Je m’appelle Marie, j’ai 29 ans et j’habite à Hazebrouck, près de Lille, dans les Flandres. Je travaille depuis que j’ai dix-sept ans et demi. J’ai très vite eu le goût du travail, effectuant un baccalauréat professionnel en alternance. Ma mère est aide-soignante et mon père est grutier. Pour mes parents, obtenir un CDI bien payé avec un emploi stable, c’est le sésame. Dès la fin de mes études, j’ai voulu leur faire plaisir et j’ai accepté un CDI. Ils étaient si contents ! Pourtant j’ai démissionné au bout de deux semaines, sans aucun regret. J’ai réalisé que je ne pouvais pas me lever chaque jour à la même heure, pour travailler pour le même patron, en répétant les mêmes tâches.

Certains de mes proches, souvent plus âgés, n’ont pas compris ce choix. Pour la génération d’avant, nous (la fameuse génération Y) sommes des dilettantes, incapables de se dédier pleinement et longuement à une entreprise donnée. On nous traite parfois de paresseux, ce qui me rend folle vu mon parcours ! N’écoutant pas ces critiques, je me suis lancée dans une série de CDD. On dit que les CDD représentent l’insécurité et l’instabilité. Moi, j’y voyais une chance de découvrir différents domaines (l’hôtellerie, l’événementiel) et j’ai enchaîné les missions. C’était mieux que le CDI, mais pas encore parfait...

Le déclic : je ne veux pas être un pion parmi d’autres

J’ai eu le déclic il y a deux ans quand je travaillais dans une société d’évènementiel dans la région lilloise. J’adorais cette petite société (5 employés) au potentiel incroyable, avant d’y commencer mon CDD… La réalité était sinistre : tout était dicté par la vision du patron. J’ai essayé de proposer des idées de logiciels innovants, certaines approches marketing, etc... On m’a répondu sèchement que ce n’était pas mon rôle de réfléchir : “Tu n’as pas les diplômes pour.” Je me formais en parallèle sur Internet, apprenant le webdesign et le marketing digital, mais mon patron ne me parlait que de ces foutus diplômes. J’étais vouée à être une exécutante, rien d’autre.

Mes débuts difficiles en freelance

Suite à cette expérience, je me lance en freelance en me promettant de ne plus recevoir de réflexions comme celle de mon précédent boss ! Je trouve rapidement des petits contrats, mais très vite, je m’essouffle car :

  • Je n’ai aucune expérience du monde des freelances
  • Je suis isolée parce que personne de ma famille ou mes amis n’a ouvert d’entreprise ou ne croit d’ailleurs en moi (à part ma mère) et donc ne me pousse à continuer ;  
  • Je n’ai aucun plan.

Je connais “l’enfer du freelance qui galère” : seule, chez moi, à travailler toute la journée. De quoi angoisser. Je fais alors une énorme erreur en essayant de combiner freelance et CDD. J’enchaîne des missions dans des hôtels de luxe à Courchevel, mais mes rêves d’entrepreneuriat me hantent toujours.

Heureusement, je me suis fracturé le talon d’Achille

Paradoxalement, tout s’est débloqué quand je me suis fracturé le talon à quelques jours de partir en Australie il y a exactement un an… Je reste quatre mois alitée, j’effectue de la rééducation pendant deux mois, je passe toutes mes journées allongée chez moi, à réfléchir à ce que je veux vraiment. Je veux être freelance à temps plein, pas à moitié. J’arrête de fumer, je me mets au sport, je commence à dévorer des livres et ressources pour aider les freelances. Je dessine petit à petit la vie dont j’avais toujours rêvé sans jamais avoir le courage de l’obtenir.

Je me rends compte que je déteste ma vie ! Pourtant j’ai un bon job dans un hôtel sublime, je gagne bien ma vie, j’ai une vie saine, des amis, une famille : je culpabilise d’avoir une “vie de rêve” et de ne pas en être satisfaite. Je passe une semaine à pleurer non-stop, devant toutes les personnes qui me connaissent, jusqu’à ce que ma mère me force à me rendre chez le médecin. Je suis tombée au fond du trou et je décide de remonter. Je m’attaque au coeur du problème et décide d’en finir avec ce tiraillement entre CDD et freelancing. Je deviens freelance à temps plein !

Tout est plus simple quand on se donne à fond !

Le 18 août 2016, le jour de mon vingt-neuvième anniversaire, je deviens freelance en communication à temps plein. Je décide de suivre plusieurs formations sur Internet dont celle de LiveMentor, une école pour entrepreneurs et freelances (pour aider les freelances à développer leur activité, LiveMentor lance une formation en ligne gratuite qui commence mardi 28 février). J’obtiens vite de bons devis et j’anime un atelier pour la Chambre de Commerce et d’Industrie sur la Communication. Je commence à me faire connaître et mon chiffre d’affaires décolle ! Je quitte le statut d’auto-entrepreneur pour passer en SASU.

Je suis épanouie, je vis enfin le rêve que je voulais. Avant, j’avais du mal à me lever le matin, aujourd’hui j’ouvre souvent les yeux avant que le réveil ne sonne. Je saute de mon lit, prête à dévorer cette nouvelle merveilleuse journée. Si on m’avait dit que je me sentirais comme ça il y a trois ans, je n’y aurais pas cru ! Pourtant, quand je me retourne sur les bons et les mauvais souvenirs de ces dernières années, je réalise que rien n’est arrivé par hasard.

Aujourd’hui justement, je ne suis qu’à la version Beta de mon entreprise, et j’ai hâte de découvrir la suite. Je suis encore très loin de tout savoir et j’ai un besoin constant de me former en permanence.