A la veille du premier tour de l'élection présidentielle, chaque candidat abat ses dernières cartes sur la table pour espérer séduire les entrepreneurs. Mais qu'attendent vraiment les startups des hommes politiques et du futur président ? Thibault Martin, co-fondateur de Smartrenting, apporte quelques éléments de réponse.

Le nombre de startups ne cesse de croître et l’approche du premier tour des élections présidentielles suscite beaucoup d'interrogations chez les dirigeants de startups. En effet, que va-t-il advenir de l’évolution des jeunes entrepreneurs qui veulent lancer leur activité ? A cette occasion, voici trois problèmes majeurs sur lesquels il serait intéressant de se pencher : le coût du travail, la difficulté à se faire financer par les moyens traditionnels et enfin, le manque de dispositifs d’aide directe aux dirigeants de startups.

Le coût du travail : pour un taux de charges patronales par palier

Pour être compétitif sur le marché, les startups doivent recruter de bons profils. C’est encore plus valable pour les startups qui proposent des offres de services qui exigent de solides ressources humaines. Cependant, l’humain coûte cher. Embaucher quelqu’un nécessite, en plus du salaire brut, d’ajouter en moyenne 45% de charges patronales. Pour une startup qui se lance, cela est impossible.

Comment peut-on recruter des personnes qualifiées en les rémunérant à leur juste valeur avec un taux de charges aussi important ? Pour permettre aux startups de recruter, un système où le taux de charges patronales fonctionnerait par palier serait plus efficace. En fonction du nombre de salariés dans l’entreprise, on pourrait avoir un taux à 15% pour 5 salariés, 20% pour 10 salariés, 30% pour 20 salariés et à partir de 50 salariés, on aurait un taux classique. Cela permettrait à la société de bénéficier d’une meilleure croissance à un coût réduit et les dirigeants de startups ne se poseraient plus de questions quant à leurs besoins de recrutements.

Escaliers

La difficulté à se faire financer par les moyens traditionnels : pour que les banques accompagnent mieux les startups

Les banques sont complètement réfractaires à l’idée de financer des projets de startups orientées vers les services. Et pourtant, en France, ces activités représentent 80% du PIB. Aucune banque ne souhaite prendre de risques et les financements en trésorerie, campagnes de communication, recrutements… passent à la trappe, alors qu’ils devraient être prioritaires pour favoriser le lancement du business. Aujourd’hui, seule bpifrance est prêt à prendre un risque pour aider une startup à se lancer.

Face à cette contrainte de financement, comment obtenir une aide de la part d’une banque en complément de l’accord de cautionnement de la BPI ? Si une startup reçoit un accord de cautionnement de 50% à 70%, la banque partenaire devrait être dans l’obligation de couvrir seule le risque restant, sans demander de caution personnelle au dirigeant de l’entreprise. Il est grand temps que les banques jouent le jeu et vivent avec leur temps ! Nous sommes loin de l’époque du "tout industriel" qui nécessitait uniquement le financement de bureaux ou de matériel. Aujourd’hui, les banques doivent s’aligner avec les réalités du marché. Les startups, positionnées notamment sur les services haut de gamme, ont de beaux projets à lancer, pourquoi ne pas leur donner un véritable coup de pouce ?

Le manque d’aide direct aux dirigeants de startups : pour un meilleur dispositif d’aide au retour à l’emploi

La réforme de l’ARCE a changé la donne pour les chômeurs qui souhaitent lancer leur activité. En effet, ils ne peuvent disposer que de 45% de leurs allocations pour alimenter leur capital et le reste du reliquat est perdu ! Il est de ce fait totalement impossible de mettre de l’argent dans la trésorerie de sa startup.

Comment donner leur chance aux demandeurs d’emploi qui souhaitent créer leur propre entreprise ? En attribuant aux demandeurs d’emploi 100% de leur capital chômage pour la création de leur entreprise, au lieu de les contraindre à en perdre 55%, ils pourraient utiliser cette trésorerie comme capital de départ. Ce capital aurait comme rôle d’être un levier de financement auprès des banques, et donc permettre aux demandeurs d’emploi de démarrer rapidement et sereinement son activité avec la trésorerie nécessaire à la réalisation de leurs projets. Ce capital devrait leur appartenir de droit et leur permettre d’accéder à la réussite qu’ils méritent. La création d’entreprise devrait être le premier moyen de retour à l’emploi pour les chômeurs qui souhaitent se lancer dans l’aventure entrepreneuriale !