Depuis le 2 mai dernier, l'épreuve théorique du permis s'est modernisée. Progressivement, l'épreuve collective que l'on connait aujourd'hui va être remplacée par un format individuel, pour lequel le candidat se retrouvera face à un ordinateur. Ce tournant technologique est-il de bonne augure pour les startups du secteur comme auto-école.net ou The Good Drive ? 

L'examen du code de la route en France n'a pas été modifié en profondeur depuis 1996. Dans le cadre de la loi  activité  et  égalité  des  chances  économiques  du  6  août  2015, le gouvernement de Manuel Valls a décidé d'entreprendre une modernisation de l'épreuve. L'ancienne base comportait un peu plus de 600 questions regroupées en onze thèmes. Désormais, la nouvelle base officielle compte 1000 questions réparties en 10 thèmes. La surveillance de l'examen a également été ouverte à de nouveaux acteurs. Ainsi, c'est depuis le 13 juin dernier que les prestataires privés agréés ont pu accueillir les épreuves du code de la route. Les premiers acteurs privés à être agréés par le Ministère de l'Intérieur sont La Poste, Derka et SGS.

Dans un effort de modernisation, l'État a également modifié le système de répartition des places d'examens. Ce sont les opérateurs agrées qui s'en chargent, offrant aux candidats la possibilité de réserver directement en ligne. L'épreuve devient individuelle : le candidat utilisera une tablette ou un ordinateur pour visualiser et répondre aux questions. Afin d'éviter les risques de fraude, la série de questions attribuée à l'un diffère de celle du voisin. Le temps économisé par les inspecteurs devrait leur permettre de faire passer plus de 140 000 candidats supplémentaires à l'épreuve pratique et d'atteindre l'objectif d'une attente maximale de 45 jours avant de repasser l'épreuve après un premier échec. Malheureusement, passer du papier à la pratique n'a pas été simple. À la suite de la mise en place de ces nouvelles mesures, le taux de réussite de l'épreuve, habituellement de 70%, a chuté à 16% ! Après cet échec, 600 questions sur mille ont été retirées pour être révisées. Progressivement, le taux de réussite est remonté.

Technologie et permis de conduire, un pari de longue date

Avant que le gouvernement ne s'y intéresse, plusieurs startups ont voulu allier la technologie à l'examen du permis de conduite. Ainsi, en 2014, la première auto-école dématérialisée, auto-école.net, s'est lancée sur le marché. Ont suivi d'autres entreprises comme Ornikar ou Permigo ou encore The Good Drive. Cette jeune pousse a un concept audacieux : elle propose un serious game afin de se préparer à l'épreuve pratique du permis de conduite. Pour certains de ces entrepreneurs, la réforme ne va pas forcément dans le bon sens.

Pour Olivier Mauco, product manager chez The Good Drive« cette réforme ne permet pas de palier réellement les inégalités sociales ». En référence aux formulations hasardeuses de certaines nouvelles questions, Olivier Mauco considère que « cette réforme ne met pas assez en avant l’analyse » et tend à perpétuer le traditionnel bachotage, qu'il ne considère pas viable. « Si certains ne comprennent pas les questions - pour différentes raisons - ils peuvent pourtant s’avérer être de bons conducteurs », explique-t-il.

À l'inverse, Stanislas Llurens, fondateur et CEO d'auto-école.net, parle de réforme « vertueuse, tant sur le plan de l'organisation que de la pédagogie»« Même si certains auto écoles ont subi quelques ratés lors de la mise en place de la réforme, tout est rapidement rentré dans l'ordre et cette réforme en plus d'être pédagogique peut ouvrir le marché » se réjouit Stanislas Llurens, En effet, avant l’arrivée d’acteurs comme auto-école.net mais surtout avant l’externalisation de la surveillance de l’épreuve, le marché de la conduite était peu concurrentiel. Selon lui cette réforme « va dans le sens de l’apprentissage en ligne et met fin au bachotage ». Le fondateur de la première autoécole en ligne française espère même que le législateur aille plus loin. Si ces dispositions permettent de fluidifier le passage de l'épreuve théorique, il faudrait selon lui « externaliser complètement le permis de conduir». Cette solution permettrait d'augmenter la cadence de passage des candidats et siérait, d'après Stanislas Llurens, à tous les acteurs, traditionnels et plus récents.