Avec l’envol de l’intelligence artificielle générative, un nouveau champ des possibles s’est ouvert pour dépoussiérer le traitement de la data. C’est pourquoi un trio, composé d’anciens ingénieurs de Sorare et d’Algolia, a créé une startup, baptisée «Altertable», afin de développer une plateforme de données unifiée s’appuyant sur l’IA pour remplacer les «data stacks défaillants» des entreprises. Pour rappel, un «data stack» correspond à l’ensemble des outils pour traiter les données brutes afin de transformer des données inexploitables en informations pertinentes. Cette «pile de données» se révèle donc utile pour apporter de la valeur à des informations inintelligibles de prime abord.
Aujourd’hui, Altertable sort de l’ombre et annonce un tour de table de 2,5 millions d’euros mené par 20VC, le fonds du célèbre podcasteur londonien Harry Stebbings, qui a lancé il y a quelques mois «Project Europe» pour mettre à contribution des figures emblématiques de la tech européenne pour soutenir les entrepreneurs de moins de 25 ans sur le Vieux Continent. Drysdale Ventures, Kima Ventures et des business angels, comme Nicolas Julia, le patron de Sorare, Olivier Pomel, le PDG de Datadog, Nicolas Dessaigne, co-fondateur d’Algolia et Partner chez Y Combinator, ou encore Romain Niccoli, co-fondateur de Pigment, ont également participé à l’opération.
Avec ce beau casting pour cette levée de fonds initiale, les fondateurs d’Alterable espèrent rapidement monter en puissance pour «construire quelque chose de cool sur les prochains trimestres et proposer une première version de la plateforme commercialisée à l’automne cette année», indique Sylvain Utard, co-fondateur et CEO d’Altertable. Ce dernier s’est associé à Kevin Granger, ancien ingénieur chez Algolia, et Yannick Utard, qui s’occupait des systèmes back-end chez Sorare.
Sylvain Utard, premier employé d’Algolia, à la baguette
Pour Sylvain Utard, cette appétence pour la data a germé il y a bien longtemps, lorsqu’il a débuté sa carrière chez Exalead, une solution de recherche et d’exploration des données rachetée en 2010 par Dassault Systèmes pur 135 millions d’euros. Dans la foulée, il a rejoint Algolia, où il sera le tout premier employé. Dès son arrivée en 2012, il a même participé au batch hivernal d’Algolia au sein de l’accélérateur américain Y Combinator. Le point de départ d’une aventure de huit années durant laquelle il vivra de l’intérieur la croissance phénoménale de la société. «Après Algolia, je voulais faire un break et monter une boîte. Et puis j’ai croisé la route de Sorare», sourit Sylvain Utard.
S’il n’était pas forcément un spécialiste de l’univers des NFT et du «fantasy football» à la base, l’ingénieur s’est finalement laissé convaincre en rejoignant la licorne tricolore en 2021. Il y restera jusqu’en mars dernier. «Je ne regrette pas du tout cette expérience B2C, cela a été très formateur. Avec Sorare, la courbe a été bien plus verticale qu’Algolia sur la montée, mais aussi sur la descente. Aujourd’hui, Sorare ressort la tête de l’eau», observe-t-il. Avant d’ajouter : «Quand je suis parti de Sorare, j’avais envie de résoudre un problème que j’avais moi-même connu. Très rapidement, les problèmes liés à la data sont arrivés en haut de la liste.»
A ses yeux, pour donner un nouveau souffle au «data stack» des entreprises, il faut partir d’une feuille blanche. «Le niveau de proactivité sur la data aujourd’hui est nul. Avec le shift qu’on est en train de vivre avec l’IA, ce n’est plus tolérable. Si on veut résoudre cette problématique problématique, il ne faut pas juste créer un outil en plus ou un énième agent IA. Il faut remplacer ce qui existe et c’est pourquoi on se lance dans la refonte du data stack», explique Sylvain Utard.
«On lève cet argent pour recruter une core team»
Pour renverser la table, Altertable s’attèle donc à concevoir une plateforme permettent de surveiller les données en temps réel, à les modéliser une bonne fois pour toutes et à les rendre accessibles à l’ensemble des collaborateurs, qu’il s’agisse des ingénieurs, des commerciaux ou des équipes dédiées au produit ou aux finances. «La plupart des données dorment dans un entrepôt jusqu'à ce que quelqu'un pose la bonne question. Altertable inverse la tendance. Nous voulons que les informations apparaissent avant même que vous ne les demandiez. Nous construisons une plateforme où les informations sont utiles aux utilisateurs, et non l'inverse», résume le patron de la jeune pousse tricolore. Avec son approche, celle-ci se positionne face à des acteurs comme Snowflake ou Google, qui conçu le logiciel Looker Studio.
Altertable espère notamment séduire des startups qui en sont au stade de la série B et qui comptent entre 50 et 200 salariés. «C’est le moment où elles commencent à s’intéresser au "data stack" et la facture peut vite piquer», souligne Sylvain Utard. Pour répondre à leur problématique sur la data, la société entend s’appuyer sur son premier tour de table pour étoffer ses effectifs et nouer des partenariats en vue de la commercialisation de son outil à la fin de l’année. «On lève cet argent pour recruter une core team. Elle sera constituée de 5 personnes en plus de 3 fondateurs», précise le patron de la startup française. Celle-ci souhaite également s’appuyer sur le «gros réseau» de son investisseur 20VC, qui compte Julien Cordoniou, Français qui a passé plus d’une décennie chez Meta, comme General Partner, pour s’étendre à l’international et notamment sur le marché américain.