30 membres, dont 10 issus de la société civile, 10 acteurs économiques et 10 académiques. Le nouveau board du Conseil National du Numérique a enfin été dévoilé à la presse, ce matin. À sa tête : Marie Ekeland, cofondatrice du fonds d'investissement Daphni, qui devra porter les ambitions de la structure avec un objectif central : "penser demain".

Édit : À peine annoncé, déjà fragilisé... Quelques heures après sa présentation officielle, la nouvelle composition du Conseil national du numérique fait des remous. Plusieurs responsables politiques ont ainsi pointé du doigt la présence parmi les 30 membres de l'essayiste Rokhaya Diallo et du rappeur Axiom. La députée Les Républicains des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer a ainsi dénoncé dans un communiqué les "contradictions" du gouvernement, critiquant certaines prises de position de la romancière mais aussi des paroles d'un texte du rappeur.

Conséquence immédiate : la nouvelle présidente, Marie Ekeland, va devoir revoir sa copie, à la demande du secrétaire d'État au numérique, Mounir Mahjoubi. Mercredi soir, ce dernier a ainsi estimé dans un communiqué que "le Conseil a besoin de sérénité pour travailler et les derniers échanges sur la composition du Conseil soulignent que ces conditions ne sont pas pleinement réunies". Et pointe implicitement du doigt les libertés prises par Marie Ekeland : "la présidente du Conseil a pu, ce qui est inédit, composer son équipe, en intégrant des points de vue dont certains peuvent être différents de ceux du gouvernement". Une "indépendance de pensée" soulignée en conférence de presse qui aura finalement été peu appréciée et aura été de (très) courte durée.

Porté par un président de la République et un Premier ministre résolument tournés vers le numérique, le gouvernement veut faire du secteur un enjeu central de sa politique. Ce lundi matin, Mounir Mahjoubi, secrétaire d'État au numérique, s'est félicité dans les nouveaux locaux du Conseil National du Numérique que celui-ci ait réussi à influencer la politique française et européenne, les enjeux numériques ayant notamment marqué la campagne présidentielle au mois de mai. "Le précédent CNNUM a fait des choses extraordinaires, pas parce que j'en étais le président mais parce que j'ai vu ce qui a été fait : le plan croissance connectée a influencé les gouvernements précédent et actuel. Nous avons créé un nouveau mode de pensée, une nouvelle façon de faire", s'est-il réjoui, avant d'avertir qu'avec "un gouvernement très compétent sur le numérique, le CNNUM doit être encore plus compétent".

Le nouveau conseil devra à la fois faire vivre ce bilan et trouver sa nouvelle feuille de route, "un changement dans la continuité", a résumé avec justesse Marie Ekeland, sa nouvelle présidente, intronisée par son prédécesseur. "On est à un moment où c'est vital de penser demain parce qu'on fait face à des enjeux à la fois écologiques, sociaux et éthiques, a-t-elle expliqué. Le numérique est force de transformation de la société, il faut l'utiliser pour construire la société dans laquelle on a envie de vivre demain. Réussir une transformation numérique ne veut rien dire en soi, ce n'est pas un objectif. Il faut asseoir le numérique à l'intérieur d'une réflexion autour de la société et de ses valeurs : quel monde voulons-nous construire pour nous et nos enfants ?"

La diversité, symbole du nouveau board

Dévoilée ce lundi matin, la nouvelle composition du Conseil national du numérique doit lui permettre d'élargir ses compétences, en agissant notamment sur toutes les questions économiques liées au numérique. Et ce, en toute indépendance, promettent en choeur Marie Ekeland et Mounir Mahjoubi. "L'indépendance de pensée a été une condition-clé de la composition de ce Conseil", assure la nouvelle présidente, qui - pour la première fois - a soumis les noms des membres à l'approbation du premier ministre et non l'inverse. De son côté, le secrétaire d'État au numérique invoque la vision d'Emmanuel Macron sur le Conseil : "un rôle de pivot, un nouvel objet de la génération numérique : hyper indépendant mais hyper influent", aurait ainsi défini le président de la République. "Le Cnnum doit être capable de nous dire quand on fait une connerie mais aussi de nous donner les directions dans lesquelles on doit regarder", résume Mounir Mahjoubi.

