Faircraft, le pionnier français du cuir in vitro continue de grandir ! Quelques mois après un second tour de table de 15 millions d’euros pour industrialiser son process, la startup industrielle annonce le rachat des actifs de son principal concurrent américain VitroLabs. Ce dernier est notamment financé par Kering et un certain Leonardo DiCaprio. Il est l'un des premiers à s’être intéressé au cuir cultivé en laboratoire et possède un portefeuille de trente brevets. « VitroLabs a développé un certain nombre de briques scientifiques et technologiques, qui sont assez différentes des nôtres mais très complémentaires. La société a réussi à lever des verrous techniques et scientifiques. Nous, on a été très bons pour prendre le contre pied d’un point de vue scientifique pour ne pas être freiné par leurs brevets. Dans le même temps, on a pris le parti de développer la partie industrielle. Et grâce à ce rachat, on acquiert un portefeuille de 35 brevets au total », détaille Haikel Balti, cofondateur et CEO de Faircraft. Il précise que VitroLabs rencontrait, de son côté, des freins pour l’industrialisation de ces process et n’avait pas encore atteint l’équilibre financier.
En 2021, Haikel Balti, ingénieur en science des matériaux et son associé, César Valencia Gallardo, docteur en biologie, ont mis au point un procédé de création de cuir in vitro. L’objectif : « recréer la matière que l’on connaît et que l’on apprécie, sans souffrance animale. Grâce à son process, Faircraft a séduit « les plus grandes maisons de mode françaises », pour qui elle peut produire des sacs à main et de la petite maroquinerie essentiellement. « Le marché du luxe est de plus en plus à la recherche de nouvelles matières, pour améliorer son impact environnemental, et séduire la génération Z, sensible à ces questions », souligne Haikel Balti. « Dans notre laboratoire, on recrée du cuir à partir d’une biopsie de peau animale. On en extrait des cellules que l’on sème comme des graines et qui vont, ensemble, produire du collagène. »
« Le savoir-faire à la française s’exporte bien »
Faircraft compte désormais 25 salariés. Elle a recruté depuis sa création des profils scientifiques et des ingénieurs industriels. La startup a commencé à commercialiser son produit deux ans après sa création. « Nous avons fait le choix de ne pas rester dans notre laboratoire et de penser dès le départ à nous industrialiser. Ce n’est pas une stratégie courante mais elle s’avère payante », indique le dirigeant qui envisage de se doter de sa première unité de production d’ici 2027.
Pour Faircraft, l’autre intérêt de ce rachat est géographique. VitroLabs, installée à San Francisco, se trouve à proximité d’investisseurs et d’universités réputées. « Le marché américain est aussi très intéressant pour nous car le savoir-faire à la française s’exporte bien et il plait beaucoup aux Etats-Unis. »
Grâce à cette acquisition, Faircraft espère étoffer son portefeuille de clients. « Les designers aiment avoir du choix et un ressenti qui leur plaît. Plus on va être en mesure de proposer un panel de produits différents, plus on sera en capacité de les convaincre. »