18 juillet 2018
18 juillet 2018
Temps de lecture : 3 minutes
3 min
5485

"Créer un monde vivable dans l'espace me semble irréaliste pour le moment"

L'auteur LEO, à l'origine de la série des Mondes d'Aldébaran, nous dévoile une vision réaliste de notre monde et nous alerte sur les bouleversements qui verront le jour, selon lui, dans un avenir proche.
Temps de lecture : 3 minutes
Partager
Ne passez pas à côté de l'économie de demain, recevez tous les jours à 7H30 la newsletter de Maddyness.

Maddyness : À quoi pensez-vous que nous, les Hommes, ressemblerons dans le futur ?

LEO : En tant qu’auteur de récits de science-fiction, j’imagine mes personnages du futur en fonction de mes besoins narratifs, qui ne sont pas forcément réalistes. Dans mes histoires, l’humanité d’ici quelques siècles serait à peu près la même qu’aujourd’hui : elle comportera le même mélange de gens médiocres, veules, lâches et des gens de qualité, altruistes, courageux. Et je fais en sorte dans mes récits que ces derniers, même s’ils sont parfois minoritaires, finissent toujours par s’imposer. Dans la réalité, j’espère que, d’ici quelques siècles, l’humanité aura évolué dans le bon sens, mais rien ne le garantit aujourd'hui.

Deux grands postulats quant à l’avenir de l’humanité semblent émerger dans votre oeuvre, le premier la faisant quitter, voire fuir, une Terre épuisée et au-delà de toute rémission ou presque (notamment dans les cycles d’Aldebaran, Centaurus, etc.) et le second la faisant lutter contre les cataclysmes qu’elle a engendrés (notamment dans Mermaid Project)... Pensez-vous notre avenir forcément par une épreuve ?

Si on se base sur ce qu’on voit aujourd’hui, c’est à craindre, effectivement. On avait espéré qu’après les horreurs des deux grandes guerres, l’humanité aurait tiré les leçons et qu’un monde nouveau allait se construire. Et, pendant des décennies, c’est ce qui semblait se produire, avec la fin de la guerre froide, la création de l’Europe, etc. Mais dernièrement, les nationalismes agressifs reprennent, plusieurs gouvernements d’extrême droite apparaissent, une guerre commerciale se profile annonçant une crise économique probable…

Pensez-vous que l’avenir de l'humanité se passera dans l’espace (et dans sa colonisation) ?

Dans un futur lointain, peut-être. Mais à court et moyen terme, je ne crois pas. Les distances à franchir sont trop importantes et nos moyens de locomotion dans l’espace sont encore bien limités et affreusement chers. Quand nous aurons appris à nous déplacer en utilisant les caractéristiques quantiques du cosmos qui nous permettront de dépasser la vitesse de la lumière, alors cette vague de colonisation d’autres planètes, comme je raconte dans mes histoires, pourra devenir une réalité. Mais nous sommes encore trop loin d’y arriver.

La colonisation d’autres planètes semble se profiler concrètement, quelle forme prendra-t-elle, selon vous, à moyen et long termes ?

La Lune et Mars sont des endroits invivables, très hostiles. On pourra y construire des bases scientifiques, des bases d’extraction minière peut-être. Mais créer un monde où des gens pourraient s’installer pour y vivre me semble bien irréaliste pour le moment. Et même si on perfectionne nos vaisseaux spatiaux, passant de la propulsion actuelle (qui se base encore sur la combustion de kérosène et de poudre !) vers un système plus efficace comme la propulsion nucléaire ou autre, les voyages seraient tout de même terriblement longs.

Quel est le plus grand changement que vous attendez dans les prochaines années ?

Je crois que l’épuisement des ressources naturelles et le réchauffement climatique vont obliger l’humanité à changer complètement sa façon de vivre. Nous serons obligés de changer notre modèle économique basé sur l’augmentation constante de la production de biens. Et cela va forcément créer une nouvelle société plus apaisée, plus calme, plus sensée, plus humaine. Je l’espère. Ce que je ne sais pas c’est si ces changements se feront à temps et de façon non explosive. Les atermoiements des gouvernements d’aujourd’hui et la vague de retours en arrière nationalistes et égoïstes font craindre le pire.