Une startup Suisse, à quoi ça peut ressembler ? Probablement quelque chose qui parle de chocolat, de montre ou de banque. Où alors un service d’agenda en ligne comme Doodle ? Où encore un service d’hébergement en ligne comme Wuala ? Il est difficile de citer par cœur 3 startups à succès dans chaque capitale européenne, mais il est encore plus compliqué de citer des startups suisses qui ont réussi à l’international. Pourtant, la Suisse est le pays le plus innovant du monde selon l’OMPI, est classé 9ème au classement PISA, propose un salaire médian à 5 000€ et offre un cadre de vie exceptionnel entre montagnes et lacs. Article rédigé par Baptiste Lacroix.


Même si la Suisse est notre voisin, nous connaissons surtout ses banques et très peu son écosystème entrepreneurial.

Installé depuis 6 mois en Suisse et précédemment en poste à Paris, j’ai découvert un paysage de startups totalement différent de celui de Paris. Là où les startups 100% web ou mobile brillent à Paris, très peu existent ici et beaucoup se focalisent sur des secteurs plus « industriels ». Présent récemment à la conférence web Nipconf organisée sur le campus de l’EPFL à Lausanne, le programme parlait pour lui même, au menu : robotique, domotique, nanotechnologies, objets connectés, intelligence artificielle et innovations dans les secteurs de l’agriculture et de la santé.

Nipconf, la première conférence Startups en Suisse

Je vais l’avouer, je ne pensais jamais entendre parler de culture de salade à un événement web. Pourtant, lors de Nipconf, on a pu notamment découvrir CombagroupBestMile et Ecorobotix. Pour aller plus loin, parmi les 3 premières startups du classement des 100 meilleurs startups Suisses, deux places sont occupées par des startups de biotechnologies et une de clean tech.

Pourquoi les Suisses ont-ils un paysage entrepreneurial si différent de tous leurs voisins européens ? Plusieurs facteurs peuvent expliquer l’attrait considérable des entrepreneurs pour des startups innovantes à caractère « industriel » :

  • La formation. Une domination des formations d’ingénieurs avec au centre de cet environnement l’EPFL, l’une des meilleures écoles d’ingénieurs du monde. Nombre de startups ont leurs racines dans le milieu académique.
  • L’état de quasi plein-emploi et le coût considérable de la vie qui produit une aversion au risque chez les suisses et les incitent à innover dans des secteurs qu’ils maîtrisent.
  • La faible exposition de son marché intérieur à la concurrence internationale et notamment aux startups web américaines.

70 000 euros, salaire d'un développeur junior

La Suisse a une forte culture de l’innovation et son commerce extérieur est tiré par l’exportation de produits pharmaceutiques, machines industrielles, horlogerie, instruments de précision et électronique. Il n’est donc pas totalement étonnant de voir que les startups suisses se concentrent sur ses secteurs à très forte valeur ajoutée, dans lesquels ils sont des experts de part leur formation et niveau d’éducation ainsi que l’expérience acquise.

De plus, il existe quelques freins considérables au développement de startups web ou mobiles. La législation Suisse exige que pour la création d’une SARL, le capital minimum soit de 16 000€ et 80 000€ pour la création d’une SA. Pas de SAS en Suisse. A cela il faut ajouter le salaire moyen d’un développeur junior, qui oscille dans les environs de 70 000€ annuel.

Pour finir, voici quelques tweets qui résument bien l’effet que cela fait de découvrir l’écosystème des startups Suisses :

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