Caroline Lamaud, associée en charge du marketing de la plateforme de crowdfunding Anaxago, revient pour Maddyness sur les dernières annonces du gouvernement faites lors des Assises de la finance participative. Des annonces qui devraient encadrer un secteur en pleine expansion et favoriser la croissance de ces acteurs en France.[hr]

Le gouvernement vient de présenter de nouvelles mesures pour encadrer les plateformes de crowdfunding, quelles sont-elles? En quoi cela va-t-il changer la situation ?

Les nouvelles mesures concernant le crowdfunding font partie de la loi pour la simplification et la sécurisation de la vie des entreprises présentée par Pierre Moscovici en Conseil des Ministres début septembre. La France fait désormais partie des premiers pays à légaliser le crowdfunding à une plus large échelle et à créer un statut propre pour les plateformes.

Il s’agit d’une véritable révolution dans le secteur du crowdfunding et de l’investissement en général. Comme évoqué, un nouveau statut de Conseiller en Financement Participatif sera créé sur les bases du statut de Conseiller en Investissements Financiers.

Pour le don, un seul changement majeur, les plateformes ne devraient plus avoir besoin de faire appel à un prestataire de service de paiement en dessous d’un certain volume de collecte. Concernant le prêt, le monopole bancaire pourrait être assoupli, ce qui représente un changement majeur dans l’écosystème financier. Des particuliers pourraient désormais être en mesure de prêter avec intérêt à des personnes morales ou physiques.

Pour les plateformes en fonds propres, la création d’un statut de conseiller en financement participatif, mieux adapté que les différentes possibilités actuelles (CIF et PSI) permettra de répondre précisément aux contraintes techniques des plateformes (gestion des ordres, des souscriptions etc.) tout en garantissant un fort niveau de sécurité pour les épargnants.

Concrètement:

  • Définition d’un niveau d’information minimum nécessaire à la diffusion d’une offre d’investissement sur les plateformes (prospectus allégé) ;

  • Redéfinition du seuil du placement privé (100 000€ actuellement) ;

  • Suppression de la notion de “placement non garanti” sous certaines conditions (activité nécessitant un statut de PSI et plus de 700 000 de capitaux propres bloqués).

Plus concrètement :

Cela rendra possible l’accompagnement et le conseil pour les entrepreneurs en levée de fonds et simplifiera le problème du passage d’ordres titres financiers (jusqu’ici il fallait être au moins CIF – conseiller en investissement financier- pour le premier et PSI – prestataire de services d’investissement- pour le second) (ce dernier requérant 730K€ de fonds bloqués). Carrément impossible pour nos plateformes basées sur des modèles dés-intermédiés à bas coût pour chaque partie.

Ce nouveau statut constituerait une diminution des exigences en capital mais une contrepartie de transparence serait exigée (ce qui est en alignement avec ce que font déjà certaines plateformes en termes de transparence).

Une autre évolution serait une modification de la procédure d’offre publique de titres financiers (prospectus AMF, ou requalification en offre de placement de fonds privée et transmission des documents de levée de fonds à max 150 pers). Une autre solution pour la relaxation de cette procédure serait de placer le plafond du placement privé de 100000 à 500000 euros.

La France est-t-elle en retard dans le domaine?

Le volontarisme du gouvernement mérite d’être salué dans ce domaine. La France s’est réveillée tardivement (la ratification du JOBS act avait eu lieu en février 2012) mais rattrape très rapidement son retard.

Les Etats-Unis viennent d’assouplir les règles de l’appel public à l’épargne (“general solicitation”), toutefois la grande révolution du crowdfuding n’a pas eu lieu. En effet, tous les investisseurs qui pourront être amenés à participer à ces opérations devront être “qualifiés”,  c’est à dire disposer de revenus supérieurs à 200 000 $ / an ou détenir un patrimoine supérieur à 1M$.

En proposant un statut propre aux plateformes de crowdfunding, la France se démarque dans le paysage international et ne limite pas l’accès aux seuls investisseurs qualifiés (sous contrainte de communication).

Que penses-tu de la multiplication des plateformes de crowdfunding?  Demande du marché ou effet de mode?

Il y a une véritable demande pour la désintermédiation et les circuits courts d’où le succès de dizaines de site issus de l’économie collaborative et proposant produits, services et expériences en direct (Le Bon Coin,  Drivy, Airbnb, La ruche qui dit oui, etc.). Le crowdfunding se positionne dans cette tendance de l’économie collaborative.

Les institutions financières classiques bénéficient d’une confiance réduite des particuliers depuis la crise financière, il y a donc un véritable engouement des particuliers pour un retour à des valeurs telles que l’entrepreneuriat, l’économie réelle, l’innovation et l’emploi.

Les plateformes  jouent un rôle important dans ces relations en tant que tiers de confiance.

Mais j’ai quelques réserves car une plateforme de crowdfunding en equity ce n’est pas qu’une simple interface web où les investisseurs font leur marché et les entreprises entrent en un tour de main, il y a un travail de fond derrière. La gestion du site web de représente que 10% de notre activité au sein d’ANAXAGO. L’essentiel de nos effectifs est concentré sur l’analyse, le conseil, la formalisation des dossiers et le suivi juridique.

Il faut donc bien différencier les catalogues de startup des plateformes de crowdfunding qui agissent dans un cadre réglementé, avec des processus bien définis permettant de protéger à la fois l’entrepreneur et l’investisseur.

Même s’il y a un effet de mode ces derniers mois, il y a fort à parier qu’une concentration du marché sera observée dans les prochains 12 à 18 mois.

Quelles actualités pour Anaxago ?

Anaxago amorce sa rentrée et fête officiellement son premier anniversaire avec sa première année d’activité complète.

Au total,  plus de 2 millions ont été colletés et la communauté s'agrandit : nous venons d’accueillir notre dix millième membre. L’été a également été très productif avec 3 levées de fonds : Sunited (650K€), Buzcard en 72 heures (260K€), Mes Bonnes Copines (200K€) et d’autres  à venir !

Nous continuons à organiser des rencontres investisseurs entrepreneurs qui démontrent chaque mois l’engouement des entreprenerus et des investisseurs pour ces moments d'échange. Prochaine date le 26 septembre en plein coeur de Paris !

En résumé :