En deux ans, la startup Rythm a réussi a attiser la curiosité des acteurs de l'e-santé avec son bandeau connecté Dreem, dédié à l'amélioration du sommeil. Son cofondateur Hugo Mercier a raconté à Maddyness comment un simple projet de recherche scientifique s'est transformé en startup à la croissance fulgurante. 

Que se passe-t-il dans notre tête quand nous dormons ? C’est la question à laquelle tente de répondre Rythm, créé par deux anciens élèves de l’école polytechnique, Hugo Mercier et Quentin Soulet de Brugière. Avec son bandeau connecté Dreem, la startup veut analyser les différentes phases du sommeil afin d’en améliorer la qualité. Une aventure qui a commencé bien avant sa création, en 2014.

Décembre 2013

C’est grâce à un projet de recherche scientifique que Quentin Soulet de Brugière et Hugo Mercier se sont retrouvés à travailler sur le sommeil connecté.

" On était assez fascinés par l’univers des neurosciences et on voulait apporter notre pierre à l’édifice "

Les deux étudiants rencontrent alors plusieurs scientifiques, dont une équipe de recherche basée à l’institut du cerveau et de la moelle épinière qui commençait à travailler sur le sommeil. C’est à ce moment qu’ils prennent conscience qu’aucune solution viable n’existe pour améliorer la qualité du sommeil puisque les produits technologiques déjà présents sur le marché sont limités à des solutions de mesure et de constat, et les produits chimiques (somnifères) entrainent quant à eux de nombreux effets secondaires.

Hugo et Quentin commencent alors à travailler sur le développement du procédé de stimulation, qui consiste à mesurer l’activité cérébrale, détecter en temps-réel dans quelle phase de sommeil l’utilisateur se trouve pour pouvoir y prédire certains événements qui arrivent dans l’activité cérébrale afin d’y synchroniser des stimulations sonores.

rythm analyse

" On était vraiment très loin d’un produit à cette période, c’était vraiment un projet de recherche "

Si l’objectif de ce procédé était avant tout d’améliorer la qualité du sommeil, mais aussi les performances cognitives et physiques au réveil, les deux jeunes hommes se rendent rapidement compte de son potentiel énorme auprès du grand public.

Juillet 2014

C’est ainsi que la startup Rythm voit le jour. Très rapidement, les deux entrepreneurs sont confrontés à bien plus de challenges technologiques que prévu, sur le développement de capteurs, d’électronique, d’algorithmes, d’applications mobiles, ou encore d’ingénierie mécanique.

" On ne pouvait pas juste prendre des bouts de technologie existants, les intégrer ensemble et en faire un produit "

Forte de 3 millions d’euros de subventions publiques et de 2,2 millions d’euros remportés lors du Concours Mondial d’Innovation, la startup sait alors qu’elle ne peut pas continuer sans étoffer son équipe, et lance une vague de recrutement afin d’accueillir 10, puis 15 personnes en seulement quelques mois. Un développement accompagné par 7 millions d’euros  de fonds issus d’investisseurs privés, parmi lesquels Xavier Niel et Laurent Alexandre, fondateur de Doctissimo.

" Malgré les nombreuses rencontres que l’on a fait depuis notre création, Laurent Alexandre est le premier qui nous a financé, qui a cru en nous. C’est une de nos plus belles rencontres "

Et c’est après des mois de travail autour de prototypes qu’une première version fonctionnelle du bandeau voit le jour.

rythm

Mars 2015

La phase de développement quasiment terminée, il a immédiatement fallu que Rythm s’intéresse à la problématique « produit ». Pas de lancement grand public immédiatement, mais une série limitée à 500 exemplaires dont les utilisateurs seront sélectionnés sur dossier d’ici le mois de juin, date de livraison de la première édition du casque. L’objectif de la startup : récolter un véritable feedback des utilisateurs sur le produit afin de travailler à l’amélioration de la deuxième version, sur laquelle les équipes de Rythm travaillent déjà.

Une deuxième version qui sera tout simplement une évolution de la première version, qui va connaitre des améliorations à la fois sur la technologie, mais aussi sur les fonctionnalités, le design du bandeau, etc.

Rythm, qui compte aujourd’hui une cinquantaine de collaborateurs, annonce avoir encore quinze recrutements en cours afin de continuer à développer sa R&D, mais également pour travailler sur ses problématiques de ventes.

Et après ?

Mais la prochaine étape importante de la startup, c’est surtout la commercialisation de la deuxième version de Dreem au grand public, d’ici le début de l’année 2017. Si Rythm ne préfère pas s’avancer sur un éventuel chiffre de vente pour son deuxième produit, il assure cependant avoir des projections assez élevées compte tenu de l’intérêt que le grand public semble avoir pour son casque.

" C’est un produit qui est certes relativement cher, mais sa proposition de valeur est importante et la problématique du sommeil est un sujet qui touche énormément de personnes "

Reste à savoir si le prix du casque (350 euros pour la première version) ne refroidira pas les consommateurs. Les premiers retours clients devraient ainsi être dévoilés au mois de juillet, mais si les fondateurs de Rythm semblent confiants, le pari reste risqué.

" Si ça marche, ça va être énorme. Mais si ça ne marche pas, l’aventure va s’arrêter là. Il n’y a pas d’entre deux "