L’économie collaborative, longtemps au cœur des pratiques de l’Homme, refait surface depuis quelques années. Cela s’explique par trois facteurs. Tout d’abord par une évolution sociétale, avec un besoin perpétuel de plus de traçabilité, une recherche de lien social, sans oublier la quête d’expérience. Ensuite la situation économique de ces dernières années nous force à être plus vigilants sur nos dépenses, alors que nous ne souhaitons pas forcément voir baisser notre qualité de vie. Enfin, l’avènement des technologies favorise la connexion entre les gens et l’instauration de nouveaux outils.

C’est ainsi que le covoiturage est devenu une pratique généralisée avec Blablacar, que la location entre particuliers s’est envolée avec AirBnB. En matière de consommation alimentaire c’est la startup La Ruche qui dit oui qui fait partie de ceux qui tirent leur épingle du jeu.

Quand on demande à son cofondateur Marc-David Choukroun pourquoi s’être lancé dans cette aventure entrepreneuriale, il nous explique que nos pratiques agricoles et alimentaires doivent changer, sinon, nous allons dans le mur. C’était donc une idée qui faisait consensus depuis quelques années déjà quand le service a été lancé en 2011.

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Un besoin des producteurs comme des consommateurs

La Ruche qui dit oui développe donc depuis six ans aux quatre coins de la France des « Ruches », soit des communautés d'acheteurs (des voisins, des amis...) qui s'approvisionnent directement auprès des agriculteurs et des artisans locaux.

Grâce au site laruchequiditoui.fr, ils peuvent passer commande en ligne. Toutes les semaines, ou toutes les deux semaines, la communauté se réunit dans un endroit (public ou privé), toujours le même, et les acheteurs peuvent récupérer les commandes que les producteurs viennent livrer.

" C'est comme un petit marché éphémère, pré-payé par Internet, et organisé par les gens eux-même "

Marc-David Choukroun, cofondateur de la RQDO

À la tête de chaque Ruche, on trouve un porteur de projet, le responsable de Ruche. C'est un acteur de la société civile, qui s'engage à construire la communauté, puis à la faire vivre semaine après semaine. Avant de commencer, il lui faudra trouver un local où organiser les distributions, avant de déposer sa candidature sur le site internet.

Les équipes de Marc-David Choukroun le recontactent et, si sa demande est validée, l'accompagnent tout au long de son projet, même après l'ouverture de la Ruche (qui a lieu quand la communauté a atteint une taille suffisamment importante). Pour tout son travail, le responsable est rémunéré.

Les membres eux viennent avant tout chercher dans une Ruche des produits fermiers de bonne qualité. Mais ils défendent surtout une agriculture à taille humaine qui préserve l'environnement. L'aspect communautaire du service compte aussi beaucoup.

Les producteurs de leur côté sont toujours à la recherche de nouveaux débouchés, que ce soit par nécessité, par curiosité, ou par simple envie de changement. Le bouche à oreille s'est donc très vite propagé parmi eux, d'autant que le système des Ruches présente de nombreux avantages : une grande souplesse d'usage (on choisit ses Ruches, ses offres et ses prix), des outils qui font gagner du temps (facturation, comptabilité automatique, etc.), ainsi qu'un bon accompagnement par l'entreprise et par les responsables de Ruches eux-mêmes.

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" Pour beaucoup, la Ruche, c'est le rendez-vous de quartier où l'on se retrouve chaque semaine "

Marc-David Choukroun

Par définition, le réseau des Ruches est très hétérogène. Chaque Ruche est unique. Il existe des petites Ruches, gérées par des retraités qui s'en contentent très bien. Il existe des Ruches très dynamiques qui permettent au responsable d'en vivre et même d'avoir des employés. Il existe aussi des responsables qui gèrent deux voire trois Ruches en même temps pour en faire une activité à temps plein. Il y a des Ruches dans les métropoles, dans les villages, dans les campagnes... C'est un réseau multicolore, et chaque communauté ne ressemble qu'à elle-même.

Une plateforme d’utilité publique ?

Quand on demande au cofondateur de la plateforme si son entreprise ne serait pas d’utilité publique, cela lui demande un temps de réflexion, mais il approuve. C'est aussi le ressenti de l'Etat, le ministère du travail ayant délivré à l'entreprise l’agrément Entreprise sociale et solidaire (ESS) en 2012.

Article initialement publié le 3 août 2015