Présente depuis longtemps dans l’industrie, l’impression 3D reste méconnue dans le monde médical, malgré des premiers essais il y a déjà une vingtaine d’années. Contrairement aux idées reçues, la technique ne permet pas juste de repenser les modèles de productions, elle permet un usage au service des patients. Précurseur dans l’hexagone, le chirurgien maxillo-facial Clément Ernoult a accordé un entretien à la rédaction pour comprendre le potentiel de l’impression 3D dans un secteur en pleine révolution.


L’impression 3D existe depuis plusieurs décennies, mais il aura fallu attendre 2015 et la démocratisation des imprimantes grand public, pour que toute la profession commence à s’accaparer le sujet. En chirurgie, ses applications remontent effectivement à presque 20 ans et étaient utilisées par quelques équipes pour des cas complexes. Pourquoi un tel laps de temps entre l’apparition et la démocratisation ? Tout simplement à cause de facteurs limitants dont le prix et par conséquent l'accessibilité permettant son utilisation en routine.

Depuis un an, certains CHU s'équipent et expérimentent ces imprimantes 3D grand public. Il faudra du temps avant de valider tout un process permettant à l'impression 3D de gagner les salles d'opération. En revanche, certaines entreprises médicales offrent déjà des solutions d'implants réalisés en impression 3D.

« Le développement d’entreprises privées autour de l’impression 3D participera à la démocratisation de cette technologie dans les CHU » précise le Docteur Ernoult

Il convient d'être prudent et ne pas sauter les étapes. A ce jour les imprimantes 3D grands publics n'ont pas de marquage « CE médical » et sont donc utilisées par de rares équipes uniquement de manière expérimentale. Certaines applications s'avèrent peu pertinentes et d'autres le sont, et méritent des études de validation.

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Le patient doit avoir donné son consentement et le service doit avoir eu un accord auprès du comité d'éthique de l'hôpital. Du côté des entreprises privées qui proposent des services d'impression 3D, il s'agit d'obtenir les certifications permettant l'utilisation de leur produit.

Le secteur médical n'a pas encore adopté l'impression 3D

On parle beaucoup de l'impression 3D, mais nous sommes très loin d'une large diffusion de cette technologie et de ses applications. Il faudra du temps et de la pédagogie pour arriver à une adoption plus large, mais le défi réside surtout dans la validation des processus pour assurer la sécurité des patients.

Selon le Docteur Ernoult, ceux-ci se rendent compte d'eux-mêmes du potentiel et de l'intérêt dès lors qu'on leur présente leur modèle 3D et qu'on explique que ce modèle va permettre d'adapter la chirurgie à leur anatomie pour être plus efficace durant l'intervention.

Certaines équipes utilisent l'impression 3D comme une assistance dans la prise en charge de cas bien définis et aucunement de manière généralisée comme on l'entend trop souvent.

« Il existe un gouffre énorme entre ce qu'on retrouve dans l'information médicale scientifique et l'information relatée dans les médias généralistes. »

C'est un milieu toujours en ébullition, toutefois il est possible d’identifier de nombreuses entreprises qui gravitent autour de ces technologies 3D notamment dans le domaine dentaire. Il s'agit souvent de filiale de grand groupe internationaux comme le belge i.materialise qui est sans doute le leader dans sa branche médicale. En France, la filiale Prodways du groupe Gorgé fait également partie des acteurs à suivre.

Les vertus de l'impression 3D dans le secteur médical

L'impression 3D n’est donc pas encore une réalité dans le monde hospitalier, mais offre déjà véritablement des atouts dont une personnalisation du plan de traitement du patient.

En chirurgie les applications couramment décrites vont de l’amélioration de la communication du plan de traitement au patient et à l’équipe soignante en simulant le résultat, à la visualisation d’une extension tumorale ou l’évaluation d’un défect osseux. L’impression 3D permet aussi d’améliorer les résultats post-opératoires en diminuant les éventuelles reprises à distance.

En conclusion, le terme "d'imprimante 3D" regroupe des techniques qui ont des applications très différentes, mais il est certain que pour la génération actuelle, l'impression 3D sera très vite au coeur de notre quotidien. Le champ des possibles est ouvert, jamais dans l’histoire, nous n’avons eu une telle convergence technologique à notre disposition et les spécialistes comme le Docteur Ernoult comptent bien en faire profiter les patients.

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