Les startups européennes fondées ou cofondées par des femmes ont levé 10,2 milliards d’euros en 2024, à travers près de 2 000 opérations, d'après la dernière étude de Pitchbook. C’est un montant légèrement en hausse par rapport à 2023, où l’ensemble des levées par des femmes fondatrices était de 10 milliards d’euros. Ce total est en hausse depuis 2014, avec des pics en 2021 et 2022. 

Pourtant, pas de quoi se réjouir. Ces 10,2 milliards d’euros ne représentent que 20,6% du montant total investi par les VC européens sur l’année 2024. En nombre de deals, cela équivaut à 24,7% de l’ensemble des opérations. Une baisse de 1,4 point. L’écart est encore plus important lorsque tous les fondateurs sont des fondatrices. Durant l’année 2024, elles n’ont récolté que 814 millions d’euros dans toute l’Europe dans le cadre de 396 tours de table. Et les startups fondées par une équipe 100% masculine ? 38,3 milliards d’euros dans 5 830 levées. 

Des équipes jugées plus durement 

En early-stage, les founders ont fait face à une tolérance au risque plus faible de la part des investisseurs”, souligne le rapport de Pitchbook. “Et les femmes fondatrices ont connu des baisses de valorisation plus drastiques.”

Des différences de traitement qui se traduisent également dans les valorisations des startups avec des montants bien moindres quand une ou plusieurs femmes sont fondatrices. En pré-seed, les valorisations des startups sont globalement sur une courbe croissante depuis 2014. Mais celles des jeunes pousses fondées par des femmes restent sous-évaluées par rapport à la moyenne globale. La moyenne européenne est à 5 millions d’euros, celle des startups fondées par des équipes mixtes est à 4,4 millions et si l’équipe est 100% féminine, on tombe à 3,7 millions d’euros. 

Les écarts se poursuivent aux différents stades de vie des jeunes pousses. Au stade de la série B, la valorisation moyenne en Europe est d’un peu plus de 12 millions d’euros. Pour des startups avec des femmes dans l’équipe fondatrice, cette moyenne est de 10 millions. Si l’équipe de founders est uniquement féminine, les valos n’atteignent pas les 5 millions d’euros, la moyenne étant de 4,8 millions d’euros. 

Une sous-représentation dans les fonds de VC 

En France, 228 tours de table ont été menés par des jeunes pousses comptant une femme parmi ses fondateurs, pour un montant de 1,4 milliard d’euros. Au total, les startups françaises ont levé plus de 7 milliards d’euros l’année dernière. De l’autre côté de la barrière, chez les investisseurs, les femmes restent sous-représentées aux postes décisionnaires. 

Dans les fonds de capital-risque européens, elles restent encore trop absentes. Elles ne sont que 15% à avoir un poste de GP (managing partner, partner ou principal d’après le cabinet américain) dans les fonds européens qui gèrent plus de 50 millions d’euros. Si l’on cherche les sociétés de gestion de ce calibre avec une majorité de femmes à des postes stratégiques de “decision makers”, elles ne sont que 8,6% en Europe. 

Ces proportions varient en fonction de la spécialité thématique des fonds. Elles sont plus nombreuses dans les fonds de VC dans la santé ou la biotech, à près de 15%. Au contraire, dans les sociétés de gestion concentrées sur les secteurs des médias, de l’IA ou du hardware, la part des femmes GP diminue encore un peu plus autour de 8%.