La FoodTech continue de faire parler d’elle, avec de plus en plus de services et de produits innovants. Au delà de ce qui fonctionne aujourd’hui, DigitalFoodLab se pose la question de ce qui sera demain au cœur de la révolution alimentaire. Pour nous, la FoodTech doit aider à répondre notamment à trois défis : créer des aliments pour nourrir tous les humains tout en respectant l’environnement, développer une alimentation plus saine pour vivre mieux et inventer une alimentation personnalisée pour chacun.

Certaines solutions à ces problèmes sont déjà disponibles, d’autres se dessinent et nous semblent être des secteurs particulièrement prometteurs pour de futurs entrepreneurs, investisseurs ou grands comptes. Parmi ces solutions, en voici trois qui nous semblent les plus intéressantes à suivre en 2017 : la food blockchain, les substituts de protéines animales et les nutrigenomics.

Food + Blockchain : déjà testée par des géants

Le rapport Gartner 2016 indiquait que la blockchain, vu son ensemble comme une technologie, n’atteindrait pas la maturité avant 5 à 10 ans. Cependant dans le cas de l’alimentation, des applications pourraient arriver bien plus vite. En effet, de nouveaux acteurs se sont positionnés sur le marché de l’information produit dans le but d’aider les industriels et les distributeurs depuis quelques années comme Provenance. Wall-Mart, le plus grand distributeur américain, vient de lancer une expérimentation blockchain sur deux produits en Chine et aux USA. L'objectif est d'utiliser cette technologie pour augmenter la transparence le long de la supply chain.

Les protéines de substitution 

La FoodTech, comme de nombreux domaines “Tech”, poursuit des objectifs qui ne sont pas seulement économiques. L’un de ces objectifs est de relever le défi consistant à nourrir l’ensemble de l’humanité en 2050. Les projections tendent vers un scénario de 9 milliards d’êtres humains. Pour les nourrir selon nos standards, notamment en terme de protéines animales, l’équivalent de 3 planètes serait nécessaire.

Un des axes prioritaires pour relever ce défi est de substituer des protéines nouvelles à la viande. Dans ce domaine, trois axes sont prioritaires, celui des légumineuses (produits à bases de plantes, avec par exemple les steaks Beyond Meat), celui des algues (avec Algama en France par exemple) et enfin celui des insectes (pour la consommation humaine sur l’exemple de Jimini’s et pour l’alimentation animale avec Ynsect).

food insectes

Génomique, santé par l’alimentation et coachs virtuels

L’alimentation, de la création de nouveaux produits au comportement des consommateurs, peut être rapprochée du domaine de la santé. De nombreux aliments sont perçus non plus comme des sources de plaisir mais comme des moyens d’optimiser un bien être à long terme. Alors que cela se fait encore sur un mode très désorganisé, avec des recommandations génériques (comme les fameux « 5 fruits et légumes par jour », que vous soyez une marathonienne de 30 ans ou un sédentaire de 50 ans…), une tendance de fond est de proposer une alimentation ultra personnalisée selon le profil de chacun. Deux tendances sont à suivre sur ce domaine. 

Premièrement ce que l’on appelle les nutrigenomics ou la possibilité, en utilisant le génome, de prédire ce qu’il est bon ou mauvais de manger pour chacun, en fonction de ses capacités à absorber plus ou moins bien chaque nutriment et de ses risques de maladies génétiques. Alors que des laboratoires comme l’INRA avancent sur ces sujets, peu de startups s’en saisissent en France, bloquées par l’interdiction d’y réaliser des tests ADN personnalisés. Face à cela, de nombreux projets émergent en Inde ou aux Etats-Unis. On peut citer Habit, qui propose un kit à moins de 300$ vous permettant d’obtenir un bilan diététique en fonction d’un échantillon d’ADN et de sang. La startup a récemment bénéficié d’un investissement de 32 millions de dollars de Campbell Soup pour se développer.

Nutrigenomics

Deuxièmement, pour accompagner les régimes alimentaires de plus en plus nombreux et précis, de nombreux services de coaching se développent. Ces services permettent par exemple : d’indiquer par une photo le contenu nutritionnel d’un plat comme FoodVisor, d’accompagner dans les achats au supermarché avec Yuca, ou comme WeCook de recommander ce qu’il est sain de manger.

Pour après : l’impression 3D et les petites productions

Nous n’avons pas choisi d’ajouter l’impression 3D dans cette liste. En effet, bien que nous croyions énormément au potentiel de celle-ci, les technologies d’aujourd’hui ne sont pas prêtes et ne semblent pas pouvoir l’être dans les prochaines années. Le principal problème, si on en exclut le coût, reste celui du mélange des différentes matières. Sur des sujets techniques et à une seule matière, des applications sont déjà possibles, par exemple Barilla expérimente des imprimantes pour produire des pâtes avec une forme complexe, impossible à reproduire humainement ou industriellement. De la même manière, des projets d’imprimante à chocolat se structurent. Dans les deux cas l’idée est de faire des petites productions pour répondre à des besoins de personnalisation.

L’impression 3D est liée à la question de la création de petites unités de production. L’année 2016  nous a montré que les marques en plus forte croissance sont de petites marques, indépendantes, jeunes et aux valeurs de transparence très affirmées. Cela incite les grands industriels à se poser la question de rapprocher leur production des consommateurs et à créer plus de petites marques, locales et personnalisées selon les besoins des populations. 

Saisissez vous de ces technologies

Ces domaines nécessitent des entrepreneurs ambitieux qui veulent se projeter dans des projets de long terme dont l’objectif est clairement de répondre à des problèmes environnementaux, sociaux et humains majeurs pour les prochaines décennies. Réussir à développer un écosystème autour de ces technologies clefs est un défi à la portée de la FoodTech française qui comporte tous les talents et les ressources (financements, tissu industriel) pour y réussir.