Toute la semaine, 9 startupers incubés à NEOMA Business School vous feront découvrir, à travers leurs yeux de porteurs de projet, la Silicon Valley. Entre Stanford University, une visite du French Tech Hub et une soirée “Active” networking, Louis et Théo, porteurs du projet Frello, vous racontent leur première journée, déjà pleine de rebondissements.

Hello tout le monde, c’est Louis et Théo, de l’équipe Frello. Nous vous racontons notre journée à travers l’étude de trois mythes que chacun associe à la Silicon Valley ou au modèle américain. Si un mythe vous inspire particulièrement, n’hésitez pas à le lire directement !

  • Mythe ou réalité 1 : Stanford University, le plus beau campus du monde.
  • Mythe ou réalité 2 : la Silicon Valley, le paradis de tous les entrepreneurs français? By French Tech Hub, le plus grand accélérateur français de startups aux USA
  • Mythe ou réalité 3 : l’art du networking actif, le networking à l’américaine, une révolution?

Mythe ou réalité 1 : Stanford University, le plus beau campus au monde?

20 Prix Nobel sont issus de Stanford University depuis sa création, en 1891, il y a 125 ans. 20 Prix Nobel… Nous nous rendons dans la mythique université pour tenter de comprendre, à travers une courte visite, de quelle manière cet environnement étudiant peut promouvoir des valeurs d’excellence, de travail et d’innovation.

L’arrivée sur le campus est impressionnante. L’université, située à Palo Alto, à quelques dizaines de kilomètres au sud de San Francisco, s’étend sur plus de 32 km². En trouver l’entrée principale du premier coup relève du miracle, ou tout du moins d’un GPS bien paramétré ! Nous nous perdons donc sur le campus, passons devant une clinique médicale dédiée à l’université, dépassons un musée où sont exposées, entre autres, des œuvres de Rodin.

Nous arrivons finalement sur l’entrée principale. Est-ce l’entrée d’une ville ou bien d’une université ? Une université peut-elle abriter une tour dédiée à la recherche de plus de 80 mètres de hauteur ? Une église ? Des bibliothèques dotées de plusieurs millions d’ouvrages ? Des centres de recherche partout sur le campus ? 

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Il semblerait que oui. Bienvenue à Stanford, université américaine pluridisciplinaire de renommée mondiale dont on peut ne comprendre l’envergure qu’en la visitant!

La taille des campus américains et français est souvent comparée. L’une des explications serait que le gouvernement des États-Unis aurait fait don de terrains à des particuliers souhaitant construire des campus universitaires. Un tout autre système que celui que nous connaissons en France, où les universités et les business schools paient leur terrain.

Après avoir fait la découverte (d’une partie) du campus, nous visitons le “Design Institute”, un espace de coworking dédié à l’innovation. Sur place, un mot d’ordre, le Design Thinking, une approche de l’innovation centrée sur le client final et ses feedbacks. 

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L’endroit est bourdonnant de post-it de toutes les couleurs mais qui trouvent parfaitement leur place sur leur tableau. L’ensemble est beau, structuré, design. Il nous fait vaguement penser à nos whiteboards parsemés de post-it issus de certaines de nos réunions… Très vaguement

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Le bâtiment, composé de deux étages et plusieurs centaines de mètres carrés, est rempli d’espaces de travail utilisés par des porteurs de projets de l’université. Ces derniers se voient aussi proposer un mentoring de tuteurs avisés. Leur méthodologie de travail semble claire, structurée. Le client est au centre du processus de conception de l’entreprise. Dans une salle fermée se déroule d’ailleurs un “focus group”. L’ensemble nous fait inscrire dans notre ToDo list “revoir nos notions de Design Thinking et les appliquer à notre business”.

Alors Stanford, le plus beau campus au monde ? De notre maigre expérience, sûrement pas un mythe. Entre campus où il fait bon se perdre, le suivi proposé aux étudiants et la multitude d’outils pédagogiques, tout porte à croire que l’environnement a tout pour jouer un rôle important dans la naissance de grands projets.

Mythe ou réalité 2 : La Silicon Valley, le paradis de tous les entrepreneurs français ?

Retour vers San Francisco et le French Tech Hub. Situé dans un ancien entrepôt industriel, le French Tech Hub est financé à hauteur de 10 à 15% par des fonds publics. Son objectif : accompagner des entreprises françaises vers leur processus d’implantation sur le marché américain. Les questions que tout le monde se pose: la Silicon Valley est-elle le paradis des startupers ? Quand s’y implanter et avec quels objectifs?

Hélène André, membre du pôle US Market Entry et Marie Frochen, Senior en Go-To-Market strategy répondent à nos questions. Selon elles, il existe 3 bonnes raisons de s’installer dans la Silicon Valley.

La première raison est d’y découvrir une méthode travail qui commence tout juste à éclore en France. Les Américains prônent la mise en relation, et poussent à challenger les idées préconçues des entrepreneurs. Ils étudient leur funnel (parcours d’achat d’un client) pour déduire leur stratégie d’acquisition de leur Business Model et des ressources qui y sont allouées.

