Les 32 entrepreneurs qui ont représenté la France lors du G20 YEA 2016 et l’association Citizen Entrepreneurs ont rendu public leurs recommandations pour la France, à l’occasion de la Conférence Annuelle des Entrepreneurs, le 14 novembre dernier.

Le 14 novembre dernier, au Ministère de l’Économie et des Finances, la délégation française du G20 YEA et l’association Citizen Entrepreneurs ont remis une liste de propositions concrètes à Thomas Courbe, Directeur Général Adjoint du Trésor, en vue d’améliorer la croissance et l’emploi en France. Cette liste sera également remise à chaque candidat à l’élection présidentielle de mai 2017.

Lors des G20 et B20 organisés par la Chine, les chefs de gouvernements présents ont proposé 10 recommandations dans le but de favoriser une culture entrepreneuriale favorable à l’innovation. De ces conseils est ressorti un point essentiel : pour ces chefs de gouvernements, il est nécessaire de concentrer les efforts sur la dimension clé de l’innovation dans la croissance ainsi que sur l’enjeu d’un plan d’action entrepreneurial à l’échelle des vingt pays du G20. Ainsi, les ministres de l’Emploi et du Commerce ont, pour la première fois, publié un Plan d’action sur l’Entrepreneuriat qui a été annexé au communiqué du G20 des gouvernements.

Concernant la France, il apparait nécessaire de favoriser l’esprit d’entreprise. Les entrepreneurs et dirigeants de PME sont les principaux créateurs d’emplois dans les économies du G20. Ces structures emploient ainsi plus de deux tiers de la main d’oeuvre issue du secteur privé. Elles contribuent également à la croissance nette de l’emploi, à hauteur de 80%. L’enjeu est donc de réformer le pays, de restaurer sa compétitivité et d’encourager l’innovation. Dans cette optique, la délégation française du G20 YEA a émis 5 propositions concrètes :

  • Encourager l’innovation sous toutes ses formes
  • Faciliter l'accès des PME au financement bancaire et au financement alternatif
  • Faire entrer l’enseignement dans la réalité du 21è siècle : celle de l’innovation, du numérique et de la mondialisation
  • Établir un climat de confiance avec la communauté des entrepreneurs
  • Coopérer à l’échelle européenne

Encourager l’innovation sous toutes ses formes

On apprend que pour la première fois, le secteur de la technologie dépasse celui de la finance au sein du classement annuel des plus grosses capitalisations boursières mondiales. La France doit ainsi mettre l’innovation au centre de son projet de politique économique afin de relancer sa croissance et d’acquérir une place de choix dans ce classement. Pour y parvenir, les entrepreneurs de la délégation françaises ont soumis des idées concrètes pour réformer différents secteurs.

En matière d'éducation et d'enseignement, les entrepreneurs proposent de dispenser une formation innovante sur l’entrepreneuriat dans le primaire, le secondaire et le supérieur. Afin de développer davantage l'enseignement numérique, il est également conseillé de former les professeurs à l'utilisation de l'informatique en leur fournissant notamment du matériel. Enfin, il est proposé de soutenir la création d'incubateurs et d'accélérateurs universitaires, en partenariat avec le secteur privé.

Mais l'éducation n'est pas le seul bastion de la politique économique française à revoir. Le financement d'infrastructutres numériques à bas coûts est également un processus nécessaire à l'accélération de la croissance : couverture de l'ensemble du territoire en 5G d'ici fin 2020, accélération de la numérisation des services publics, ouverture des marchés publics aux TPE et PME. Quant à la réglementation, les recommandations font état d'un besoin de protéger les dépôts de brevets des entreprises innovantes ainsi que la propriété intellectuelle. La délégation française propose également de mettre en place un "startup visa", qui permettrait de simplifier le recrutement de talents hors d'Europe.

Faciliter l'accès des PME au financement bancaire et au financement alternatif

En France, 90% des investissements sont financés par la dette. Si le système qui entoure les startups hexagonales est jugé satisfaisant, il faut tout de même développer des pistes afin de permettre aux PME à forte croissance de réaliser des opérations pouvant concurrencer celles des marchés internationaux.

Selon les 32 entrepreneurs qui ont pris part à la rédaction de ces recommandations, il est important d'intensifier le réseau des business angels : en effet, la France en compte 4500, alors qu'outre-Manche, on en trouve 20 000. D'autres propositions sont faites à l'intention du gouvernement, comme payer une partie de l’impôt sur les sociétés en formation dans l'école, créer un  "Crédit d'Impôt Fonds Propres" pour que les PME puissent affecter une partie de leurs résultats au renforcement de leurs fonds propres ou bien encore contraindre les commissaires aux comptes à ne pas certifier les comptes en cas de retard de paiement à l’égard des TPE/PME.

