Si aujourd'hui nous écrivons cet article, c'est pour faire un retour d'expérience sur notre opération de Fusion-acquisition. Si c'était à refaire, nous le referions. Nous ne regrettons pas du tout ce choix, et nous sommes convaincus qu'il n'y a pas que la levée de fonds comme solution pour mener au bout son idée de startup !

L'idée, le projet, la startup

L'aventure Proxiprof a commencé en 2014. On était tous les deux professeurs particuliers et on trouvait aberrant de devoir encore poster des petites annonces dans les boulangeries pour trouver des élèves. Partant de ce constat, on s'est posé cette question : pourquoi ne pas faire une plateforme où on pourrait trouver facilement et en quelques clics un professeur près de chez soi, le tout en naviguant sur un map à la manière de AirBnB ? C'est de ce questionnement qu'est née l'idée de créer le site Proxiprof.

Mais il manquait un élément essentiel à notre équipe : un développeur. En activant nos réseaux, on a rapidement trouvé notre CTO, qui était en dernière année d'école d'ingénieur en informatique. L'équipe était au complet ! On a alors intégré le dispositif d'Etat Pôle Pépite , qui est le pôle universitaire chargé de l'entrepreneuriat. Rejoindre ce dispositif était une réelle opportunité car il nous a permis de nous installer dans un bureau au sein de l'IUT d'Aix-en-Provence ... et de sortir de notre garage ! Une nouvelle dynamique s'est alors mise en place car on pouvait désormais évoluer dans un environnement professionnel.

Proxiprof était la première plateforme à proposer ce type de recheches. Deux ans après sa mise en ligne, le site comptabilisait plus de 17000 professeurs particuliers dans toute la France. Nous avions dépensé toutes nos économies personnelles dans ce projet, si nous souhaitions continuer à trouver la traction il nous fallait un petit financement.

Le crowdfunding, un financement pour accélérer notre développement

On avait besoin de grandir rapidement afin de faire notre première preuve de marché et valider le projet, et, ayant épuisé toutes nos ressources propres, on a décidé de se lancer dans un crowdfunding. Ce crowdfunding était à but humanitaire, avec un tiers des fonds récoltés reversés à une association pour la construction d'une médiathèque à Madagascar. C'était une manière pour nous d'oeuvrer à notre échelle en menant une action concrète en faveur de l'éducation. On a pu récolter 10.000 euros en 40 jours. Cette somme nous a permis d'accélérer notre développement, ce qui s'est traduit concrètement par de plus en plus de mises en relation. Grâce à cette somme nous avons pu réussir à valider notre marché en investissant de manière intelligente les sommes récoltées. Nous avons directement senti les effets bénéfiques de ce crowdfunding, les inscriptions ainsi que les mises en relation étaient en très forte croissance. Tout allait pour le mieux chez Proxiprof à ce moment précis.

La séparation avec notre CTO, le premier gros coup dur

Malheureusement, quelques mois plus tard, nous nous sommes séparés de notre CTO, pour des divergences d'opinions. Ce changement au sein de l'équipe a représenté un véritable handicap et un tournant majeur pour notre startup. Cela a vite stoppé la dynamique dans laquelle nous étions et nous a confronté à de nombreux problèmes liés au développement.

On devait vite réagir si on voulait continuer à mener à bien notre aventure. Nous avons donc dû réfléchir très rapidement aux différentes possibilités qui s'offraient à nous pour acquérir une force IT , élément indispensable si l'on voulait passer à la vitesse supérieure et ainsi continuer à développer notre Startup. Nous étions au pied du mur, et seul un financement pouvait nous permettre de sortir la tête de l'eau. Nous avons arrêté tout ce sur quoi nous travaillions à l'époque pour vraiment nous focaliser sur le meilleur financement possible. Et il fallait l'obtenir très rapidement !

Le point positif, on savait ce qu’on ne voulait pas. Nous ne souhaitions pas passer par une levée de fonds et perdre notre indépendance sans avoir vraiment réussi à nous imposer dans le cours particulier. Nous étions vraiment fermés aux VC car pour nous, cela signait la fin de notre indépendance sur le plan capitalistique mais aussi décisionnelle. C'est notre volonté de garder le contrôle dans le projet qui nous a éloigné d'un éventuel rapprochement avec différents fonds d'investissement capital-risque.

Une rencontre imprévue, le pivot du projet

La solution la plus pertinente qui s'offrait à nous était un prêt bancaire. C'est ce vers quoi nous avons décidé de nous tourner. Pour appuyer notre dossier et le montant emprunté nous nous sommes rapprochés de la Banque Publique d'Investissement. Nous savions que nous étions éligibles à une subvention, « la Bourse French-Tech », ce qui représentait une garantie si nous voulons faire un emprunt bancaire. Dans un laps de temps très court nous avons du réaliser toutes les démarches, d'une part pour cette subvention, et d'autre part pour notre emprunt bancaire. Nous allions récupérer un financement de 150.000€ avec la subvention couplée à l'emprunt bancaire, tout était quasiment signé. Il ne restait que quelques formalités avant de conclure l'obtention de ce financement. Ça y est, on voyait enfin le bout du tunnel, on commençait déjà à se préparer à l'étape supérieure qui était l'investissement de ces ressources dans le recrutement de plusieurs développeurs ! Mais si la vie en Startup nous a appris une chose, c'est qu'au moment où vous pensez que tout est résolu et figé, en fait ça ne l'est pas, c'est à a ce moment précis que ça va bouger !

