J’ai passé plusieurs mois à Tel Aviv aux côtés de Oneragtime, afin de screener l’écosystème, trouver de belles startups dans lesquelles investir et surtout essayer de comprendre le sens de cette phrase. Les israéliens l’utilisent comme outil marketing, mais cette phrase est bien plus que le titre d’un livre. C’est une réalité. Israël n’est pas qu’une startup nation, mais une nation de startups.
La question se pose donc : comment est ce possible ? Quelle est la recette d’innovation d’Israël ?
Avec l’équipe de Oneragtime, on a décidé de répondre à cette question avec une infographie (en anglais) qui résume parfaitement les liens entre les différents acteurs de l’écosystème et comment chacun contribue à la réussite de cet esprit d’innovation :
En Israël, le service militaire est obligatoire, entre 18 et 21 ans. Il prépare le futur de tous les citoyens. Il y a quelques unités de renseignement exceptionnelles qui forment des experts en technologie ou en informatique, des hackers… comme on en voit nulle part ailleurs. Par exemple, 8200 est l’unité d’information et de renseignement suprême de l’armée israélienne ou encore 81 qui se concentre sur la fourniture des technologies les plus avancées aux soldats israéliens. La culture et la méthodologie d’enseignement y sont exceptionnelles :
« Il n’y a personne autour de vous qui vous indique la marche à suivre. La culture –et c’est comme ça que ça fonctionne ici – veut que vos supérieurs vous demandent de vous débrouiller. Ceci vous donne l’immense liberté de pouvoir penser différemment. C’est vous et personne d’autre. Et quand vous êtes un entrepreneur, c’est la qualité la plus importante«
Avishai Abrahami, fondateur de Wix
Quand on se dit que la grande majorité des innovations technologiques que nous connaissons maintenant, comme le GPS ou Internet provient des services technologiques de l’armée américaine, on peut imaginer à quel point l’armée israélienne contribue à cet esprit d’innovation que l’on constate dans le pays. Plus de 1000 startups ont été montées par des alumin de l’unité 8200 : de Waze à Check Point, en passant par Mirabilis, l’entreprise-mère de ICQ et 90% du matériel utilisé par le service des renseignements en Israël provient de 8200, selon Forbes.
En Israël, le gouvernement consacre une grande partie de son budget à l’Armée, ainsi qu’à la recherche et développement technologique (20% et 4% de son PIB, respectivement). Le graphique ci-dessous fait par l’institut Samuel Neaman (en anglais) montre clairement la manière dont le gouvernement et les entreprises publiques contribuent à l’émergence de tous les types de pôles d’innovation.
Crédit : Institut Samuel Neaman – L’écosystème d’Innovation Israélien
Crédit : Lior Weizman – Deloitte Israël
Il y a environ 350 centres de recherche et de développement multinationaux en Israël, la plupart de ces centres ont été créés après l’acquisition d’entreprises israéliennes spécialisées dans les nouvelles technologies. Les centres de recherche et de développement forment une part importante de l’écosystème d’innovation israélien. Ils créent de la valeur technologique non négligeable : ils représentent en effet environ 50% des investissements en recherche et développement. De plus, ces centres de recherche et de développement ont un effet positif sur l’économie, en termes de salaires et de productivité. Les employés des centres de recherche et de développement passent aussi par différents acteurs du secteur des hautes technologies au cours de leur carrière, leur permettant ainsi de « distribuer » les compétences technologiques et managériales acquises. Dans le monde professionnel, ce phénomène est connu sous le nom de « débordement », selon l’édition 2017 du rapport de l’Autorité Israélienne de l’innovation.
Israël compte environ 150 Vcs en activité. Certains sont connus pour leur expertise dans un secteur donné comme la cyber-sécurité, les biotechnologies ou la fabrication industrielle, d’autres pour leur brillant track record (Magma, Pitango, Gemini, Canaan, JVP…). En bref, l’écosystème de financement est impressionnant et il n’y a pas besoin d’expliquer à quel point ce dernier contribue à l’écosystème. Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
Voici un excellent mapping de l’écosystème de financement en Israël avec la plupart des acteurs :
Crédit : I angels
Israël est un tout petit pays, peuplé de 8,5 millions d’habitants, parmi lesquels environ 480 000 vivent à Tel Aviv. Quand vous pensez que la moitié de ces gens sont des consommateurs et qu’encore moins de monde aura accès à du capital libre, un fait se dégage clairement : vous ne pouvez pas imaginer lancer avec succès votre produit ou votre service dans cette région. Vous devez vous résoudre à étendre votre marché à l’échelle mondiale. Il vaut mieux ne pas avoir de marché du tout que d’en avoir un petit, cela oblige à rêver plus grand : « To live, you’ll have to go big. »
Ceci étant dit, les données concernant Israël sont impressionnantes, comparées à sa structure. Par exemple, la population a doublé en 30 ans (passant de 4,1 millions d’habitants à 8,2 millions d’habitants), son PIB a augmenté de 400%, ses réserves en devises étrangères ont augmenté de 3%, ce qui a permis de réduire la dette de 76%. Les dépenses de sécurité par rapport au PIB ont aussi baissé de 75%, le déficit de – 82%, la pression fiscale de 30%, et l’aide américaine (en tant que pourcentage du PIB) de 90%. Israël doit cette croissance impressionnante au moins en partie aux succès rencontrés dans le secteur de la high tech qui ont entraîné l’apparition d’un flux continu d’investissements étrangers, selon l’édition 2016 du rapport du Groupe Luzzatto concernant l’Innovation Technologique en Israël.
Israël possède de sérieux atouts pour être un leader mondial dans le domaine de l’innovation, mais ce qui est encore mieux, c’est que tous ces atouts sont liés. C’est pourquoi, dans ce cas précis, on peut dire que 1+1 = 3 :