Deleasy est une plateforme permettant de se faire livrer, dans l'heure, des courses locales, faites aussi bien chez les petits commerçants de quartiers que dans un supermarché. Erwann Le Page, CEO de la startup, a répondu aux questions de la rédaction.

Qui sont les fondateurs ?

Nous sommes trois cofondateurs : Erwann Le Page (32 ans), Arnaud Mignucci (42 ans) et Sebastian Rudy (41 ans). Nous nous sommes rencontrés sur les bancs de l’ESSEC dans le cadre de notre Executive MBA.

Erwann a été lobbyiste pendant 8 ans à Paris, Londres et Bruxelles. Il représentait ses clients auprès des pouvoirs publics en France et auprès des institutions européennes et menait des campagnes de lobbying et de communication pour faire valoir les arguments de ceux-ci. Il a une formation en droit et en sciences politiques et parle 3 langues couramment.

Arnaud quant à lui est ingénieur télécom de formation. Il a co-fondé le 118 218 et est maintenant directeur des opérations chez Lagardère Active. Sebastian enfin a fait Sciences Po Paris et la LSE et est actuellement directeur financier chez Alstom (General Electrics). Il est moitié Allemand et moitié Français.

Quel est votre constat de départ ?

On passe en moyenne 2 heures 41 chaque semaine à faire les courses. Pour quelqu’un qui déteste les faire comme moi, ou d’autres qui n’ont tout simplement pas le temps, les offres qui existent aujourd’hui ne sont pas satisfaisantes. Les produits sélectionnés ne correspondent pas toujours, il y a des produits manquants que l'on découvre à la commande, les délais de livraison sont trop longs, les créneaux de livraison aussi, on ne peut commander que d’un seul magasin à la fois, bref commander ses courses en ligne créé davantage de frustration que de satisfaction. C’est le problème que nous avons souhaité résoudre.

Quelle est votre solution ?

La solution est on ne peut plus simple. Si vous n’avez pas le temps de faire les courses ou que vous ne souhaitez pas les faire, et bien nous les faisons pour vous. En allant sur www.deleasy.com vous faites vos courses en ligne dans les enseignes de votre quartier (primeurs, bouchers, Monoprix, Bio C Bon etc.) et nous nous occupons de tout le reste. Nous allons en magasin, faisons vos courses pour vous dans les magasins que vous souhaitez et vous livrons au créneau de votre choix, y compris dans l’heure. La valeur de notre service est donc proportionnelle à la valeur que vous donnez à 2 heures 41 de votre temps. Ou bien mis à une autre échelle, la valeur que vous donnez à une année entière de votre vie passée à faire les courses en magasin. Et tout cela avec un modèle d’une scalabilité totale dans la mesure où Deleasy ne détient aucun stock, aucun entrepôt et aucun véhicule. Deleasy est un logisticien 100% en ligne qui organise la commande pour l’utilisateur d’un côté et la sélection et la livraison par des Shoppers formés par des chefs cuisinier de l’autre.

Quel est votre business model ?

Il se divise en deux. D’un côté, l’utilisateur paie une prestation de 4,90 euros pour une livraison programmée (dans la journée ou plus tard dans la semaine) ou de 7 euros pour une livraison dans l’heure.

De l’autre, nous sommes partenaires de la plupart des enseignes référencées sur notre plateforme. Les prix pratiqués sont donc des prix magasins. Nous ne nous rémunérons pas dessus. C’est l’enseigne concernée qui nous rémunère un pourcentage de la commande car nous lui apportons du business et gérons la logistique pour elle.

Pour certaines enseignes qui ne sont pas encore nos partenaires, les prix peuvent légèrement varier. Cela permet de rémunérer les Shoppers et faire fonctionner la plateforme.

Pouvez-vous nous raconter votre plus belle anecdote de startuper ?

Nous étions lancés depuis à peine trois semaines. Et nous recevons une commande à livrer dans l’heure à Neuilly. Une commande curieuse. Peu de produits, et sans trop de rapport les uns avec les autres. De mémoire, il devait y avoir un pack d’eau, une bouteille de champagne, des chocolats, et une brosse à dents. Le Shopper reçoit la commande, fait les courses, et se dirige vers le lieu de livraison. Arrivé sur place, il est devant un hôpital et se demande s'il ne s'est pas trompé. Il décide d’appeler le client, qui venait en fait d’avoir un enfant et souhaitait recevoir rapidement de l’eau et des chocolats pour son épouse, du champagne pour célébrer la naissance et une brosse à dents pour passer la nuit sur place. J’ai demandé au Shopper de redescendre acheter des fleurs. J’en garde un souvenir précis car j’avais eu ma fille quelques semaines auparavant.

Quelle a été votre plus grosse galère ?

De manière surprenante, et surtout dans les métiers de la logistique, complexes où les galères font légion, la plus grosse d’entre elle a été avant tout de devenir opérationnel. Je n’ai pas compté le nombre d’heures passées à réfléchir, discuter, s’emporter, s’accorder pendant un temps, revenir dessus, faire une pause et tout recommencer… pour ENFIN trouver un nom qui nous convienne. Nous sommes passés par tout, des noms improbables aux noms géniaux mais à 20.000 euros pour acheter le domaine (histoire vraie)… à un moment il nous a fallu trancher car nous avions passé trop de temps dessus. Quel était celui qui nous convenait le mieux : Deleasy, la contraction de Delivery Made Easy. Nous déposons les statuts, achetons les domaines et commençons le dessin du logo… et le lendemain, nous rencontrons 3 personnes. La première nous dit que cela fait penser au « del » de « Delete » en informatique. L’autre nous dit que « Deal easy » ce doit être du couponing, le dernier n’arrive toujours par à le prononcer correctement. Mais bon, il fallait bien avancer. Et c’était vraiment le moins mauvais.

Recherchez-vous actuellement des fonds ?

Nous commençons en effet à réfléchir à lever des fonds. Nous avons aujourd’hui un modèle qui fonctionne, des partenariats solides, un réseau de Shoppers bien établi, une technologie avancée… bref tous les outils pour passer la seconde. Il nous faut maintenant penser à asseoir notre notoriété et notre marque, affiner notre technologie et renforcer notre équipe. Nous ne communiquons pas sur le montant que nous souhaitons lever.

Une actualité particulière à mettre en avant ?

En seulement quatre mois d’activité :

  • nous avons déjà vendu près de 10 000 produits.
  • nous collaborons déjà avec 30 Shoppers, chacun étant formé pour sélectionner les meilleurs produits,
  • nous disposons d’une plateforme accessible à partir d’un ordinateur, tablette et smartphone et d’une une application mobile dédiée pour les Shoppers
  • nous avons déjà noué une quarantaine de partenariats avec des commerçants de quartier,
  • nous référençons plus de 12 000 produits sur notre plateforme.

Nous avons d’abord déployé notre service dans le 17e arrondissement puis, fort du succès rencontré, nous avons lancé deux semaines à peine après, 2 semaines, nous a poussés à créer Neuilly-sur-Seine (en seulement 3 jours), puis le 18e. Nous sommes désormais disponibles dans tous les quartiers parisiens. Au second semestre 2016, nous comptons lancer notre application mobile. Nous avons également pour ambition d’ouvrir une autre ville française ainsi qu’une ville européenne d’ici 2017.