La perception de l'innovation est génératrice tout autant de fascination que de crainte chez l'homme. Plus la disruption est forte, plus cela se fait ressentir. Principale source d'enthousiasme, mais aussi d'inquiétude à l'aube du 21ème siècle : la Robotique. La rédaction de Maddyness a souhaité comprendre le phénomène et l'avenir de cette filière avec Jérôme Laplace, fondateur du spécialiste français Génération Robots.


On distingue deux grands types de robotique. La robotique industrielle née dans les années 60, basée sur l’automatisme et les technologies de la machine-outil. La France est largement passée à côté de cette première révolution robotique. La seconde robotique, celle du collaboratif, née dans les années 80, est basée sur les technologies de l’information. Elle se présente comme facile à programmer, même sans formation de roboticien et à un coût beaucoup plus abordable.

« Un robot collaboratif est « human friendly », c’est-à-dire qu’il peut travailler aux côtés de l’homme sans être séparé de lui par une cage de protection » Jérôme Laplace, fondateur de Génération Robots.

C’est autour de cette seconde approche que l’Hexagone a su se faire remarquer ces dernières années. Nous disposons de fleurons tels que Parrot, dirigé par l’emblématique Henri Seydoux, Aldebaran Robotics à l’origine du célèbre Nao et du prometteur Pepper, sans oublier MedTech dont le fondateur Bertain Nahum a été classé 4ème entrepreneur le plus innovant du monde par Discovery Series en septembre 2012.

Autre acteur dont on parle moins, Génération Robots, PME fondée en 2008 par Jérôme Laplace à Bordeaux. En pleine croissance, la société double tous les ans son Chiffre d'Affaires depuis sa création, grâce à deux grandes activités. D’une part la distribution à l’échelle Européenne de robots programmables pour les makers, l’éducation et la recherche et d’autre part, le développement de solutions avancées de robotique collaborative pour l’industrie et les services.

Sawyer and Baxter

D’ailleurs, la société distribuera prochainement un robot allant dans ce sens, nommé Sawyer, conçu par Rethink Robotics. Nous pourrions même parler d’Humanoid, visuellement parlant, puisque celui-ci dispose d’une paire d’yeux qui lui permettent de donner un feedback informationnel naturel.

« Sawyer est ce qui se fait de mieux dans la robotique collaborative. C’est le robot qui pousse les concepts de relation homme-machine le plus loin » Jérôme Laplace

Son système d’exploitation Intera™, lui permet par ailleurs de travailler comme les êtres humains c’est-à-dire en s’adaptant aux conditions réelles de production et en s’intégrant parfaitement à des cellules de productions existantes. Cela a évidemment demandé un gros travail sur la compréhension mutuelle entre l’homme et la machine.

Les robots poussent à repenser les métiers de l’homme, non à les supprimer

Le robot collaboratif permet donc de passer à une autre étape, celle du robot et de l’homme travaillant de concert. Pourtant, les français (le constat est le même ailleurs dans le monde) sont plutôt sceptiques quand à la pérennité de leurs emplois avec l’arrivée de ses intelligences artificielles.

Cette perception est justifiée. En effet, un robot industriel, par sa conception, pousse l’homme hors de son champ de travail. Il n’est pas sûr et doit nécessairement être séparé de l’homme par une cage de protection. L’homme est exclu de fait et c’est ce qui provoque cette perception négative.

Cependant cette perception est aussi erronée car on constate que les entreprises les plus robotisées sont les plus performantes et donc celles qui embauchent.

« L’industrie allemande est 7 fois plus robotisée que l’industrie française... » Jérôme Laplace

On s’aperçoit que l’avantage de l’un est l’inconvénient de l’autre. L’homme a une grande dextérité, peut faire de nombreuses tâches différentes et comprend le contexte de sa tâche. De son côté le robot, au contraire, est plus précis, plus fort et ne se fatigue pas.

Humain et Robot - Equipe

Le pari de la robotique collaborative soutient l’idée que des équipes homme-robots seront demain plus performantes que des équipes de robots seuls. En effet, elles auront plus de flexibilité et seront capables de réagir à toute nouvelle demande ou variation qui est une tendance lourde ce la consommation aujourd’hui.

Par ailleurs, la robotique collaborative est une opportunité forte pour les PME. Celles-ci ne se robotisaient pas jusqu’à présent car la robotique industrielle exige un flux de production constante pour rentabiliser l’investissement du robot. Ce ne sera plus le cas avec un robot collaboratif qui pourra faire plusieurs tâches différentes et redonnera ainsi de la productivité aux PME qui pourront se battre contre les pays à faibles coûts salariaux.

Grâce à la robotique collaborative, nous allons conserver nos PME et notre savoir-faire !

Les perspectives à venir de la robotique

Actuellement, le marché est professionnel avec des robots de production dans les usines ou les fabriques plus traditionnelles mais aussi des robots pour le service, de la vente, à la téléprésence. C’est le cas par exemple dans certaines boutiques Nescafé, équipées de robots Pepper.

Toutefois, au fur et à mesure que les technologies deviendront plus matures, les robots iront vers la maison, en relation avec les objets connectés qui vont aider les robots à percevoir l’environnement et connaitre les utilisateurs.

Nous sommes encore loin du graal du robot majordome capable de s’occuper des personnes dépendantes à la maison lorsque les soignants ou les proches sont absents. Mais cela viendra, dans un futur plus proche que l’on ne le croit !

Pour approfondir :

#Robotique : Bienvenue aux robots, nos futurs collègues de bureau

#Startup : Robot-Lab, le premier incubateur des solutions robotiques d’Europe à Paris

Credit Photo : community.emc.com