Accueillir le PDG du Crédit Agricole en stage au sein de sa startup, c'est l'histoire d'un coup de poker réalisé par Christophe Agnus, président co-fondateur de Sopixi. 44 courriers plus tard, une réponse positive pour un stage avec comme candidat Jean-Paul Chifflet.[hr]

Comment s'est déroulée cette histoire?

L'histoire a démarré en lisant un article de Challenges à propos du livre de Hervé Hamon, "Ceux d'en haut". Il citait Louis Gallois, disant: " Il n'y en a qu'un pour qui, à mon sens, ce soit plus difficile (que le "Grand Patron"): le patron de PME. Lui, il est en première ligne sur tous les sujets, il est directeur financier, il est DRH, il est évidemment directeur de la stratégie, il est tout, il voit son banquier, il est souvent actionnaire de sa boîte, et c'est son patrimoine qu'il a engagé. Moi, je les admire, ces gens-là, je suis dans une position infiniment plus confortable, j'ai des amortisseurs dans tous les coins. Je pense que ce serait une excellente thérapie pour les patrons de grandes entreprises dont la tête a tendance à enfler que d'affronter la vie concrète d'une PME, la vraie vie sans doute."

Dans la foulée, je me suis mis à l'ordinateur et j'ai écrit un courrier (consultable ici), que j'ai envoyé aux 40 patrons du CAC 40, et à 4 politiques. Ma proposition étant simple: un stage chez Sopixi.com... Il s'agissait de 44 courriers envoyés par la Poste, pas d'emails.

Dans les trois jours ouvrés qui suivaient l'envoi du courrier, j'avais une première réponse: un long courrier de Xavier Huillard, le patron de Vinci, déclinant (très poliment) la proposition. Le lendemain, c'était une carte manuscrite de Maurice Lévy, patron de Publicis. Et le surlendemain, un email de M. Chifflet, du Crédit Agricole, me disant:

"Cher Monsieur,

J’ai reçu votre courrier d’invitation et je vous réponds : chiche ! Prenons donc rendez-vous, si vous le voulez bien, pour une matinée au cours de laquelle je viendrai découvrir votre activité, vous écouter et échanger, de dirigeant d’entreprise à dirigeant d’entreprise."

J'ai donc contacté son secrétariat, pour qu'ils me proposent des dates. Suite à l'article du Monde, le directeur de la communication m'a également appelé pour voir ce que pourra être le programme de cette matinée de "stage"... Les retombées presse ont été très rapides sur Internet, avec une quarantaine de titres reprenant l'info, dont Les Echos ou Le Figaro. Mais cela s'est accéléré avec l'article dans Le Monde. Car c'était dans le quotidien papier aussi bien qu'en ligne. Là, j'ai été contacté par LCI, puis deux fois BFM Business. Et cela continue...

Quelles seront ses missions?

Sur une demi-journée, le terme de "stage" est un grand mot... Le programme est plus simple, et va dans le sens de la démarche: lui faire comprendre les grandes problématiques des petites entreprises, très différentes des grands groupes, et des difficultés dans les rapports entre les grandes et les petites. Donc j'ai prévu de commencer par lui présenter l'entreprise dans ces différentes facettes, en lui présentant les collaborateurs et leur métier. Chacun pourra lui exposer comment nous travaillons, ce que nous faisons. L'idée est ici de montrer que dans une petite entreprise, le multitâche est la norme, et que nous avons besoin de collaborateurs évoluant en permanence. Une petite entreprise peut être aussi complexe qu'une grande, sans les ressources pour l'organiser, l'accompagner dans toutes ses dimensions, dont dispose une société de très grande taille.

Chez nous, pas d'inertie. Un client perdu se ressent immédiatement en termes financiers. Un client gagné se ressent immédiatement en charge de travail. Je pense que nous aurons, ensemble, des échanges sur les différents points. Sa vision des choses pourra ainsi être confrontée à la mienne, mais aussi à la réalité vécue de Sopixi.com.

Tutoiement ou Vouvoiement?

Je pense que le vouvoiement est plus adapté. J'ai plutôt tendance à vouvoyer moi-même si la personne en face ne me propose pas le tutoiement. Donc la balle sera dans son camp, mais le but de cette rencontre n'est pas de devenir copain...

Quel impact pour Sopixi?

Un peu d'impact de communication, bien sûr. Mais pour le reste, je ne sais pas encore. Peut-être qu'en échangeant il viendra des idées, des pistes? J'avoue ne pas pouvoir, à l'avance, imaginer ce qui va ressortir. Dans tous les cas, comme je suis toujours intéressé par l'échange et la confrontation d'idées, cette réunion, rencontre, ne peut déboucher que sur du positif. Ne serait-ce que de connaître sa façon de voir le monde et l'économie. La richesse est toujours dans l'échange, donc allons-y et on verra bien!

D'autres actualité à mettre en avant?

Sopixi.com étant la première plateforme mondiale (je pèse mes mots) permettant de faire son site Web et sa eBoutique vraiment gratuitement (j'entends du gratuit où il ne faut pas payer, vous voyez?), l'actualité est permanente... Notre mode de fonctionnement, éclaté (je suis souvent en Bretagne, l'équipe est généralement sur Paris, et un peu à Brest), est aussi différent des sociétés habituelles (mais courant dans l'Internet), comme la sur-représentation féminine dans l'équipe, plutôt rare dans des boîtes de technologie. Nous avons aussi, récemment lancé le Design Store, où les graphistes peuvent vendre les gabarits de site qu'ils ont pu créer sur Sopixi. C'est un atout pour les graphistes, une façon de faire des sites Web sans rien connaître à la technique. Nous avons pas mal d'évolutions en préparation, de nouvelles fonctionnalités ou d'améliorations de l'existant, et il y a quelque chose de nouveau sur Sopixi.com à peu près toutes les deux semaines.

J'ajoute que nous préparons la versions anglaise pour ce mois de mai... Nous sommes impatient de voir la réaction du marché anglophone sur cette offre unique.

Quant à la communication, j'ai déjà pensé à l'étape après mon offre de stage aux patrons du CAC 40, mais c'est encore un peu tôt pour en parler...