Décryptage par Julien Fernandez
20 mars 2018
20 mars 2018
Temps de lecture : 1 minute
1 min
7404

Pourquoi l’écosystème startup devient social ?

Julien, responsable de la communication de Ticket for Change, nous donne son point de vue sur l’évolution de l’écosystème startup vers la recherche de sens et d’utilité sociale.
Temps de lecture : 1 minute
Partager
Ne passez pas à côté de l'économie de demain, recevez tous les jours à 7H30 la newsletter de Maddyness.

De la recherche de profit à la recherche de sens

Le lancement d’une startup revient à plonger dans l’inconnu. On cherche à résoudre un problème, on fait des hypothèses, qu'on valide ou qu'on infirme via un MVP, et dans 90% des cas le produit qui "fit" avec son marché est très différent de notre intuition. Tant mieux, c’est le modèle itératif d’une startup. Ce modèle n’a pas ou peu connu d’évolutions depuis 7-8 ans et la sortie du livre “The Lean Startup” d’Eric Ries, ce qui correspond à une éternité pour cet écosystème.

Néanmoins, s'il y a bien un élément qui est en train de changer dans cette mécanique bien rodée, c’est l’intention.  Le " pourquoi " je fais les choses. On a souvent opposé recherche de gains financiers et recherche d’impact positif. Mais il y a bien une troisième voie qui s’assume enfin, la nouvelle économie à impact, qui concilie profit et sens.

Alors entendons-nous bien, par profit je n’entends pas une exit à 3 ans avec X millions d’euros à la clé, mais plutôt générer une croissance suffisante pour assurer son développement. Cette intention " sociale " est directement liée aux problèmes que les startups à impact vont adresser et des mots comme réinsertion et inclusion y ont plus de place qu’Uberisation.  

Mais d’où vient ce changement d'intention ?

Des entrepreneurs au grand public : un changement systémique

Du côté des entrepreneurs, les raisons de ce changement de paradigme sont nombreuses et se croisent :

  • Prise de conscience collective de l’urgence environnementale
  • Maturité d’un écosystème et de ses rôles-modèles
  • Sursaut d’une génération qui souhaite placer " l’utilité "  au centre des ses actions
  • Sex-appeal en hausse des projets issus de l’économie à impact…

Là où on pourrait croire que cette prise de conscience ne concerne qu’une poignée d’individus, il suffit de regarder le miroir que nous offrent les médias et les pouvoirs publics pour se rendre compte de la portée du changement en cours et à venir.

De grands médias généralistes, qui hier encore mettaient en avant des startups “gadgets”, se positionnent maintenant sur la visibilité de projets à impact positif. Par exemple, Europe 1 prend la parole sur ces sujets à une heure de grande écoute via son émission circuits-courts et donne ainsi une précieuse visibilité à des projets de l’économie positive. De manière générale, les médias non spécialistes ont également ressenti que les polémiques autours des GAFAs, Uber, Airbnb et autres services de livraison de repas cristallisent une tension dans l’opinion publique. On est maintenant plus du côté d’un “Epicery” qui veut sauver les commerçants de proximité qu’un Amazon qui aspire la valeur ajoutée de toute une chaîne de valeur autour de son entreprise.

Du côté des pouvoirs publics, ceux-ci saisissent enfin leur rôle clé dans le dynamisme et la profondeur de ce changement. La création de " French Impact ", inspiré de la " FrenchTech ", est capital pour l’économie à impact positif.

C’est une nouvelle bannière nationale pour fédérer la communauté et valoriser la diversité des acteurs de l’innovation sociale. Cet engagement est également financier, puisque sur les cinq prochaines années, un milliard de fonds publics/privés doivent soutenir des startups innovantes de l’économie à impact.

Nous nous attendons ainsi à voir arriver de plus en plus de pépites à impact positifs, et les entrepreneurs ci-dessous en sont peut-être l'incarnation.

Quelques exemples inspirants d’entrepreneurs du changement

Ticket for change, l’entreprise pour laquelle je travaille, côtoie ces entrepreneurs depuis quelques années, dont les 3 startups suivantes passées par le Parcours Entrepreneurs en 2017.

Youssef de Meet my Mama

Meet my Mama est une entreprise sociale qui détecte et valorise les talents culinaires de femmes issues des migrations ou réfugiées. Au travers de rencontres culinaires et d'un service de traiteur, Meet My Mama leur donne le pouvoir de s’affirmer grâce à leur savoir-faire, et promeut une vision multiculturelle de notre société.

En 1 an d’activité, ils ont accompagné 30 "Mamas" qui vivent de leurs savoir-faire et réalisent plus de 35 prestations par mois.

Julie et François de Yuka

Yukac’est une application qui permet de scanner ses produits alimentaires et d'obtenir une information claire sur leur impact sur votre santé et de vous proposer des alternatives plus saines. L’activité est lancé depuis un an et déjà 1,5 million d’utilisateurs se sont laissés convaincre par l’utilité de cette app.

Félix de Vendredi

Félix s’engage alors qu’il est encore étudiant pour une association de scolarisation d’enfants en Afrique. Frustré de devoir choisir entre son engagement et ses stages de “carrière”, il a l’idée de Vendredi… une entreprise qui propose des stages ou des contrats partagés entre entreprises et associations.

L'activité est lancée en 2015 et, depuis, 30 entreprises et 50 associations sont partenaires, ce qui équivaut à 20 000 heures de stages dédiés à des associations et plus de 160 bénéficiaires.

Chacun de ces trois entrepreneurs s’attaque au problème qui le concerne, qu’il ou elle souhaite résoudre et correspondant à un marché à potentiel.

L’enjeu est maintenant de savoir quelle direction les “quelque-chose-Tech” (Agtech, LegalTech,Edtech,Finetech…) vont choisir. L’impact sur notre futur est tellement énorme qu’il ne faut pas que les entrepreneurs du changement s’en éloignent, mais au contraire s’en investissent pleinement. Affaire à suivre...

Si vous aussi, vous avez l’âme d’un entrepreneur du changement, vous pouvez candidater à la 5ème édition du Parcours Entrepreneur de Ticket for Change.