Plus qu’un thème d’actualité, l’entrepreneuriat est aujourd’hui, et de plus en plus, un sujet de société : enseignants, chercheurs, managers, dirigeants d’entreprise, consultants, hommes politiques, tous ou presque s’y intéressent. Les success stories d’entrepreneurs et les conseils à destination de ceux qui envisagent de le devenir se multiplient dans la presse généraliste et les médias spécialisés. Et les chiffres confirment cette tendance. Depuis la création du statut d’auto-entrepreneur en 2008, le nombre de créations d’entreprise a explosé, avec plus de 45 000 nouvelles entreprises créées chaque année selon l’Insee.

Mais l’aspect sociétal de l’entrepreneuriat ne se limite pas aux créations d’entreprise : il s’agit aussi d’un “esprit”, qui infuse depuis quelques années ses valeurs dans les autres champs, comme la politique ou les entreprises. A tel point que l’on parle parfois d’une “culture entrepreneuriale”. Le contexte socio-familial, économique, éducatif ainsi que les expériences vécues peuvent l’influencer. Ce sont ces facteurs qui vont forger l’individu et développer chez lui des traits de caractère tels que la curiosité, la persévérance, le goût du risque, le leadership, l’autonomie, la créativité ou encore le sens des responsabilités.

Les écoles, moteurs de la transition ?

Et il semblerait que les écoles se soient emparées de cette mission. En quelques années, l’entrepreneuriat est devenu partie intégrante de l’enseignement supérieur. De nombreux établissements y consacrent désormais des programmes spécialisés (328 selon le site Diplomeo), développent leurs incubateurs, et promeuvent cette voie au même titre que des carrières plus classiques. Le statut d’étudiant-entrepreneur permet même aux jeunes entrepreneurs de concilier leurs aspirations avec leur cursus académique.

“De plus en plus de candidats expriment cette volonté d'avoir au moins une expérience entrepreneuriale pendant leur scolarité ; quelques uns entrent à l'école en ayant déjà eu une première expérience” confie Xavier Lesage, responsable de la majeure Entrepreneuriat, en charge de l'incubateur de l’ESSCA. Car même si le diplôme ne fait pas l’entrepreneur, les entrepreneurs ont encore du mal à s’en passer. Ils sont même de plus en plus diplômés selon l’Insee : 31% d’entre eux ont au moins une licence, un chiffre en augmentation de 4% par rapport à l’année dernière. La faute à un marché du travail toujours plus concurrentiel, qui pousse les étudiants à se démarquer dès la formation. Une dynamique très vite identifiée par les écoles de commerce : fortes de leur expertise sur la gestion d’entreprise, elles se sont logiquement imposées comme les moteurs de la transition. Mais pour attirer les plus brillants, les écoles se livrent à une “guerre des talents” qui passe forcément par une adaptation des contenus.

Les grandes écoles l’ont bien compris : HEC propose par exemple, depuis plus de dix ans des formations à l’entrepreneuriat, et a alloué des fonds à ses sections de recherche. Pour l’ESSCA, une des premières écoles post-bac françaises, il ne fait aucun doute que l’entrepreneuriat doit être au coeur de leurs programmes. Aujourd’hui, l’école ne compte pas moins de quatre modules distincts, qui ont déjà formé 250 étudiants en 5 ans. De l’introduction à l'entrepreneuriat à la majeure dédiée, en passant par “Starting your own startup”, chaque année de formation à l’ESSCA permet aux étudiants de se mettre dans la peau d’un entrepreneur. Et pour les plus motivés, l’école propose un MSc (master of science, dispensé en anglais) complètement tourné vers l’entrepreneuriat.

“ Nous affichons une volonté forte : doter nos étudiants d'une culture entrepreneuriale, c'est-à-dire cette capacité à initier, monter, participer, piloter, développer, redéployer un projet quelque qu’en soit le contexte, dans la création d’entreprise bien sûr, mais aussi dans la reprise d'entreprise, ou dans le développement d'affaire pour une franchise par exemple, d’une PME ou d’un grand groupe, dans le développement d'une affaire à l'international, etc. 

Xavier Lesage, responsable de la majeure Entrepreneuriat, en charge de l’incubateur

Dans la même veine, l’école s’ouvre vers l’extérieur et souhaite accompagner les plus jeunes (17-25 ans) dans la découverte de l’entrepreneuriat avec le lancement de son prix Digiprize, avec comme ambition de soutenir les projets digitaux innovants de groupes d’étudiants talentueux.

Les écoles de commerce ont su pivoter rapidement pour proposer des formations en adéquation avec les évolutions du marché et donc les attentes des étudiants. Et le succès a pris : les formations se multiplient, notamment dans les écoles d’ingénieurs. Et si demain les autres structures d’enseignement supérieur se saisissaient elles aussi de ces questions ? Certes, toutes n’auront pas les moyens de créer des incubateurs ou d’accompagner d’aussi près les étudiants, mais il y a fort à parier que, dans une logique d’insertion professionnelle, les laboratoires de recherche des IUT, BTS et autres licences auront à coeur d’adapter les contenus des programmes aux évolutions du secteur et aux besoins du marché du travail. Jusqu’à envisager des cours de “culture entrepreneuriale” au lycée ?

Maddyness, partenaire média de l’ESSCA