Avant toute chose, il est primordial de rappeler que toute démarche d’open innovation devrait se construire autour d’une base solide : la formalisation claire et précise du pourquoi du comment. Pourquoi faites-vous de l’open innovation (coopération grand groupe/startup) ? Quels sont vos objectifs business ? Souhaitez-vous faire de l’open innovation pour “faire de l’open innovation”, ou pour diversifier vos offres, transformer l’entreprise ou encore investir ? Après cela, vous pourrez sereinement vous attaquer à l’analyse des indicateurs déterminés par Yoomap comme les metrics clés de toute démarche d’open innovation. Travaillant avec plus de 35 grands groupes sur le sujet, la startup revient sur l’importance de s’attarder sur chacune de ces données.
Le nombre de startups rencontrées : quelques centaines par an
Le nombre de startups dans le radar d’un grand groupe, c’est le point d’entrée de toute démarche d’open innovation. À l’échelle d’un grand groupe, cela représente en moyenne quelques centaines de startups rencontrées par an. Pour cela, Richard Biquillon, CEO de Yoomap, recommande de combiner des réseaux de sourcing existants (Bpifrance, fonds d’investissement, grands salons internationaux, etc.) avec un réseau unique de sourceurs en interne, qui connaissent leur métier mieux que personne.
“Il faut ratisser large, et donner à chaque collaborateur la possibilité de rencontrer des startups. Impliquer un maximum les collaborateurs permet à la fois de multiplier les opportunités et de créer une communauté de startups lovers. Aller voir les startups au CES, tout le monde peut le faire. Créer un réseau de startups en lien direct avec ses métiers, seul un grand groupe peut le faire”
Richard Biquillon, CEO de Yoomap
La base de startups qualifiées : 15% des startups rencontrées
Étape suivante : la qualification des startups rencontrées, afin de mesurer le potentiel business d’une éventuelle collaboration. Ces premières évaluations, qui mobilisent peu de ressources (sondages, votes en direct, pitchs, mobilisation d’analystes, analyses collectives etc.), permettent en général de sélectionner 15 à 20% des startups rencontrées. Pour effectuer cette sélection rapidement, il convient de mettre de côté ses vieilles habitudes et son cahier des charges de 6 mois, au profit d’une approche plus progressive, tournée vers la startup, ses enjeux et son rapport au temps.
Le nombre de POC réalisés : entre 5 et 10% des startups rencontrées
Pour Richard Biquillon, le nombre de startups avec qui un grand groupe “fait réellement quelque chose” est encourageant : elles sont de plus en plus nombreuses chaque année, avec un taux qui oscille entre 5 et 10% des startups initialement rencontrées. Pour en arriver là, il est essentiel de trouver un cas d’usage concret à tester sur le terrain, en situation réelle.
“Les sourceurs ramènent les startups, les attrapeurs – ceux qui ont la capacité à les tester dans la réalité – mènent ensuite le POC. C’est le passage du potentiel à l’opportunité”
Richard Biquillon
Le déploiement de projets business : quelques élues
Elles sont ensuite quelques élues à atteindre l’étape ultime : le déploiement industriel de leur projet. Les success stories ne sont pas encore très nombreuses mais commencent petit à petit à éclore au côté des grands groupes, en passant par un processus de qualification plus abouti : analystes internes, sociétés spécialisées dans la qualification de startups sont mobilisées pour faire un véritable “bilan de santé” de la situation financière de la startup et de sa capacité industrielle. “Ici, on remet le sentiment du risque dans la balance”, précise Richard Biquillon. Le ROI n’est pas toujours facile à mesurer mais ces collaborations grand groupe/startup peuvent avoir un impact business potentiellement très fort.
La transformation culturelle de l’entreprise : essentielle
Travailler avec une startup n’est pas naturel. Il faut le vivre pour le comprendre. Expérimenter, échouer, recommencer. L’enjeu pour les grandes entreprises est donc là, au coeur du système, dans la transformation de la culture d’entreprise. Sensibiliser oui, mais pas que.
“Pour que chaque collaborateur puisse saisir les enjeux d’une démarche d’open innovation, il faut les laisser apprendre à travailler en réseau et mettre l’entreprise à l’horizontal. C’est la culture du test and learn à laquelle il faut laisser sa chance“
Richard Biquillon
Dans ce sens, on voit aujourd’hui de nombreuses entreprises mettre en place des dispositifs d’intrapreneuriat pour encourager leurs collaborateurs à entreprendre en interne, et mieux accueillir l’innovation.