Et ce ne sont pas les pistes de réflexion qui manquent. Marie Ekeland a égrené pas moins de huit thématiques que le Conseil devra approfondir : l'évolution du modèle social français, à l'aune de la robotisation et de l'intelligence artificielle; la gouvernance internationale, soumise aux contraintes d'éthique et de souveraineté; l'éducation, l'expérimentation et la création comme vecteurs d'acquisition de compétences; l'inclusion numérique, à la fois sociale et paritaire; l'écologie; l'évolution des modèles de financement pour les entreprises; la transformation numérique des entreprises, des TPE aux grands groupes; et enfin, la transformation de l'État lui-même.

Une diversité des missions que l'on retrouve dans la composition même du nouveau Cnnum. Le nouveau board comporte toujours 30 membres, dont 10 sont des acteurs économiques, 10 sont issus du monde académiques et 10 autres de la société civile. "Beaucoup de personnalités ne sont pas issues du numérique, a expliqué Marie Ekeland. Le Conseil rassemble pour intégrer toute la complexité de la société française grâce à des experts." Ces derniers doivent participer à un séminaire de lancement en janvier avant de pouvoir plancher sur leurs premiers dossiers.

Les membres du board

Les acteurs de la société civile :

  • Flore Vasseur, romancière et réalisatrice (thématique : financement des entreprises)
  • Rokhaya Diallo, essayiste et réalisatrice (thématique : inclusion numérique)
  • Dominique Dron, membre du conseil général de l'économie (thématique : écologie)
  • Hicham Kochman, alias Axiom, rappeur et entrepreneur (thématique : éducation)
  • Xavier Duportet, fondateur du Hello Tomorrow Challenge et d'Eligo (thématique : écologie)
  • Claude Terosier, fondatrice de Magic Makers (thématique : éducation)
  • Jean-Marc Merriaux, directeur du réseau Canopé (thématique : éducation)
  • Margault Phelip, fondatrice d'Emmaüs Connect (thématique : inclusion numérique)
  • Nadège Guiraud, directrice des programmes à la 27e Région (thématique : transformation de l'État)
  • Jean-Philippe Delbonnel, maire de Fleury-les Aubrais (thématique : inclusion numérique)

Les acteurs du monde académique :

  • Frédérick Douzet, titulaire de la Chaire Castex de Cyberstratégie (thématique : gouvernance internationale)
  • Michèle Sebag, chercheuse au CNRS (thématique : évolution du modèle social)
  • Amandine Brugière, responsable du département Etudes Capitalisation Prospective chez Anact (thématique : évolution du modèle social)
  • Pierre-Yves Geoffard, économiste (thématique : évolution du modèle social)
  • Nguyen Tran, médecin et fondateur de l'école de chirurgie de Nancy (thématique : évolution du modèle social)
  • Antoine Petit, président du conseil d'administration de l'Inria (thématique : financement des entreprises)
  • Laurence Fontaine, historienne (thématique : transformation numérique des entreprises)
  • Godefroy Beauvallet, membre du CGE (thématique : transformation de l'État)
  • François Taddéi, directeur du Centre de recherches interdisciplinaires (thématique : éducation)
  • Célia Zolynski, juriste (thématique : gouvernance internationale)

Les acteurs de l'économie :

  • Marie Ekeland, présidente du Cnnum et fondatrice du fonds d'investissement Daphni
  • Gaël Duval, fondateur de JeChange.fr (thématique : financement des entreprises)
  • Clémentine Gallet, fondatrice de Coriolis Composites (thématique : évolution du modèle social)
  • Rand Hindi, fondateur de Snips (thématique : gouvernance internationale)
  • Pascal Daloz, directeur général adjoint responsable du développement Corporate chez Dassault Systèmes (thématique : transformation numérique des entreprises)
  • Benoît Thieulin, fondateur de la Netscouade (thématique : gouvernance internationale)
  • Aymeril Hoang, directeur de l'innovation à la Société générale (thématique : financement des entreprises)
  • Perrine Hervé-Gruyer, agricultrice (thématique : écologie)
  • Françoise Mercadal-Delasalles, directrice générale déléguée du Crédit du Nord (thématique : transformation numérique des entreprises)
  • Eric Carreel, fondateur de Withings (thématique : transformation numérique des entreprises)