Halt and Catch Fire est une série télé qui raconte la vie d’une startup américaine dans les années 1980. Quelques ingrédients favorables au succès y sont bien mis en scène. Des individus atypiques, blessés, voire sous-évalués. Chacun possède un talent hors-norme. Leur collaboration est illogique, contre-nature et chaotique. Mais tous sont convaincus que « dans la vie, on n’obtient jamais ce qu’on mérite ; on obtient ce qu’on a négocié » (ViKas Swarup).


Certains de leurs talents et compétences sont prévisibles et conventionnels. D'autres se révèlent dans les épreuves, et impliquent alors que le détenteur les assume et les affirme (foi en soi). La diversité dans l’équipe est extrême, et multi-factorielle : diversité d’âges, de sexes, de milieux socio-culturels et de parcours de vie. (Tout sauf la dream team uniforme et propre sur elle !).

L’ambiance de cette séérie est un habile équilibre précaire et fluctuant entre passion pour l’innovation, individualisme, opportunisme, égoïsme, et finalement…altruisme. L’aventure entrepreneuriale est re-visitée comme une tragédie antique : enjeux extrêmes de survie, chacun doit affronter ses démons (rédemption)… ou quitter le navire.

Son dieu grec est Kairos, dieu du temps, du moment juste et de la saisie de l’opportunité (frère Chronos) : quand faut y aller, faut y aller ! (Et quand je ne le sens pas, je n’y vais pas !) Son sage grec est Héraclite, penseur de l’unité des contraire.

L’entreprenant doit en effet associer en lui (contenir en lui) des tendances contradictoires extrêmes, ce qui lui donne son envergure humaine et mythologique :

  • énorme énergie et besoin de repos fréquent,
  • intelligence et naïveté,
  • discipline et fantaisie,
  • modestie et fierté,
  • objectivité et passion,
  • intégration socio-professionnelle et rébellion,
  • générosité et intérêt financier,
  • souffrance et grandes joies, etc.

Dans cette aventure, les moments-clés sont immuables : rencontres improbables, mises en mouvement / changement de lieux, coups de chance (et coups de malchance), choix impossibles / renoncements / amputations. Et surtout, une réussite qui ne se fait pas trop attendre, mais elle reste toujours partielle…Les ressources-clés sont inattendues et surprenantes : parents, conjoints, individus préjugés sans intérêt, et même des ennemis.

Mieux qu’un sport, l’entrepreneuriat est donc un mode de vie hyper-complet : tête qui chauffe (prises de conscience, idées de génie, etc.), coeur brassé et obligé de s’ouvrir aux autres, et corps bousculé qui fait valoir ses droits (blessures, nutrition, sexe, etc.).