En seulement dix mois d’existence, les emojis de l’application Mood Messenger ont séduit plus de 800 000 utilisateurs Android. La startup marseillaise ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et envisage une levée de fonds avant la fin de l'année. 

Depuis plusieurs années, l’utilisation des emojis, ces petits dessins qui traduisent une humeur ou une situation, est devenue monnaie courante grâce au smartphone. Saïd Hadjad, voyant ses filles en utiliser régulièrement pour communiquer, s’est posé la question de la praticité de ce langage imagé. Trouver un émoji peut parfois être fastidieux. Il faut choisir une catégorie, puis dans cette catégorie, trouver l'émoticône qui correspond à l'émotion que l'on souhaite transmettre. Partant de ce constat, l'ancien producteur de jeux vidéo décide de trouver une solution pour faciliter l’utilisation des émoticônes.

Saïd Hadjat décide alors de développer une technologie d’écriture prédictive, en encodant différemment les emojis. Le concept de Mood Messenger est né. Avec cette application, la startup Caléa, créée pour éditer le logiciel, veut décupler l’efficacité des emojis. Pour ce faire, les développeurs choisissent d’animer les émoticônes en leur affectant une action.

Des emojis brandés pour séduire les marques

" L'audience des messageries échappe complètement aux marques. Si la publicité s'insérait dans les messageries, elle serait perçue comme trop intrusive par les utilisateurs " 

 Saïd Hadjat, président et cofondateur de Caléa Solutions

En effet, il n’y a pas de revenu sur les messageries instantanées, et pas non plus de format pour véhiculer une marque. Face à ce constat, La jeune pousse décide d'orienter son business model en s’adressant aux marques. Avec ce modèle économique, Caléa va leur permettre de cibler et mesurer leur action de communication en proposant des emojis brandés. « Par exemple, lorsque l’on écrit le mot « train », Mood Messenger va proposer d’utiliser l’image correspondante. Si l’on reste appuyer sur cette icône, les horaires SCNF seront alors affichés», décrit le président et cofondateur de Caléa. Prédictif et proactif sont les mots-clés du concept.

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Après avoir défini le modèle économique, La startup marseillaise a réuni 40 000 euros auprès de business angels pour assurer le développement d’une version complète de l’application. L’entreprise a également intégré un accélérateur privé, P Factory, et s'est installé au sein de l'incubateur marseillais Belle-de-mai.

Une fois les phases de béta test terminées, l’application Mood Messenger est lancée en septembre 2015 sur le Google PlayStore. En seulement huit semaines, elle enregistre 50 000 téléchargements. Un mois plus tard, elle franchit le plafond symbolique des 100 000 téléchargements. "Nous faisons également partie des 2 % des applications les plus téléchargées dans le monde », confie fièrement SaÏd Hadjat. Aujourd'hui, la messagerie est utilisée par plus de 800 000 adeptes de smileys.

Ces résultats, inattendus, nourrissent l’ambition des dirigeants de Caléa. Ils souhaitent désormais accentuer la visibilité de Mood Messenger en la proposant comme application de messagerie par défaut chez certains constructeurs. Des négociations avec Wiko, le fabricant de smartphones phocéen, ainsi qu’avec Crosscall, fabricant de smartphones renforcés pour sportifs, devraient permettre à l’application d’être installée en usine sur de futurs mobiles des deux marques françaises.

Enfin, la startup envisage une levée de fonds avant la fin de l’année. Ce financement lui permettrait de développer une version iOS de Mood Messenger ainsi que de la traduire dans d’autres langues. Aujourd’hui, Caléa emploie trois développeurs, une graphiste, une community manager et compte quatre cofondateurs. « Nos équipe n’a jamais eu plus d’un mois de visibilité financière », confie Saïd Hadjat. Mais cela ne devrait pas empêcher Mood Messenger de bientôt dépasser le million d’utilisateurs !