Vigilance sur les startups industrielles françaises. Bpifrance a dressé un bilan de l'année 2024 et exposé ses perspectives via son observatoire des start-up, PME et ETI industrielles. Selon l'institution, elles sont 3 200 en France, soit 1077 de plus qu’à la fin de l’année 2023. 400 jeunes pousses ont été retirées de ce compte : 106 ont été requalifiées en PME mais 123 ont fermé et 171 ont été placées en liquidation judiciaire.
“On ne s’attend pas à une année de reprise massive”, commente Paul-François Fournier, directeur exécutif innovation de Bpifrance. “Les choses ont plutôt tendance à se stabiliser pour l’innovation. Il faut rester prudent. 2025 ressemblera probablement à 2024 pour une reprise en 2026.” Si les startups industrielles subissent, comme le reste du secteur tech et innovation, la contraction de l’économie, elles font preuve de résilience.
38 sites industriels inaugurés en 2024
Indicateur numéro 1 de la contraction macro-économique : les levées de fonds. Le montant 2024 est significativement en baisse par rapport au total de 2023. De plus de 4 milliards d’euros levés il y a deux ans, on arrive à 2,83 milliards d’euros, dans 212 tours de tables pour l’année 2024, une diminution de 32%. Ce sont les très grosses levées, supérieures à 100 millions d’euros qui ont manqué : de 10 mégas opérations, il n’y en a eu que 5 en 2024, dont celle d’Electra, 300 millions d’euros en janvier, de The Exploration Company, 150 millions en novembre ou d’Elyse, 120 millions en décembre.
Les startups industrielles ont inauguré 38 nouveaux sites : 17 lignes pilotes, 20 nouvelles usines à l’échelle et 1 extension d’usine, celle d’Innovafeed. Si le nombre d’inauguration est, encore un fois, bien en baisse par rapport aux 60 inaugurations de 2023, il est supérieur à celui de 2022 avec 35 ouvertures. Il est le reflet également d’un secteur qui prend en maturité avec des startups dont le modèle économique a été validé et qui peuvent désormais produire et se mettre en quête de rentabilité.
Bpifrance dresse le portrait-robot de ces usines à l’échelle portées par les startups industrielles : d’une surface de 4500 m2, elles représentent un investissement de 14 millions d’euros. Ces usines s’accompagnent d’une cinquantaine d’emplois, les startups ont en général 7 ans quand elles ouvrent ce premier site de production à l’échelle.
“Trouver des capitaux”
Avec un chiffre d’affaires total de près de 5 milliards d’euros, les startups industrielles ont créé plus de 65 000 emplois l’an passé. Côté secteur, elles participent à moderniser notre économie : 1 tiers sont des deeptechs, 50% sont des greentechs et 19% des biotechs ou des medtechs. 672 startups, 21% des jeunes pousses industrielles recensées, sont des industries vertes. “La Greentech représente 50% des entreprises, un peu plus de 50% des fonds levés, 76% des sites industriels”, souligne Raphaël Didier, directeur du fonds Amorçage Industriel de Bpifrance. La deeptech est également très dynamique, elles lèvent près de 50% des fonds et représentent 42% des inaugurations. “À l’inverse, quand on est pas dans ces deux secteurs, industrie verte et deeptech, il y a moins de dynamique”, conclut Raphaël Didier.
Bpifrance continue d’accompagner largement les startups industrielles. 366 millions d’euros ont été investis en capital risque par la banque publique d’investissement l’année dernière. Via son Fonds National de Venture Industriel, la Bpi a investi 155 millions d'euros dans 6 fonds d’investissement dont Supernova Invest, Jolt Capital et Axeleo Capital. “Notre sujet premier est de trouver des capitaux”, confirme Paul-François Fournier à propos de la réindustrialisation du pays.