Faire entrer l’enseignement dans la réalité du 21è siècle : celle de l’innovation, du numérique et de la mondialisation

Malgré certains progrès, les sphères de l'enseignement et de l'entreprise n'arrivent actuellement pas à "vivre en symbiose". Les études montrent qu'une réforme de l'éducation pourrait , à long terme, augmenter la croissance d'un point de PIB par an et également réduire les inégalités tout en pourvoyant bien sûr aux besoins des entreprises. C'est sur ce postulat que se sont basées les propositions suivantes :

A l’école et au collège:

  • Promouvoir la culture entrepreneuriale (ex : 1 projet entrepreneurial de classe chaque année, avec l'implication d'un entrepreneur)
  • Apprendre l'anglais dès le primaire
  • Décentraliser la prise de décision et permettre au corps enseignant de prendre des initiatives au sein de leur établissement
  • Rendre obligatoire pour les professeurs les stages en entreprise et encourager les entreprises à les accueillir

A l’université :

  • Dans chaque université, créer un groupe de travail responsable de l'amélioration de la relation PME-université
  • Dispenser une formation web dans toutes les filières
  • Inciter chaque entrepreneur à consacrer une journée par an à l'éducation nationale

Côté entrepreneurs, leur implication pourrait prendre plusieurs formes mais notamment celle de recevoir des étudiants ou professeur pour les impliquer dans le monde de l’entreprise, consacrer une journée par an à l’éducation nationale ou encore se faire les porte-paroles des sujets sur la culture entrepreneuriale, l’apprentissage de l’anglais et du numérique etc.

Établir un climat de confiance avec la communauté des entrepreneurs

Les entrepreneurs français nourrissent le sentiment d'être incompris par le gouvernement. Selon eux, les dirigeants n'ont pas conscience des enjeux quotidiens auxquels les jeunes sociétés doivent faire face. En rétablissant un lien de confiance et d'écoute entre autorités et entrepreneurs, les projets devraient plus facilement se développer sur le territoire. Comment y arriver ? Certaines pistes ont été avancées : simplification du code du travail, arrêt de "l’inflation législative", flexibilité des contrats de travail etc. Sur un autre plan, il apparait aussi important de rendre la fiscalité française plus attractive, par exemple en stabilisant le cadre fiscal permettant aux entrepreneurs et investisseurs (notamment étrangers) un minimum de visibilité ou en poursuivant la baisse des charges sociales.

Coopérer à l’échelle européenne

La France, en compétition avec la concurrence mondiale croissante, doit revoir sa copie : sa fiscalité, par rapport à ses voisins européens, n'est pas compétitive. De plus, le pays doit coopérer avec le reste de l'Europe afin d'encourager l'éclosion de pépites, voire de licornes. Un tel changement passe par des modifications de la législation. En harmonisant son code du travail, l'Hexagone pourrait y parvenir. Les entrepreneurs proposent ainsi de mettre en place un contrat de travail européen type, sur le principe de celui pour les sociétés de droit européen. La politique fiscale, en particulier l'impôt sur les sociétés et la TVA, doivent également être réévaluées afin de rentrer dans une dynamique d'harmonie européenne.

Si les entrepreneurs du G20 YEA, parmi lesquels Boris Saragaglia, cofondateur de Spartoo, Pascal Teurquetil, DG Groupe Muller, Emilie Legoff, cofondatrice de Gel Groupe, Philippine Dolbeau, fondatrice de la startup NewSchool, Arnaud Massonnie, cofondateur de Fifty Five et Pierre Aïdan, cofondateur de Legal Start/Yolaw, ne manquent pas de propositions de réformes, ils ont plus à proposer. Chacun des participants s'est ainsi engagé à utiliser son statut et son expertise pour améliorer la situation. Dans la liste qu'ils ont transmis au gouvernement, ils s'engagent à respecter différents points : être exemplaires dans la gestion de leurs ressources humaines, embaucher en priorité des profils en CDI si les conditions fiscales deviennent incitatives, accueillir des étudiants ou professeur pour les impliquer dans le monde de l’entreprise, s'impliquer en tant que business angels etc. Désormais, la question est de savoir jusqu'à quel point le gouvernement actuel et les candidats à la présidence de la République accorderont un véritable crédit à ces recommandations.