Le 17 novembre 2016, l’astronaute français Thomas Pesquet décollait pour la Station Spatiale Internationale avec, dans ses bagages, les t-shirts connectés de Cityzen Sciences. Comment la jeune pousse en est-elle arrivée là et comment a-t-elle réussi son pari d’allier textile et numérique ?

Il y a une dizaine d’années, Jean-Luc Errant a suivi avec attention l’émergence des trackers d’activités aux États-Unis, ces bracelets permettent aux utilisateurs de suivre leur niveau d’activité, les calories qu’ils dépensent et parfois même la qualité de leur sommeil, afin d’améliorer leur bien-être. « Un véritable besoin naquit dans des situations extrêmes. Les guides en haute montagne ou en haute mer par exemple peuvent faire face à des situations extrêmes, et un problème de santé, notamment cardiaque, peut avoir des conséquences dramatiques s’il n’est pas anticipé », explique le fondateur de Cityzen Sciences.

L’entrepreneur réalise alors que l’intégration de moyens de mesure pertinents dans le textile permettrait d’avancer vers l’acceptation de ces technologies, qui peuvent permettre de transformer en profondeur les usages, sans les rendre plus complexes. Il décide de créer son entreprise dédiée au textile connecté.

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Smart Sensing, un consortium de travail sur le tissu connecté

En 2010, Jean-Luc Errant débute une première phase de réflexion, de rencontres et d’études sur le domaine du textile connecté. C’est au cours de cette étape de prospection, que l’entrepreneur décide de regrouper autour d’une table des acteurs industriels textiles et électroniques. Son but ? Dépasser ensemble les contraintes liées à chacun des métiers. De ce groupement nait Smart Sensing, consortium soutenu par Bpifrance, dont Cityzen Sciences prendra la tête trois années durant.

Ce programme de R&D sera doté d’un budget global de 17,7 millions d’euros sur cinq ans. En 2013, la jeune pousse crée sa plateforme de big data dédiée à l’analyse de données. Un an plus tard, elle prend part pour la première fois au CES. Et le succès est rendez-vous, en témoigne un premier award au Digital Health Summit. Cette même année, l’entreprise reçoit le soutien officiel du Ministère japonais de l’industrie.

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" Mon meilleur souvenir ? Le premier contrat signé. C’est toujours un moment important pour un entrepreneur, surtout lorsque votre modèle est orienté B2B ; cela signifie que les acteurs du marché le valident. "

Jean-Luc Errant

Il faudra attendre 2015 pour que cette première phase de développement, et par la même ce consortium, prennent fin. Chaque entreprise reprend alors son indépendance. À cette occasion, la startup signe ses premiers contrats avec de grandes sociétés, notamment au Japon, en Chine et en Allemagne. Lors d’une deuxième participation au CES, la startup est à nouveau récompensée, cette fois-ci dans la compétition officielle du CES, dans la catégorie Sports Fitness & Biotech et Wearable Technologies.

Lancée à pleine vitesse sur la route du succès, la jeune pousse signe ses premiers grands contrats internationaux. 2016 est aussi l'occasion pour elle de participer aux French Business Awards au Japon, où elle sera finaliste et de recevoir un Electron d’Or, dans la catégorie santé/bien être. L’entreprise s’attend à un chiffre d’affaires supérieur à 1 million d’euros en 2016 et n’envisage pas de s’arrêter en si bon chemin.

Jean-Luc Errant confie ainsi avoir signé une joint venture avec une entreprise chinoise afin de renforcer son développement sur le marché asiatique. De l’autre coté du Pacifique, aux États-Unis, Cityzen Sciences a également lancé une structure pour valider sa présence sur le marché américain. En 2017, les premiers produits grand public développés par Cityzen Sciences avec ses partenaires B2B arriveront sur le marché, portés par ces sociétés partenaires.

Enfin, une anecdote témoigne du succès et de l’engouement pour Cityzen Sciences. Le 17 novembre 2016, l’astronaute français Thomas Pesquet a décollé pour la Station Spatiale Internationale, où il passera six mois. Il va mener de nombreuses expériences dans l’espace et testera notamment la réaction du corps humain à l’effort dans l’espace grâce au T-shirt connecté. Dans l’espace, les astronautes sont obligés de faire deux heures de sport par jour pour limiter la perte des masses musculaire et osseuse liée à l’absence de gravité. Le suivi de son activité cardiaque sera assuré par le T-shirt connecté de Cityzen Sciences au sein du projet Everywear, qui regroupe le suivi de plusieurs paramètres physiologiques avec divers outils.