Alexandre David, cofondateur et directeur des Produits à Eureka Certification, estime que les craintes concernant le vote électronique peuvent être levées grâce à la blockchain.

On en entend beaucoup parler tant il a déjà été adopté outre-Atlantique. Le vote par voie électronique fait débat en ces périodes électorales. Vanté par certains, décrié par d’autres, ce système de vote numérique ne fait pas l’unanimité au sein des sociétés et gouvernements. Et pour cause, les fraudes récurrentes pendant les scrutins sont évoquées comme principaux freins à la démocratisation de ce nouveau dispositif.

Et pourtant, avec l’évolution des nouvelles technologies, et notamment le protocole blockchain, des solutions innovantes apparaissent pour implémenter un vote dématérialisé, en toute sécurité, grâce à un stockage de données numériques décentralisé. A l’heure où le vote électronique et son fonctionnement suscitent des réserves, doit-on voir la blockchain comme un outil de sécurisation numérique et démocratique ?

Qu’est-ce que la blockchain ?

La blockchain est un registre numérique public, sécurisé et transparent qui fonctionne sans organe central de contrôle. Il contient des informations horodatées et regroupées sous forme de blocs, qui s’empilent les unes sur les autres pour former une chaîne : la blockchain.

Depuis l’explosion de la bulle Internet dans les foyers, toutes les interactions (e-mails, messages instantanés, envoi de documents...) reposent davantage sur un système de partage que sur un système d'échange. Autrement dit, lorsque l’on envoie un fichier à un autre utilisateur, il ne reçoit pas réellement le fichier en question, mais plutôt sa copie. Cette dimension peer-to-peer se complique lorsque l’échange de valeurs entre en jeu. Par exemple, si 30 euros sont envoyés d’un individu X à un individu Y, il est primordial que l’individu X n’ait plus accès à ces 30 euros. Une évidence qui s’applique également au vote électoral. Mais alors, comment s’assurer qu’un électeur n’ait pas accès deux fois à la même élection ?

La blockchain va révolutionner le vote

L’application de la blockchain au vote permet d’envisager un dispositif sécurisé. Son utilité est double : elle permet à la fois de simplifier le déroulement des élections et le dépouillement des bulletins de vote. Au-delà de ces facilités, elle réduit aussi considérablement les possibilités de fraude, grâce aux résultats transparents et précis qu’elle prévoit et qui font d’elle une véritable arme numérique contre les menaces informatiques.

Les champs de possibilités qu’offre cette application sont larges et sur le point de bouleverser les systèmes politiques et hiérarchies sociales traditionnels. La blockchain peut aller jusqu’à révolutionner le concept même du vote. En effet, dans un futur proche, plutôt que de donner sa voix à un candidat lors d'une élection, les citoyens pourront, s’ils le souhaitent, s’exprimer pour des décisions, et ceci en temps-réel. En effet, la blockchain peut rapidement et facilement dégager la position d’un peuple, et ce quasiment sans coûts économiques. En somme, elle rend possible la mise en place d’un référendum, organisé en peu de temps et auquel chaque citoyen pourra participer. Une participation qui était jusque là impensable dans nos sociétés actuelles.

La blockchain : un rempart contre la triche

Dans le cadre de la mise en place du vote électronique, la réponse habituelle aux questions de triche est de passer par un organe de contrôle externe. Néanmoins, un tel acteur n’est pas nécessairement exempt de défauts, bien au contraire. Les menaces encourues peuvent comprendre les cyberattaques, les bugs ou encore la fraude interne. Quoi qu’il en soit, dans le contexte du vote, le fait de faire appel à un acteur centralisé peut entrainer une remise en cause de l’ensemble des résultats d’une élection. C’est de cette dimension faillible que le vote électronique tire sa mauvaise réputation.

La solution décentralisée offerte par la blockchain permet de contourner ce problème. Mais à partir du moment où la blockchain est indépendante, qui est garant de sa sécurité ? En l’absence de tout autre acteur, elle doit assurer elle-même son bon fonctionnement. Heureusement, des mécanismes ont été conçus pour rendre impossible toute tentative de falsification ou d’attaque du réseau.

Pour commencer, chaque utilisateur est identifié sans faille sur le réseau grâce à un mécanisme d’identifiant unique. On sait alors précisément qui a réalisé quelle action dans le registre. Il est alors impossible de falsifier ou de réfuter les opérations enregistrées : chaque information inscrite dans le registre l’est définitivement, sans pouvoir n’être ni transformée ni altérée. Ensuite, un réseau est composé d’une multitude de nœuds. Puisqu’il existe non pas un mais plusieurs serveurs, si l’un d’entre eux venait à cesser son activité le reste prendrait le relai instantanément. De ce fait, si quelqu’un souhaite s’en prendre à la chaîne, il faut absolument qu’il fasse tomber tous les nœuds pour y parvenir.

Entre système infaillible imperméable à la triche et potentiel tremplin démocratique, la technologie blockchain a toute sa place dans l’organisation des élections. Le vote électronique, qui jusqu’à lors souffrait d’une mauvaise réputation, dispose donc aujourd’hui de moyens pour proposer à la société de demain une alternative plus qu’intéressante.