L’institut G9+ propose 100 idées, adressées aux politiques en vue de l’élection présidentielle, pour faire du pays une « France numérique ». 60 leaders d’opinion issus de la société civile ont pris part à l’élaboration de ces recommandations, détaillant chaque idée en suggérant des plans de financement.

Le numérique est aujourd'hui un point central du changement de nos sociétés occidentales : compétitivité des entreprises, culture, éducation etc. L'Institut G9+ veut mettre le numérique au coeur du programme des candidats et publie l'ouvrage "100 idées pour une France Numérique". Le livre, réalisé sous la direction de Luc Bretones, réunit les contributions d'une soixantaine de leaders d'opinion sur les propositions qu’ils appellent à mettre en œuvre pour garder résolument le cap d’une France numérique. 140 influenceurs français ont été interrogés sur la façon dont la France devrait aborder la transition numérique. Parmi les 100 propositions retenues, on retrouve des idées de Rand Hindi, fondateur de SnipsStéphane Pallez présidente-directrice générale de la Française des Jeux, Vincent Ducrey, fondateur de HUB INSTITUTE, Simon Azoulay, PDG du groupe Alten ou encore Albert-Claude Benhamou, professeur à l'université Pierre et Marie Curie, Paris VI.

G9

Avec ces propositions le G9+ espère pouvoir permettre aux entreprises françaises de se développer car pour Luc Bretones « nos startups, qui sont les meilleures du monde, qui croissent sur leur marché national tels des poissons dans leur aquarium »L'ouvrage collectif aborde des thématiques diverses comme développer l'écosystème du numérique, transformer l'entreprise, refondre les relations au travail, transformer l'administration, construire la smart city ou encore mieux sécuriser les données.

"Le champ des possibles est bien plus vaste que ce que nous pensons. À cet égard, il s’agit d’un manifeste politique. Un petit livre de l’action politique au XXIe siècle."

Extrait de l’introduction de Gilles Babinet

Découvrez notre sélection de propositions : 

Utiliser les données personnelles pour améliorer la pratique sportive des citoyens

"Les municipalités et les régions jouent aujourd’hui un rôle essentiel dans la promotion du numérique auprès des citoyens. Le sport, fortement ancré dans la vie publique locale et les milieux associatifs, pourrait bénéficier de services numériques de mise en relation, d’échange d’informations, ou de souscription en ligne, permettant d’en simplifier l’accès", écrit Stéphane Pallez présidente-directrice générale de la Française des Jeux. L’idée consiste à rassembler dans un objet connecté (type bracelet de running) mis à disposition par les municipalités et/ou les régions, l’ensemble des informations personnelles d’un citoyen relatives à sa pratique du sport. Les données seraient stockées sur une plateforme numérique collaborative offrant la possibilité de se connecter aux entreprises, collectivités et associations de la ville et / ou de la région. Ce Pass' sport  faciliterait la pratique sportive des particuliers, grâce à un accès simplifié aux infrastrucutres sportives et une meilleure connaissance de leur performance via l'analyse des données. Une contrepartie pourrait également être la réduction pour un an des frais de licence et/ou frais d’inscription à des cours. 

Des zones franches d'innovation

"L’ambition des Zones Franches d’Innovation, s’inspirant du programme américain StartUpNY, est de favoriser l’émergence de multiples zones d’innovation dans les bassins d’éducation partout en France" explique Vincent Ducrey. Le fondateur de HUB INSTITUTE  estime que la mise en place de zones franches fiscales sur les territoires des universités et des écoles inciterait les startups à s'installer. Cette cohabitation serait un vecteur d'émulation : d'une part, les étudiants bénéficieraient d'un accès privilégié au monde entrepreneurial, ce qui améliorerait leur créativité et faciliterait l'émergence de nouvelles initiatives entrepreneuriales. 

L'intelligence artificielle pour améliorer les capacités de raisonnement de l'être humain

L'intelligence artificielle est actuellement l'un des chevaux de bataille des entreprises tech. Google, Facebook et autres développent des projets de deep learning et de machine learning qui devraient révolutionner plus d'un secteur dans les années à venir. Rand Hindi, fondateur de Snips, pense également que l'IA pourrait permettre à la France de devenir une véritable nation du numérique. L'entrepreneur propose d'utiliser les compétences des ingénieurs français afin d'accélérer l'avancement de la société tout en insistant sur la nécessité d'une éthique d'utilisation.

La digicratie : la digitalisation de l'identité et de la citoyenneté

La propositon d'Emmanuelle Duez, cofondatrice de Women up, est inspirée de ce qu'a fait Jeremy Corbin en Angleterre, en digitalisant les débats à l’Assemblée nationale. Elle propose de tendre vers la démocratie directe en permettant à chaque citoyen de poser une question via un député "numérisé" lors des séances publiques. En matière de coût, l'entrepreneuse explique que la mise en place pourrait représenter une somme conséquente, à cause de la nécessité de transparence dans la sélection des questions et de la sécurisation des données transmises par les citoyens. D'autres freins pourraient ralentir une telle initiative : on pense notamment à la remise en cause du mandat de représentation des élus. La participation directe des citoyens aux débats pourraient être mal perçues par ces élus.

Développer le mécénat d'entreprise pour palier le manque d'ingénieurs du numérique

Yves Poilane, Directeur de Telecom Paristech, a décidé de résoudre le manque d'ingénieurs du numérique en France. Des études menées par la Commission Européenne mettent en lumière un déficit pour les cinq années à venir. Le pays aurait besoin de 7 000 à 8 000 diplômés supplémentaires pour répondre à ces besoins. "Un accroissement de 50% des flux couvrirait (à peine) les besoins" note Yves Poilane. Actuellement, les écoles d'ingénieurs du numérique peinent à trouver des financements pour augmenter leurs flux. L'expert propose ainsi de mettre en place un plan national de cofinancement : la mise en commun des moyens de l'État, des entreprises, des diplômés et des étudiants permettraient d'attiser la solidarité des différents acteurs. Quant au coût d'une telle initiative, Yves Poilane l'estime à 300 millions d'euros annuels, soit 100 millions d'euros par nature de contributeur. "Un investissement commun des écoles, des entreprises et de l'État aujourd'hui permettra aisément de faire de la France de demain un vivier d'ingénieurs numériques au potentiel innovant parmi les plus importants en Europe et dans le monde", conclut-il.

Création d'un syndicat national des travailleurs collaboratifs et contributifs

Avec l'émergence d'une nouvelle économie, les statuts des travailleurs ont évolué. Salarié une partie du temps, auto-entrepreneur le reste de la journée, les travailleurs multiplient les casquettes. Mais ils ne sont que peu représentés dans la société actuelle. Benoit Thieulin, directeur de l'innovation chez Open, doyen à Sciences Po School of Management & Innovation et membre du conseil d'administration de France Télévisions, invite ainsi les politiques à créer un syndicat national. Cela permettrait d'avoir un groupe représentatif à qui s'adresser pour définir de nouvelles normes de protections individuelle et sociale, comme les cotisations à la retraite et à une forme d'assurance chômage, la définition de droits sociaux face à des employeurs multiples... Benoit Thieulin explique, qu'au sein de ce collectif, il sera important d'intégrer des acteurs et travailleurs de l'économie collaborative mais également des représentants de l'État et des citoyens.
 
Code du travail, éducation numérique, numérique au service de la culture et de la santé... Les propositions recueillies dans ce livre couvrent un large spectre de secteurs variés. Les candidats à la présidence de la République s'en inspireront-ils lors des mois de campagne à venir ?