Addr est une application créée par deux frères pour redonner du sens à la lecture à l’ère du iPad et du partage. Le design est axé sur deux fonctionnalités. Premièrement, la prise de note est facilitée et plus interactive pour l’utilisateur. Deuxièmement, la perception globale du livre est très travaillée, à travers les notes ou les différents niveaux de vues deviennent un vrai plaisir. 


Quel est votre constat de départ?

Il y a actuellement deux problèmes pour la lecture numérique. La situation dans le livre est impossible. Le medium iPad est plat, contrairement au livre qui est épais. Le rendu de la profondeur du livre n'a jamais été étudié par les concepteurs d'applications. De plus, la possibilité d'annoter un livre est très compliqué aujourd'hui sur tablette et téléphone.

Sur toutes les applications disponibles, l'utilisateur doit d'abord surligneur un passage, puis un autre menu s'ouvre pour annoter. Il est impossible de lire à la fois l'annotation et le texte relié à celle-ci sur la même page – ce qui est très simple avec le livre papier.

Ces deux constats expliquent pour nous le faible intérêt des ebook par rapport aux livres papiers.

Quelle est votre solution?

Scalable, Addr l'est car un utilisateur peut ouvrir tous ses ebooks personnels. Pour se situer dans le texte, nous avons implémentée une vue globale de l'objet qui se tire depuis le coté droite de l'écran. C'est une vue miniature, qui permet de voir exactement où se trouve le lecteur dans le chapitre en question. Lorsqu'il y a une image, l'image est retranscrite en miniature dans cette vue globale. Il est donc plus facile encore que dans un livre papier de se repérer, de choisir d'aller à un endroit ou à un autre.

L'annotation se fait dans la marge de droite, par un geste que nous avons créé. Il est désormais possible de lire et d'avoir à sa disposition toutes les annotations prises. Il est également possible de partager son corpus de notes avec ses amis. Si un ami ouvre mon corpus de notes avec son propre exemplaire, les notes vont apparaître aux mêmes endroits que là où elles furent prises. Ainsi, un lecteur peut choisir d'ouvrir différents corpus de notes pour l'accompagner dans sa lecture. Un élève pourra par exemple être guidé par les annotations de son professeur, mais aussi par celles que ses amis peuvent lui envoyer.

La lecture collective, c'est donc le fait de pouvoir naviguer à travers les corpus d'annotations de tous ses amis. D'aller par exemple lire les passages annotés pour se faire une idée de la qualité du livre, ou juste feuilleter un livre tel qu'il fut annoté par un ami.

Quel est votre business model?

L'application est gratuite et le restera. Nous monétiserons les annotations une fois que nous aurons atteint une masse critique suffisante. Par exemple, les annotations d'un auteur avec ses lecteurs peuvent être payantes. De même pour toutes sortes de "personnalités" (Bill Gates annotant la biographie de Jobs). Nous pensons aussi à un modèle freemium, avec des comptes dédiés pour les gros lecteurs souhaitant avoir accès à une certaine quantité d'annoteurs par livre. (Par exemple, une version payante au delà de 50 annoteurs par livres).

Enfin nous aimons l'idée que le web et les applications vont être de plus en plus envahis par les micro-paiements pour récompenser les efforts des producteurs de contenus. Plus startups dans le bitcoin travaillent actuellement dessus et nous aimerions, à terme, implémenter de tels services.

Pouvez-vous nous raconter votre plus belle anecdote de startuper?

Bob Stein, le leader incontesté de la lecture numérique dans le monde – celui qui a crée les premiers CD-Rom et pensé la lecture collective – est un jour intervenu dans une conférence. Entourés de dizaines de personnes, nous avons couru vers lui et fait une rapide démonstration. Charmé, il a ensuite pris le temps, loin de la foule, pour nous donner ses feedbacks et nous entendre lui expliquer notre projet.

À l'époque nous venions de lancer l'application et un personnage aussi important que Bob Stein ne pouvait que nous donner du courage pour persévérer.

Quelle a été votre plus grosse galère?

Notre difficulté a été de passer d'une application avec un seul exemplaire implémenté (Proust), à une application scalable qui puisse ouvrir tous les ebooks d'un utilisateur. Nous avons eu très peur en réalisant qu'il nous fallait un outil scalable pour permettre de se situer dans le livre, ce n'était plus quelque chose qu'on codait en s'adaptant à la taille du livre.

Nous avons donc cherché où trouver un moyen de rendre la situation dans un livre possible quel que soit le livre qu'on ouvre, et nous sommes arrivés à l'idée de scroll différentiel dans la marge de droite. Un peu à la manière des logiciels pour écrire des lignes de codes.

Recherchez-vous actuellement des fonds?

Entre 200 et 300 000 euros. Pour ouvrir des locaux aux Etats-Unis où le marché des ebooks est beaucoup plus important qu'en France. Et implémenter la partie réseau social proprement dite dans l'application Addr (et une version mobile).

Une actualité particulière à mettre en avant?

Nous avons lancé l'application au début du mois de novembre. Nous pensons lancer prochainement toute une composante réseau social pour ne plus avoir à envoyer des emails pour échanger ses notes (mais utiliser un serveur pour enregistrer et rafraichir en direct).