Après 3 éditions, le concours EDF Pulse fait le bilan. Au sein du groupe, cette initiative d’open innovation a permis d’identifier 2000 startups et d’en tester 50 expérimentations. Nous avons rencontré Christophe Reinert, nouveau directeur de l’open innovation du groupe EDF qui nous a partagé sa vision sur le sujet et nous a dressé par la même occasion un premier bilan de leur travail avec les startups.

Quelle est votre définition de l’open innovation ?

L’open innovation, je crois que c’est d’abord un état d’esprit. Celui d’une curiosité, d’une capacité à aller chercher les meilleures idées et solutions là où elles sont, chez nos clients, chez nos partenaires ou futurs partenaires, au sein des nombreux métiers du groupe de façon très transverse. Ces nouveaux modes de collaboration doivent nous nourrir et nourrir les évolutions de nos activités et de nos business. Elles s’appuient aussi sur une évolution des manières de travailler et collaborer.

L’open innovation s’organise au sein des métiers en décloisonnant les activités, en innovant avec nos clients, notamment au travers de démarches de type living lab. L’open innovation, c’est aussi de nouvelles formes de collaboration, avec les startups et les PME innovantes, notamment.

L’open innovation est au cœur de la stratégie du groupe EDF : quels sont pour vous les grands enjeux et les grandes orientations de cette dynamique ? 

Les enjeux sont importants. Prendre la mesure de la profondeur des mutations à l’œuvre, de l’accélération de la compétition, de l’évolution de la régulation, de la transformation technologique, ou encore de l’évolution des aspirations de nos clients. Ces mutations stimulent les idées et les acteurs qui sont de plus en plus nombreux à se positionner et proposer des choses innovantes.

Dans ce contexte, l’open innovation est tirée par trois dynamiques au sein du groupe :

  1. Favoriser les synergies internes, faire évoluer les mentalités et mettre en œuvre des dispositifs de travail agiles.
  2. Stimuler les collaborations externes par l’implication dans les écosystèmes externes, les pôles de compétitivité, les accélérateurs, les living Labs. Notre maillage est régional, national, international. Il nous permet d‘être au cœur des dynamiques d’innovation territoriale, à proximité des clients et des prescripteurs.
  3. Enfin, le dernier pilier est constitué par la valorisation, indispensable pour favoriser la mise en mouvement. Les concours EDF Pulse Interne et externe l’incarnent depuis deux ans en témoignant de l’enjeu à articuler innovation interne et externe.

Ces programmes conduisent indiscutablement à transformer la culture du groupe. Leur impact sur l’évolution des business reste encore devant nous. Ces expériences acquises depuis plus de cinq ans nous confortent dans plusieurs convictions : la première, c’est qu’il faut agir et mettre en œuvre des projets. C’est comme cela qu’on apprend, qu’on progresse, notamment dans la capacité à identifier et caractériser les besoins. La seconde s’est qu’il faut savoir remettre en cause et adapter les dispositifs et les projets. La troisième, c’est que l’engagement du management est un facteur clé d’entrainement et de mobilisation.

On peut dire aujourd’hui que les pratiques d’innovation initiées par la R&D ont commencé de diffuser très largement dans les métiers ce qui constitue aussi un succès. Des dispositifs d’open innovation ont émergé très tôt dans le groupe au sein de la R&D. La dynamique s’est accélérée en 2009 avec la création d’une équipe Open innovation au sein de la R&D et la mise en place d’un réseau international pour observer les startups et identifier et qualifier des opportunités. Cette démarche a franchi une étape supplémentaire en 2014 avec la création d’EDF Pulse. Ce concours a pris de l’ampleur, se décline dans les territoires et géographies sur lequel le groupe est présent.

" 2016 marque une nouvelle impulsion, tirée par la dynamique de Cap 2030. L’engagement du management est renforcé par sa contribution personnelle et directe à la dynamique d’innovation "

Quel bilan tirez-vous des différents programmes et initiatives d’open innovation du groupe ?

Toujours difficile de dresser le bilan comptable. Trois chiffres néanmoins illustrent parfaitement la dynamique que nous avons voulu mettre en place ces dernières années :

  • 2000 startups qualifiées
  • Plus de 50 expérimentations
  • Des spin off / spin in réguliers

Qu’est-ce que cela change concrètement pour les clients EDF ?

L’innovation, elle n’a de sens que si elle produit des évolutions positives pour nos clients et qu’elles permettent de répondre à leurs aspirations. C’est d’ailleurs le critère principal qui guide notre action. On le fait de deux manières :

  • En simplifiant et rendant plus efficace les services, comme c’est le cas pour la facturation.
  • En développant de nouveaux services : les choses avancent avec par exemple la mise à disposition du service e.quilibre ou de la nouvelle solution d’objet connecté de notre filiale Sowee.

Dernier point : l’innovation et les technologies numériques nous fournissent aujourd’hui des opportunités nombreuses d’améliorer l’efficience de nos activités, et de développer des solutions efficaces de prévision et de maintenance prédictive. 

D’après vous, l’innovation au sein des entreprises aujourd’hui doit-elle impérativement passer par la collaboration avec des startups ?

Je me permettrai de poser la question autrement en disant, pourquoi ne pas collaborer avec les startups ? C’est un axe important de notre dispositif open innovation et il est important pour trois raisons – la première, c’est que l’écosystème startup existe, qu’il constitue une composante structurante du marché et qu’il n’y aurait pas de sens de s’en passer. La seconde, c’est que les startups apprennent des choses aux grands groupes, l’agilité c’est un lieu commun mais c’est surtout la capacité de focaliser sur un bénéfice client tangible. Enfin, nous avons dès-à-présent de nombreux exemples de collaborations très fructueuses. Nous avons aussi mis en place des dispositifs spécifiques pour organiser la contractualisation avec les startups avec un point d’attention sur la scalabilité des solutions et leur industrialisation.

Qu’est-ce que les méthodes d’open innovation ont fondamentalement changé dans un grand groupe comme EDF ?

Les méthodes d’open innovation constituent l’un des leviers de transformation du groupe mais ça n’est pas le seul. Le maintien d’une expertise de qualité en est une autre. Ne cédons donc pas aux phénomènes d’hypertrophies. Ce qui important en revanche et sur lequel l’ensemble des utilities et des opérateurs de service sont challengés, c’est la faculté de comprendre et d’anticiper les enjeux de nos clients. Sur ce point, l’open innovation est un outil à la fois inspirant et structurant.

Ce changement de perspective est-il accepté par tous en interne ? Quelles sont les principales réticences rencontrées et comment les contournez-vous ?

Toutes les transformations, les évolutions, suscitent des inquiétudes, des questionnements. Nous n’y échappons pas. Ces nouvelles formes de collaboration nous interpellent par exemple sur notre capacité, sans arrière pensée, à arbitrer entre faire et faire faire. J’observe néanmoins que les choses évoluent vite. J’observe aussi que nous gardons la faculté d’avoir un œil critique au sens positif du terme sur les solutions qui émergent. Cela n’est pas toujours simple quand on constate le nombre important de propositions et de solutions. L’énergie porte des enjeux importants qui méritent d’être appréhendés avec méthode et rigueur et toujours dans une perspective long terme. 

Maddyness, partenaire média d'EDF Pulse