La question de l’immigration semble être épineuse et parfois taboue. Entre l’amalgame des réfugiés clandestins qui ne représentent que 3% des immigrés et un étudiant venant de l'étranger pour parfaire son cursus universitaire en France, il est intéressant de faire le point.


Les réfugiés clandestins comme les immigrants n’ont pas le droit à des papiers et ne peuvent exercer une activité sur le territoire. Pour toutes les autres personnes désireuses de venir en France de manière légale, les demandes de visas sont extrêmement contrôlées et difficiles à obtenir. En France, comment la problématique de l’immigration est-elle abordée ? D’un point de vue global, depuis 2003, les mesures sont de plus en plus complexes avec des contrôles accrus, des sanctions administratives, financières et parfois pénales.

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Comment se déroule l'obtention d'un visa en Europe et plus particulièrement en France ?

  • Pour venir en France comme dans les autres pays européens, il est d’abord nécessaire d'avoir la preuve d'une offre de travail dite de type très qualifiée, (médecins, ingénieurs…) puis d'une carte bleue européenne (Blue Card) et être ressortissant d'un pays tiers à l'UE,
  • Il faut également être titulaire d'un diplôme d’au moins 3 années d’études supérieures d’un établissement d’enseignement reconnu par l’État ou justifier de 5 ans d'expérience professionnelle de niveau comparable ;
  • Il faut aussi bénéficier d'un contrat de travail d'une durée égale ou supérieure à un an,
  • Et enfin percevoir une rémunération mensuelle au moins égale à 1,5 le salaire brut moyen de référence fixé (soit 52 750,50 euros à compter du 10 février 2014).

Le Pacte Européen et la Blue Card

Le pacte Européen a instauré dès 2008 le principe de la "Blue Card". Cette carte facilite l’accès au marché du travail, donne des droits de séjours identiques au sein des états membre et permet de lutter contre l’immigration clandestine.

Très utilisée en Allemagne et en Italie mais peu en France, cette carte permet aux personnes qualifiées (médecines, ingénieurs…) de tenter l’aventure dans un pays au sein de l’UE pendant 4 ans. En Allemagne et en Italie, l’immigrant semble perçu comme une opportunité afin de pallier au déclin démographique de sa population ainsi que de son vieillissement.

La différence entre le Royaume Uni et les autres pays au sein de l'UE

La majeure différence entre le Royaume Uni et les pays européens, est l’apparition de nouveaux visas pour les entrepreneurs. Le Royaume-Uni privilégie une immigration de travail. Il propose différents visas segmentés selon le type de travailleur : entrepreneur, entrepreneur étudiant, investisseur, talent extraordinaire etc. Il est beaucoup plus complexe mais permet de segmenter plus précisément les personnes étrangères à faire venir en Europe. Londres opte pour une immigration choisie basée sur les capitaux et la qualification.

La Sillicon Valley, Londres et Berlin s’appuient sur l’immigration pour booster leur écosystème de startups. 1 entrepreneur sur 7 au Royaume-Uni est immigré et 50% des sociétés cotées en bourse aux Etats-Unis sont dirigées par un immigrant ou descendants d’immigrants.

Certains pays, comme l’Australie propose des visas de travail d’un an pour les moins de 30 ans, là où le Chili et le Brésil proposent depuis peu des visas « Startups ».

La difficulté des startups en France est de répondre favorablement à des procédures mises en place complexes, avec une forte empreinte administrative et chronophage. La délivrance des visas est soumise au préfet. Cela prend du temps, demande des échanges entre préfectures. Il est ensuite nécessaire que le préfet possède des connaissances sur les problématiques des startups et puisse définir ce qu’est un projet innovant.

Quelles sont les solutions mise à disposition pour les startups visant à faciliter leurs démarches ?

Julien Barbier a lancé Techmeabroad en mars 2015. Sa plateforme met en relation des ingénieurs français avec des postes Tech dans la Silicon Valley. L'outil facilite ainsi les demandes via un listing des startups sponsorisant des Visas.

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Sur la même lignée, Migreat facilite les démarches de visas en Europe en donnant des outils aux ressortissants étrangers dans l'obtention de visa. Migreat fournit des informations gratuites, claires et plus rapides sur les demandes de visas grâce à la Technologie. « Nous ne sommes pas un site d’informations institutionnel et officiel. L’information vit grâce à la communauté » explique Joséphine Goube, Directrice des Partenariats chez Migreat.

La plateforme est disponible en 11 langues et offre des informations personnalisées, des outils faciles d'utilisation et des guides complets sur les cinq plus grandes destinations de migration en Europe. Les différents sites Migreat UK, Espagne etc... permettent aux migrants d'accéder aux informations qui étaient traditionnellement complexes à trouver.

