L’édition 2015 de Deloitte sur le capital investissement d’entreprises, dont les résultats viennent d’être dévoilés, montrent l’appétence grandissante des grands groupes pour les PME, qui co-investissent de plus en plus avec des fonds indépendants quand ils ne créent pas leurs structures.


 « Le corporate venture, une opportunité pour les scale-up », l’édition 2015 de l’étude Deloitte réalisée par l’Observatoire des Entrepreneurs de PME Finance et Croissance +, en partenariat avec Omnes Capital, Systematic Paris-Region, fait le point sur le Capital Investissement d’Entreprise (CIE), 3 ans après sa précédente enquête. « Les avancées en matière de fiscalité ainsi que la prise de conscience des pouvoirs publics ont conduit à la réalisation d'une nouvelle étude », peut-on lire en préambule du document. 

Plus de 10 000 entreprises financées par le corporate venture dans le monde depuis 2003

Depuis 2003 plus de 10 000 entreprises innovantes ont été financées par le corporate venture dans le monde. En 2013, cela comptait pour 5% du financement des PME et startups innovantes en France, contre 16% aux États-Unis.

L’étude recense aujourd’hui 37 groupes actifs en matière de capital-investissement en France, (dont 16 au sein du CAC 40) investisseurs dans des sociétés innovantes, via des fonds indépendants ou directement par la holding du groupe.  En 2015, on note par exemple la création de Safran Ventures, d’Orange Digital Ventures, d’Engie New Ventures, d'SNCF Digital Ventures ou encore d’IrisNext impliquant Orange, Publicis et Siemens.

Une opportunité pour les fonds d’investissement, et pour les ETI

« Les industriels s'inspirent du capital-investissement et co-investissent avec les fonds indépendants. Ce rapprochement avec les fonds est en effet, pour eux, l'assurance d'un deal flow de bonne qualité et d'un benchmark régulier sur les stratégies d'investissement » , affirme Stéphane Villard, directeur chez Deloitte.

Intermédiaire de choix entre les sociétés innovantes et les grands groupes, les fonds d'investissement favorisent l'investissement indirect, au côté d'équipes d'investisseurs professionnels. Plusieurs types de véhicules peuvent être mis à la disposition des industriels :

  • Fonds indépendants, ouverts à tout type d'investisseurs (objectifs 100% financiers)
  • Fonds captifs, créés pour un ou plusieurs industriels, sans investisseur financier (objectifs +50% stratégiques)
  • Fonds semi-captifs, investis par plusieurs investisseurs parmi lesquels des industriels (objectifs stratégiques et financiers)

La réforme du capital-investissement d'entreprises annoncée en 2013 et son application en 2016 devraient renforcer les investissements pour tous les industriels, au-delà du CAC 40. D’ailleurs les ETI, Entreprises de Taille Intermédiaire pourront certainement profiter de ce dispositif fiscal pour soutenir les PME innovantes.

« Alors que la France a fait du financement des entreprises l'un de ses grands chantiers pour soutenir l'innovation, il est intéressant de voir l'intérêt grandissant des entreprises pour le corporate venture. Bien que l'objectif soit d'engendrer des retours financiers sur le long terme, nous préférons davantage parler de partenariat gagnant-gagnant. En effet, les directions de l'innovation réussissent à convaincre les directions Stratégie et Finance de soutenir l'activité d'investissement et permettre ainsi à des entreprises de capter le financement recherché. Cependant, au-delà du retour financier, les bénéfices peuvent être multiples tant pour l'industriel que pour la PME. Partenariats, synergies, esprit d'entreprendre, marché de rupture, renforcement de liens avec les écosystèmes… c'est l'ensemble de la chaine de valeur de l'entreprise qui est concernée. » , analyse Thierry Billac, Associé chez Deloitte

Crédit photo : Shutterstock