Un peu de répit pour Ynsect ? Le tribunal de commerce d’Évry vient d’autoriser le spécialiste français de la production de protéines à base d’insectes à poursuivre son activité. L’entreprise va pouvoir continuer à exercer jusqu’au 25 septembre. Une nouvelle audience se tiendra à nouveau à cette date pour décider de la poursuite de l’activité ou au contraire, statuer sur le passage à une éventuelle liquidation judiciaire.

Ynsect est officiellement en redressement judiciaire depuis mars dernier. Afin de tenter de se sauver, elle a entamé plusieurs démarches. Tout d’abord, elle a annoncé le mois dernier un plan social visant le licenciement de 111 emplois, sur les 214 que comptait la société en fin d’année dernière. L’entreprise dispose de deux sites industriels à Poulainville, près d’Amiens, une ferme verticale de 48 000 mètres carrés, et à Damparis, dans le Jura. Ce dernier va être repris par Antoine Hubert, cofondateur de l’entreprise, via sa nouvelle startup Keprea, révélée par Maddyness.

Ynsect a aussi nommé en avril dernier un nouveau dirigeant en la personne d’Emmanuel Pinto. Ce dernier est associé depuis 2022 de Dirigeants & Investisseurs, une entreprise spécialisée dans l’accompagnement des sociétés en difficulté. Il a suppléé Shankar Krishnamoorthy, qui dirigeait la startup depuis deux ans. Antoine Hubert reste toutefois administrateur et directeur de la stratégie de l’entreprise. Il y a quelques semaines, la scale-up industrielle a aussi vu ses investisseurs historiques remettre au pot. Ceux-ci ont investi 10 millions d’euros pour lui permettre de survivre. Un montant qui peut paraitre dérisoire dérisoire comparé à l'ensemble des montants levés par la société : plus d'un demi-milliard d’euros.

Un nouveau financement et des tests pour un nouveau mode d’élevage

En lien avec cette annonce du tribunal de commerce d’Évry, Ynsect annonce que les actionnaires actuels s'engagent à apporter 8,6 millions d'euros pour financer l'activité jusqu'à la fin de l'année 2025. Selon le communiqué de presse, cette somme doit permettre de « valider la performance économique du nouveau modèle d’élevage qui sera développé dans l’usine d’Amiens, convaincre de grands acteurs de l’alimentation animale de s’engager avec Ynsect et rechercher des investisseurs pour financer un plan de redressement qui nécessitera de renégocier le passif avec ses créanciers ».

Ynsect est en effet en train de réaliser des tests opérationnels sur le site d’Amiens pour trouver un « nouveau mode d’élevage d’insectes plus proche des techniques d’élevage traditionnelles ». Cela signifie qu’elle souhaite adopter un mode d’élevage moins automatisé, moins industriel, et donc moins coûteux qu’un mode d’élevage classique.

Afin de procéder à ces tests, l’entreprise annonce aussi que l’activité industrielle du site d’Amiens est désormais suspendue, sur la partie production d’insectes. La partie transformation demeure elle active. Ynsect déclare enfin qu’elle a reçu à nouveau de la part de ses clients ou prospect des « marques d’intérêt sérieuses ». Nestlé et Mars, géants de l’agroalimentaire, et qui disposent de filalies dédiées à la nourriture animale, sont des clients historiques de l’entreprise. Ils pourraient avoir renouvelé leur confiance auprès de la scale-up, pour continuer à travailler avec elle.