Elles s'appellent Withings, BBRC, Kolibree, Netatmo ou encore Sculpteo. Toutes ces startups ont fait l'objet d'un accompagnement de la part du ministère des Finances, à travers le service des douanes. Pour en savoir plus, la rédaction de Maddyness s'est rapprochée d'Anny Corail, directrice régionale des douanes de Paris-Ouest, qui répond à nos questions.


Dans quels cas les douanes françaises peuvent-elles être utiles aux entreprises ?

Dès lors que vous êtes une société qui a une activité à l’international d’importation ou d’exportation de marchandises vers des pays extérieurs à l’Union européenne, vous avez intérêt à rencontrer préalablement la douane.

Pourquoi ? Parce que la douane assure la régulation des mouvements de marchandises. Il est donc important de comprendre en amont les règles, parfois complexes, du commerce international. Mal les maîtriser, c’est s’exposer au risque de voir sa marchandise bloquée dans les ports ou les aéroports et subir des pertes financières conséquentes, voire perdre des marchés.

Les Cellules Conseils aux Entreprises, dont la mienne, à Saint-Germain-en-Laye, proposent une prestation gratuite de conseil personnalisé, sur les questions douanières, pour aider les entreprises à mieux préparer leurs opérations de commerce international.

Anny CORAIL

Quel est le contenu de l’offre spécifique aux startups ?

Il nous est paru nécessaire de construire une offre douanière spécifique aux startups, à la suite de nos différentes rencontres avec certains acteurs de la French Tech.

En tant qu’administration de Bercy, la douane se doit en effet d’être au côté de nos futurs champions nationaux.

Nous avons observé que les startups rencontrées avaient un profil type spécifique sur le plan douanier. Il s’agit tout d’abord d’un public naturellement tourné vers l’international, de manière très précoce. Il s’agit ensuite de sociétés dont la structuration interne est davantage axée sur la R&D et bien moins portée sur des postes traditionnels (supply chain, administration des ventes, etc.).

Ce modèle constitue un facteur de risque pour le bon déroulement de leurs opérations d’importation ou d’exportation, comme nous avons pu, hélas, le constater.

Notre offre startup tient compte de cette spécificité et s’articule autour de deux leviers :

  • la sécurisation des futures opérations d’import/export : comment m’assurer en amont de la fiabilité des informations que je fournis à la douane lors du passage frontière de ma marchandise ?
  • l’optimisation : puis-je économiser les droits de douane en orientant mon sourcing ? Comment puis-je labelliser mon made in France ?

Notre mot d’ordre est l’anticipation. Cette sécurité juridique et douanière permet à la startup d’être mieux outillée, notamment dans la phase cruciale de levée de fonds et au démarrage de ses premiers mouvements d’import/export.

Vous avez accompagné Netatmo, Withings, BBRC, Kolibree, Sculpteo, DJIT etc. Pourriez-vous illustrer la manière dont vous les avez aidées ?

Nous avons en effet rencontré plusieurs startups, dont certaines étaient très largement primées aux dernières éditions des CES. Nous nous sommes rendus dans leurs locaux. Chaque diagnostic effectué par notre Cellule conseil est différent et tient compte des contraintes et des souhaits de la société.

Nous avons par exemple, aidé WITHINGS à faire revenir de l’étranger ses produits, en suite de SAV, en franchise de droits et taxes, en lui proposant une solution douanière adaptée.

De même, nous les sensibilisons sur les normes électriques ou électromagnétiques à respecter. Ces normes, si elles sont mal maîtrisées, constituent un point de blocage à l’entrée dans l’UE et les orientons pour éviter ce risque.

Nous allons également aider DJIT à valoriser sa fabrication française en labellisant son Made in France. Lorsque nous rencontrons une entreprise, notre mission est de détecter ses besoins pour maîtriser ses échanges à l’international et de trouver, avec elle, la solution qui s’intègre pleinement dans son projet.

La partie douanière est importante mais constitue un des maillons de l’international. Aussi, mes équipes travaillent en réseau, au sein de l’écosystème French Tech. Elles s’appuient sur les compétences de chaque acteur public pour ensuite mettre en relation les startups avec le bon interlocuteur. 

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