À leur arrivée aux USA, les multiples remises en question auxquelles font face les entrepreneurs les poussent à établir un nouveau funnel pour les marchés auxquels ils veulent s’adresser. La culture Business allant très vite aux Etats-Unis, il s’agit, pour les entrepreneurs français, de répondre efficacement aux attentes de potentiels investisseurs ou pilotes à l’issue de leurs rencontres. S’implanter aux Etats-Unis constitue donc une formidable école stratégique et méthodologique.

Deuxième objectif : la levée de fonds. Pour une entreprise française, elle n’intervient jamais avant le seed, la première levée de fonds. Une levée de fonds réussie aux USA peut parfois s’élever à un montant plus de 10 fois supérieur à celui atteint en France.

La première contrepartie de ces montants astronomiques réside dans l’intensité concurrentielle. Les fonds américains n’attirent pas que des Français. La seconde porte sur la méthodologie de la levée de fonds. La culture Business est si particulière que, pour lever des fonds rapidement, une entreprise devra presque nécessairement faire appel à un natif américain pour les accompagner dans leur processus de recherche d’investisseurs. Il est impossible d’espérer lever des fonds sans être présent sur place, à San Francisco. Cette présence a un coût, les loyers et salaires locaux étant encore plus importants à San Francisco qu’à New York. D’après Hélène, un budget d’au moins 200 000 euros est requis pour cette phase.

Le dernier objectif des startups qui s’installent aux Etats-Unis est la conquête du marché américain. Pour les mêmes raisons que celles exposées plus haut, il est primordial d’aborder différemment le marché américain du marché français. Hélène et Marie conseillent également d’employer un Américain pour espérer décrocher ses premiers contrats pilotes aux Etats-Unis.

La Silicon Valley, mythe ou réalité ? Entre les deux ! Cela dépend vraiment de l’objectif et du cycle de vie de l’entreprise. Il serait très difficile de s’y installer dans les premières phases de la création d’entreprise ou dans un objectif de recrutement d’ingénieurs qui coûtent jusqu’à cinq fois plus cher qu’en France. Pour toutes les entreprises à très fort potentiel d’innovation technologique, la Silicon Valley est l’endroit rêvé. Le marché y a trois mois d’avance sur le reste du monde. Et comme tout va très très vite aux Etats-Unis …

Mythe ou réalité 3 : l’art du networking actif, le networking à l’américaine, une révolution ?

Mark E. Sackett, ce nom vous dit quelque chose ? L’homme est un serial entrepreneur américain, animateur de talk shows qui prône l’open innovation et l’entraide dans le monde du business. Alors, quand nous avons eu l’occasion de participer à un événement relatif à l’un de ses mouvements, “The Art of Active Networking”, nous avons foncé, avides de découvrir la rapidité avec laquelle se déroulent les affaires à SF.

La règle d’or du mouvement : venir pour donner et non pour recevoir. Les participants à la soirée, 70 environ, se doivent d’écouter le pitch de leur interlocuteur en se demandant comment ils peuvent l’aider et non pas comment ils peuvent en profiter. L’idée a son charme et diffère élégamment des événements de networking auxquels nous sommes habitués en France.

Sur place, la soirée se divise en deux parties. La première, une discussion complètement libre avec n’importe qui. Les habitués sont chargés de discuter avec les nouveaux venus et ça marche ! La glace brisée, la discussion devient vite naturelle et l’intérêt porté aux projets des autres est franc, désintéressé. C’est agréable mais pour le moment pas franchement très actif comme networking.

La deuxième partie, un gigantesque tour de table, commence. Chaque personne présente est invitée à pitcher, en 30 secondes, son projet, ses passions. Le but est que chacun des membres présents réfléchisse à comment aider à résoudre les problèmes personnels comme professionnels des participants à la soirée. Ce tour de table, très “américain”, a un côté caricatural auquel nous, Français, ne sommes pas habitués. Il est ponctué d’éclats de voix et de rire en toute impudeur et des répliques cinglantes d’un Mark E. Sackett au sommet de sa forme. Le comique de répétition est de mise.

Cet aspect caricatural de la soirée ne nous empêche pas de nous rendre compte de la facilité avec laquelle les Américains présents arrivent à raconter leurs histoires, à donner forme à un contexte autour de leur projet. Comparés à nous, Français et même aux autres étrangers, les locaux sont d’un naturel déconcertant. Ils manient les silences et les regards dans le vide avec une facilité et une justesse étonnantes. Une résolution commune grandit dans le groupe : celle de s’entraîner, encore, encore, et encore à pitcher, en toute simplicité.

L’American way of networking, mythe ou réalité ? Nous sommes tombés sur un groupe assez particulier mené par un chef de meute à l’allure de grand maître de cérémonie et ne pourrons donc pas établir de règle générale quant au networking américain. Pour ce qui est de l’art de pitcher en revanche … Une réalité, c’est sûr !

Trois mythes Siliconiens, 2 réalités et demie sur 3. La Silicon Valley ne nous aura pas déçus, en tout cas, pas aujourd’hui.

Rendez-vous lundi pour un nouvel article racontant le point de vue d’un autre porteur de projet. Au programme (entre autres) : visite de Google !