Comme une coïncidence, c'est à ce moment là qu'Albert Clemente a choisi d'entrer en contact avec nous par le biais de Linkedin. Ce n'était pas une approche agressive : il nous contactait pour en savoir plus sur qui nous étions. Et il avait surtout envie de collaborer avec nous et, de ce fait, il était prêt à étudier toutes les formes possibles de collaboration. Ce message est arrivé comme une bombe qui a chamboulé nos esprits. Nous sommes donc partis à sa rencontre afin de ne pas prendre de décisions trop hâtives.

Ce qui nous a convaincu : un CEO en or

Albert est un entrepreneur qui a commencé seul il y 10 ans, sur le même constat que nous et avec la même vision. Il a lancé son premier site internet Tusclasesparticulares.com, Une fois la scalabilité établit, il décide de lancer son site internet dans tous les pays hispanophones d’Amérique. Cela lui a permis de créer une communauté de professeurs parlant espagnol sur toute la planète, de là est né son autre grand projet, ClassGap, une plateforme qui vous permet d'apprendre en vidéo l'Espagnol avec un professeur issu du pays que vous souhaitez ! En dix ans ClassGap a réussi à s'imposer comme le leader incontesté du cours particulier en Espagne et en Amérique du Sud avec Tusclasesparticulares.com. Nous sommes donc allés rencontrer Albert dans ses bureaux à Barcelone. Lors de cet échange, nous avons pu comprendre sa vision du cours particulier, et celle-ci rejoignait la notre. C'est lors du rendez vous que nous avons pu découvrir qui il était et ce qu'il voulait. C'est là qu'il nous a fait part de sa volonté de conquérir le marché français ainsi que l’Europe en s'alliant à un acteur majeur. Pour nous il était impensable de se séparer entièrement du projet et c'est ce que nous lui avons fait savoir très rapidement. Vendre notre entreprise sans avoir tout fait pour l'emmener tout en haut nous aurait laisser un goût d'inachevé. La seule option possible pour nous était de réaliser une opération de Fusion-Acquisition, car cela représentait pour nous l'opportunité de poursuivre notre projet avec la vision que nous avions pour Proxiprof avec beaucoup plus de moyens humains et financiers.

S'en sont alors suivis deux mois de négociations intensives. Nous avons pu bénéficier d'un accompagnement par Provence Promotion lors de cette période de négociation. Cela était une première pour nous, nous étions méfiants des deux côtés. En effet, une fois le processus de négociation enclenché, il y a une phase de due diligence où nous devons “ouvrir les portes” de notre startup pour montrer pâte blanche envers le repreneur. Nous étions méfiants car pour nous il s'agissait potentiellement d'un futur concurrent qui voulait simplement sonder le marché à travers nos statistiques. Lors de cette négociation le plus important pour nous était de garder une part d'indépendance et d'autonomie dans la suite de la gestion du projet. Plus que notre base de données c'était nos deux profils et personnalités qui l'intéressaient. Il était conscient que l'humain est au centre de la réussite d'une startup. Dans son discours il a réussi à nous convaincre à nous séparer de notre premier bébé, en nous propulsant directement à la tête de son nouveau projet pour la France.

La Fusac, le tournant historique: Proxiprof devient Voscours.fr

Voilà, on a signé et ensuite ? Ensuite nous avons dû nous occuper de la migration de notre ancien site internet vers le nouveau, cela passe aussi par le changement de nom. Désormais Proxiprof.fr n'existe plus, maintenant c'est voscours.fr ! Pour nous c'était assez difficile au début de se dire que notre bébé avait complètement disparu des réseaux, mais nous avions aussi hâte de commencer à nous occuper de notre nouveau projet.

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Concrètement qu'est-ce qui a changé pour nous ?

On a désormais rejoint une aventure beaucoup plus ambitieuse au regard des moyens humains et financiers mis en place pour la réussite de ce projet. Cela nous a aussi permis de gagner une certaine sécurité et stabilité dans notre quotidien. Désormais nous n'avançons plus avec toute la pression que représentait le fait de « se lancer ».

Aussi, cela nous a permis de rejoindre une équipe et ainsi de quitter la solitude de startupers. On n'est jamais vraiment seul dans sa startup surtout lorsque l'on est deux associés, mais cette opération nous a permis de nous entourer des bonnes personnes. Aujourd'hui,on peut vraiment s'appuyer sur le succès et l'expérience d'Albert dans le choix de nos décisions stratégiques. C'est un changement que l'on ressent au quotidien car nous avons une équipe de développeurs qui travaille avec nous pour nous permettre de nous concentrer sur la stratégie et de ne plus nous soucier des différents aspects techniques.

Cela nous a fait changer de rythme : alors que nous pensions à court terme, Albert pense à long terme. Nous apprenons énormément de lui, et des process qu'il a mis en place pour arriver au succès. Il est devenu notre mentor, et nous sommes ravis de la relation que nous avons avec lui car elle est très loin d'être celle que l'on peut avoir avec un investisseur. Elle est plus humaine !

On jouit d'une grande autonomie dans la prise de décisions sur le marché français. Une fois par mois, on se rend à Barcelone afin de travailler et d'échanger avec l'équipe. C'est un véritable changement d'être au sein d'une grande équipe ! On apprend énormément de notre collaboration avec Albert Clemente grâce à son expérience et ses qualités d'entrepreneurs. À terme, il souhaite construire le même projet réalisé en Espagne, avec une équipe aussi conséquente et nous souhaitons faire partie de cette aventure.

N’oubliez pas une chose, même si vous fusionnez avec un grand groupe et que vous travaillez pour ce grand groupe, ne pensez pas que vous n’êtes plus un entrepreneur, car être entrepreneur est une attitude de tous les jours, que vous soyez salarié ou chef d’entreprise. Restez des entrepreneurs dans l'âme !