Le 21è siècle sera celui de l’ « homo creativus » assure Todd Lubart, auteur de « Psychologie de la créativité » (Ed. Armand Colin). Pour lui, libéré d’une grande partie des tâches opérationnelles grâce à l’informatique, l’Homme peut désormais se concentrer sur d’autres encore inaccessibles à la machine. En haut de l’affiche, la créativité et l'innovation seraient même, selon l’Unesco, la véritable richesse des nations. Le président de Créa-France, Edouard Le Maréchal, dit même qu’ « un bon processus de créativité produit de la cohésion d’équipe et du bien-être ». Alors, quand on sait que l’OMS place la dépression en deuxième place des causes de mortalité et de handicap juste après les maladies cardiaques en … 2020, on se dit qu’il est grand temps de réagir !

L’incontournable modèle startup

Pour Peter Thiel, cofondateur de Paypal et auteur de « Zero to one » (Ed JC Lattès), « à moins de prendre à bras le corps le fait de créer, inventer, réaliser des progrès verticaux et intensifs, les entreprises sont condamnées à disparaître dans le futur, peu importe la taille de leurs profits aujourd’hui. ». A leur façon, les multinationales s’y sont employées et rivalisent d’initiatives pour encourager leurs équipes à innover. L’exemple canadien de SnapTax, entreprise créée au sein d’une société de 7000 collaborateurs, Intuit, pour développer une app, permet de comprendre que l’esprit startup peut s’appliquer aux grands groupes en quête d’évolution managériale.

« Avec la mise en place d’équipes multi-fonctions libres de tester leurs idées, Intuit a pu atteindre en douze mois un objectif qui lui aurait pris plus de cinq ans avec des méthodes traditionnelles », raconte Eric Ries auteur de « Lean Startup » (Ed Pearson). Si l’idée est de s’inspirer de la culture startup et des lieux de créativité pour stimuler l’innovation et les projets internes dits « d’intrapreneuriat », nous subissons encore l’héritage d’un siècle d’organisation verticale et de mise en silos des responsabilités.

Des grands banquiers à la tête de Fintech

Pour avancer, le monde hyper cadré et règlementé des banques a vu s’opérer une vague d’ « extrapreneuriat » observant une migration de ses cadres au sein de Fintech qui, contrairement aux banques traditionnelles, conjuguent au mieux le sens du client, de la technologie et de l’humain. Dans l’univers de la finance elles représentent la voie unique pour préparer le renouveau financier et, à titre individuel, une opportunité tangible de vivre une success story sinon une belle aventure humaine. Certains banquiers de renom l’ont bien saisi et ont déjà sauté le pas pour rejoindre une Fintech : Jérôme Le Luel, ex-Barclays, désormais chez Funding Circle et Grégoire de Lestapis, ex-BBVA, maintenant chez Lendix, en sont un parfait exemple.

Une hypercroissance confrontée à une pénurie de talents

En s'attaquant à l’ensemble des niches de l’univers financier (private equity, asset management, financement de trésorerie, gestion du poste client,, etc.), le secteur de la Fintech affiche une hyper-croissance de 22,3 milliards de dollars d’investissement à l'échelle mondiale en 2015 (dont plus de 5 milliards venus de grandes banques) et pour une croissance annuelle de 75%.

Revers de la médaille, cette croissance fulgurante révèle au passage une sévère pénurie de talents quelle que soit leur activité. Les Fintech cherchent à s’entourer de profils spécifiques dotés d’une expertise financière pointue et également d’une véritable culture start-up et numérique. Les profils experts existent notamment dans les grandes entreprises, néanmoins, l’acculturation au monde de la start-up est souvent nécessaire. « Chez Finexkap, il nous a fallu plusieurs mois avant de parvenir à mettre la main sur la bonne personne, et nous avons fait les frais de plusieurs recrutements insuffisamment capables d’embrasser les difficultés et les enjeux de notre entreprise. », confie Cédric Tessier, co-fondateur de Finexkap.

L’école doit changer, alors changeons-là

JobTeaser révèle dans une étude que 35% des étudiants souhaitent travailler en startup. Les Fintech semblent ainsi répondre à de véritables attentes de la part des futures générations. Parmi elles, « contribuer à changer le monde », comme le mentionne le Millenial Survey 2016 de Deloitte. Si l’on veut inventer un monde meilleur, l’école de demain devra nécessairement développer des esprits plus créatifs et plus agiles. Elle devra incarner de façon plus profonde sa véritable mission d’éducation, du latin ex-ducere, qui signifie guider, conduire hors, bref libérer !