Révolutionner notre santé et marier le virtuel et le réel, tel est l’objectif depuis des années des géants de la Tech et de quantité startups à travers le monde. Connectivité et gestion des données en tête, les enjeux de transformation du secteur médical sont nombreux. À force de connecter nos appareils et téléphones à notre corps et mesurer régulièrement nos efforts et activités, nous devenons plus que jamais acteurs de notre bien-être, et parfois même, de notre santé.

IoT : Attention à la bulle du wellness

Pour autant, ces objets connectés qui rythment notre quotidien et nous servent à suivre modestement nos performances ne répondent pas à la réalité industrielle du monde médical. “Au-delà d’une tendance individualiste, les gadgets du quantified self ne répondent pas à un besoin qualifié”, précise Philippe Salamitou, Founder & CEO de SRETT.

D’après lui, pour mieux comprendre les enjeux de l’IoT dans le secteur médical, il faut avant tout se pencher sur les solutions connectées industrielles, qui sont celles qui apportent de réels bénéfices, notamment en termes de maîtrise des ressources humaines. En effet, l’enjeu majeur du monde dans lequel nous vivons est d’offrir davantage de services, avec moins de ressources. “Notre période est caractérisée par un vieillissement de la population ou le ratio médecin/patient diminue : de moins en moins de médecins d’un côté, de plus en plus de patients de l’autre” ajoute Philippe Salamitou.

IoT : Une évolution durable si elle répond à un besoin social

Les nouvelles technologies représentent une formidable opportunité pour le secteur médical, tant au point de vue scientifique que social, en permettant aux patients de créer un nouveau lien avec le corps médical et de suivre leur santé de manière collaborative.

Le succès de l’IoT, comme toutes les révolutions durables, est la rencontre entre un progrès technologique d’une part et un besoin social de l’autre

Philippe Salamitou, CEO & Founder de SRETT

Entre le wellness et des technologies de pointe au service de la santé, la médecine connectée permet au patient d’avoir un meilleur contrôle sur sa santé, au médecin d’avoir une information plus précise sur la progression de l’état de santé de son patient. C’est un moyen d’enrichir la relation professionnelle avec des données objectivées. Pour démontrer la pertinence de cette nouvelle relation aux médecins, SRETT a réalisé une étude auprès de patients soignés pour apnée du sommeil. Le constat est sans appel : les patients qui collectent des données de traitement et les échangent avec leurs professionnels de santé prennent mieux leur traitement. C’est d’ailleurs dans ce sens que la loi évolue : en 2018, les professionnels de santé qui suivront leurs patients à distance au moyen d’une solution connectée seront mieux remboursés par la Sécurité Sociale. Pour Philippe Salamitou, à travers cette loi, “l’État français formule donc cette conviction : grâce à la santé connectée, les professionnels offrent un service plus efficace à leurs patients”.

Quand l’IoT répond à des besoins qualifiés

D’après le CEO de SRETT, les objets connectés, et plus particulièrement ceux assurant un suivi médical à distance, rencontrent le plus de succès lorsqu’ils répondent à un besoin qualifié. On peut citer comme exemple les deux cas d’usage prédominants à ce jour lorsque l’on parle d’IoT dans le secteur médical : l’amélioration de la prise en charge des maladies chroniques et la surveillance des signes vitaux dans certaines situations médicales.

Pour le premier, l’IoT permet de faciliter la contrainte imposée par un traitement chronique et palier le découragement des patients au fil du temps. Avec l’aide de solutions connectées, la famille et les professionnels de santé reçoivent des données objectives leur permettant de mieux analyser l’évolution de l’état de santé du patient et de l’aider à reprendre son traitement efficacement.

Quant au second cas d’usage, il se présente lorsque la connaissance des signes vitaux d’un patient devient critique, comme c’est le cas en amont et en aval d’une hospitalisation programmée pour une opération. Le médecin a besoin de connaître le plus précisément possible l’état de santé du patient qu’il va opérer, puis de le suivre une fois sorti de l’hôpital pour s’assurer de son bon rétablissement. 

Une adoption lente et réglementée : un avantage compétitif pour l’Europe

Même si la tendance IoT du wellness a permis l’entrée sur le marché de dispositifs intéressants pour le suivi médical, il est indéniable que la réglementation pour les usages à vocation médicale ne peut pas être la même. Au sein de l’Union Européenne, la réglementation sur la collecte et l’usage des données de santé est très stricte, tant en ce qui concerne la sécurité technique du traitement numérique de la donnée, que l’usage qui en est fait ensuite. La CNIL est particulièrement vigilante sur l’usage que les opérateurs peuvent faire des données personnelles et la réforme en cours, liée à l’entrée en vigueur du Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) accroît significativement son pouvoir de sanction. Et pour Philippe Salamitou, cela représente sans aucun doute un avantage compétitif pour l’Europe, car cette réglementation “génère la confiance des patients et des professionnels de santé, et un professionnalisme croissant des opérateurs des données de santé”.

Par ailleurs, d’après lui, l’usage excessif qui peut être fait des objets connectés et la dépendance qui en découle ne peut être vraie que lorsque l’usager est livré à lui-même, dans une forme de contrôle et de solitude. “L’objet connecté est destiné à connecter le médecin à son patient et à ses proches et non à le connecter à une autre version de lui-même, sous forme de courbes et de statistiques. L’échange de données doit être utilisé au service des communautés, et non de l’individu isolé” conclue-t-il pour nous rappeler combien il est important d’encadrer l’arrivée de l’IoT dans le secteur médical.

Maddyness, partenaire média de SRETT