d’une fillette victime de cyberharcèlement, il crée une technologie permettant de repérer les contenus toxiques sur Internet : "Je l’ai développée en 2017, seul dans ma chambre, et un an plus tard, je l’ai intégrée dans l’application mobile Bodyguard, qui est vite médiatisée", raconte-t-il. "Cette médiatisation attire les investisseurs et me permet de lever 2,5 millions d’euros en 2020. Je m’associe ensuite à Matthieu Boutard, qui apporte ses compétences opérationnelles, et recrute quinze autres personnes à Nice pour traduire la technologie en anglais et en italien et lancer le produit B2B. C’est ce produit qui lance véritablement Bodyguard début 2021 en protégeant plusieurs centaines de millions de personnes.".

2 milliards de followers protégés en 2022

Basée sur plusieurs couches d’intelligence artificielle, cette technologie reproduit les différentes étapes effectuées par un modérateur humain pour retirer un contenu toxique : nettoyer les commentaires (de ses émojis, fautes d’orthographe ou de frappe), repérer les groupes de mots problématiques, analyser le contexte dans lequel ils sont utilisés et prendre la décision de retirer ou non le commentaire en fonction des règles de modération du client. Unique en son genre dans le marché de la trust & safety, cette technologie est alimentée par une équipe de linguistes, experts de la haine en ligne, qui la tiennent quotidiennement à jour des nouvelles toxicités. Bodyguard.ai traite ainsi en quelques millisecondes des millions de commentaires avec un taux de précision de 93 %.

Ouverture mondiale en 2023

Aujourd’hui, la startup niçoise compte un effectif de 49 personnes réparties dans ses locaux de Nice, Paris et Marseille et recrute actuellement un team manager, un UX/UI designer et un senior machine learning engineer. Elle protège plus de 1.200 réseaux sociaux et 50 plateformes en ligne dans de nombreux secteurs comme le gaming (Team BDS, Paradox Interactive, Jam.gg et Powder.gg), le sport (Ligue de Football Professionnel), les médias (M6, Brut, Konbini, Mediapart, France TV) et les marques. Début 2022, l’entreprise poursuit sa croissance en obtenant un financement de 9 millions d’euros auprès des investisseurs Keen Ventures Partners, Ring Capital et Starquest Capital. " 2022 a été une année charnière pour la stabilisation de notre entreprise, commente Charles Cohen. En 2023, Bodyguard sera disponible dans près de trente langues, ce qui nous permettra de protéger encore plus de personnes dans le monde. Et un lancement est prévu aux États-Unis le mois prochain ".

Prochaine étape : devenir un acteur majeur de la trust & safety dans le métaverse. " La modération est une bulle dans un marché de la trust and safety qui grossit de plusieurs milliards de dollars par an et qui devrait atteindre les centaines de milliards d’ici huit à dix ans. Plusieurs acteurs commencent à arriver aux États-Unis. Dans ce contexte, nous attendons d’avoir des bases solides dans le monde entier pour nous lancer dans le métaverse. Nous nous y préparons et serons prêts d’ici 2024-2025.", assure Charles Cohen.