La plateforme se présente comme un skyscanner (moteur de recherche) gratuit et a été conçue par des experts de l’immigration. Migreat perçoit des revenus de la part d’avocats ayant souscrit à un abonnement. Les avocats sont présents en tant qu’experts et peuvent répondre aux demandes des utilisateurs. Le gain de temps est réduit à quelques heures alors que les organisations institutionnelles répondent en plusieurs semaines.

Interview

Le cas Migreat

Migreat crée par trois fondateurs italiens en 2012. La plateforme a été lancée en novembre 2013 et accompagne les demandeurs de visas dans plus de 5 pays (France, Royaume-Uni, Allemagne, Espagne, Italie) et emploie plus de 20 personnes dans leur bureau de Londres. Joséphine Goube répond aux questions de la rédaction.

Quelle est la position de Migreat face à la Blue Card ?

L’Union Européenne veut aider l’immigration des gens talentueux à travers l’Europe. A travers Blue Card, la commission souhaite simplifier l’immigration des travailleurs qualifiés mais également des entrepreneurs. C’est très positif. Je me bats avec eux dans ce sens. Dans les prochains mois, j’espère pouvoir construire avec les acteurs de la Tech et de l’entrepreneuriat européen un groupe qui puisse rendre compte de l’évidence et du bon sens économique de cette initiative.

Peut-on en savoir plus sur votre offre ?

Sur le modèle allemand, nous avons également axé notre offre pour l’intégration des immigrants. Nous avons créé des réseaux sociaux dans la langue des immigrants, des groupes Facebook et Twitter. Pour les employeurs / et startuppeurs, Migreat les assiste directement dans leurs procédures. Nous pouvons mettre les employeurs en relation avec des avocats experts.

Pour obtenir des informations en tant qu’employeur sur vos obligations.

Notre proposition de valeur qui n’a aucun compétiteur en ce moment est de garantir un accompagnement dans l’obtention de visas de manière rapide et professionnelle.

Notre différence est dans la qualité du contenu et des informations échangées. Chez Migreat, nous garantissons un contenu d’experts et de qualité. En effet, nous donnons le droit aux  utilisateurs d’écrire sur la plateforme : soit en les rémunérant pour créer du contenu, soit en étant des représentants d’organisations ou d’entreprises.

Notre contenu est axé sur la problématique d’intégration : (cours de langues, de mise à niveau des compétences, de reconnaissance des diplômes…). Nous les encourageons également à participer à la vie locale.

Récemment, nous avons signé un accord de partenariat avec TawiPay afin de mettre à disposition des utilisateurs un comparateur de transferts d'argent. Plus de transparence sur les taux de transfert d'argent. 582 milliards de dollars ont été transférés depuis l'Europe vers les familles des migrants en 2014.

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Comment faites-vous connaître votre offre ?

Par les réseaux sociaux. Les fondateurs ont une expertise de plus de 10 ans dans le domaine de l’immigration en Italie. Ils avaient créé des sites et magazines ethniques diffusés en Allemagne, Italie et Espagne en vue de faciliter l’intégration. Les groupes Facebook et Twitter aident à nous faire connaître de par le monde. C’est ce qui nous différencie de nos principaux concurrents.

Votre offre est essentiellement axée sur les immigrants alors que votre business model actuel cible les entrepreneurs. Allez-vous développer une offre dans ce sens ?

Nous réalisons des guides destinés aux employeurs, des mises à disposition de formulaires et de l’information qualifiée et gratuite. À travers Migreat, les entreprises peuvent également atteindre de nouvelles audiences et se faire connaître aux membres de leurs communautés locales, gagnant l'accès à des clients qualifiés. Migreat a des bureaux à Londres et  à New York City pour le moment.

Dans le futur, nous développerons une offre davantage axée sur l’entreprise, création de mini guides, partenariats etc…

Chez Migreat, notre donnons les outils pour comprendre et naviguer dans le système. Le Visa Wizard (pour les 5 pays) révolutionne la longue recherche d’information : traduction dans plusieurs langues, redirection vers la bonne information, aide à la traduction des qualifications.

Aujourd'hui, nous avons deux types de concurrents :

  • Les sites gouvernementaux car ils restent une référence incontournable
  • Les sites communautaires et forums car ils jouent le rôle d'entraide mais sont également plus vulnérables dans leur expertise.

Votre développement est en Europe (France, Royaume-Uni, Italie, Espagne etc). Si un français a pour intention de travailler et de s’installer en Amérique du Nord, est-ce que Migreat peut l'aider ?

Notre développement en Europe a été très rapide. Aujourd’hui, nous sommes dans 6 pays dont les Etats-Unis. Donc oui les français voulant y aller peuvent s’informer sur le site et remplir le formulaire au sujet des conditions d’expatriation et de travail aux Etats-Unis.